LaPatate. Pronfondeur : de 10m à 12m; Difficulté : Niveaux minimum : Plongeur débutant (0-25 plongées - 20 m) × Modification des informations du site de plongée. Une des informations du site de plongée vous semble fausse ? Prof. minimum : m. Prof. maximum : m. Difficulté : Type de plongée : Récif Dérivante Aquarium Une passe De nuit Fermé
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Filtrezfin. À partir de ce macérat, on peut fabriquer un baume. Il faut chauffer doucement le macérat au bain-marie sans dépasser 70 °C puis ajouter 4 g de cire d’abeilles pour 20 g de macérat et laisser fondre tout en remuant. Cette préparation est à verser dans le pot final et il faut remuer jusqu’à l’homogénéisation
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Il s’agit là, pour nous, de reconstituer tout l’impact des modèles médiatiques véhiculés sur les pratiques nutritionnelles contemporaines et leur dérèglement. À ce sujet, les corps sous forme de symptômes offrent un exemple saisissant. 2Malgré les divergences, toutes les enquêtes prenant pour objet l’alimentation aboutissent à un troublant constat certains individus s’imposent des régimes et des médicaments non médicalement justifiés, mais tout de même encouragés par un solide activisme anti-poids propagé par le corps médical ; alors que d’autres négligent un problème médical préoccupant. Il y a donc lieu de s’interroger, tant sur le sens de ces restrictions alimentaires que sur les origines et les conséquences de cette sur et sous-médicalisation des comportements nutritionnels A. Basdevant et P. Benkimoun, 1999. 3Face à cette réalité sociale, le discours épidémiologique et médical, piégé dans une rhétorique moralisatrice et alarmante édifiée sur la notion du risque B. Guy-Grand et M. Gozlan, 1998, véhicule sans arrêt l’idée qu’il faut combattre le surpoids. Mais les définitions épidémiologiques basées sur des probabilités créent des catégories de consommateurs à risques homogénéisés, évacuant toute forme de singularités et niant toute histoire de vie par rapport à la nutrition. Avant donc de chercher à savoir comment changer les habitudes alimentaires, avant de se jeter » sur les régimes hypo ou hyper-caloriques, il convient d’abord de comprendre ce que manger signifie M. Mead et C. E. Guth, 1945, in Inserm, 2000, au même titre qu’il convient d’élucider le sens endogène attribué aux troubles alimentaires du point de vue du sujet. 4Les critères qui nous ont permis d’établir la décomposition analytique du comportement alimentaire renvoient, tout d’abord, aux règles nutritionnelles définies à travers la quantité et la qualité des aliments consommés, leur modalité de préparation, le nombre de repas par jour et les heures des prises alimentaires. Quant au rituel alimentaire deuxième critère de décomposition analytique, il implique le temps consacré au repas, sa structure hors d’œuvre, plat principal, fromage, dessert, café et le contexte situationnel dans lequel il se déroule tables, chaises, couverts, etc.. Règles nutritionnelles et rituel alimentaire se régulent à travers les signaux physiologiques faim métabolique et sensorielle, sensation de satiété et plaisir gustatif. Enfin, les modifications ponctuelles de la pratique alimentaire, quant à elles, marquent les repas conviviaux et/ou le temps des vacances. 5L’ensemble de ces critères trace les contours de la signification de la pratique alimentaire qui pivote autour des aliments conçus comme palliatifs, tabous ou fétiches. Le tout met en exergue le principe de l’incorporation de la nourriture, un principe qui a été cultivé par le christianisme et repris par la psychanalyse freudienne. L’idée de l’incorporation de la nourriture revient à souligner que l’individu s’approprie sur le plan imaginaire les propriétés des aliments qu’il absorbe. Au sein des troubles alimentaires, l’appropriation symbolique des mets perd de sa complexité et de sa variabilité pour devenir dichotomique. Pour la population qui souffre de ces troubles, l’alimentation s’éloigne de toute la gamme des saveurs et seul demeure le contenu moral ou moralisant des aliments évangélisés et des mets sataniques. Je me suis dit “ Ce n’est pas bien ce que tu as fait, tu vas devenir une grosse patate “. Du jour au lendemain, j’ai enlevé tout ce qui est chocolat, gâteaux, j’ai tout jeté, tout. J’avais décidé de me mettre au régime. » Christelle, 26, empl. dans un centre commercial, M.. 6Au sein de cette incorporation symbolique de la nourriture, plusieurs familles de sens se distinguent. La première s’organise autour d’une alimentation saine », qui prône la viande blanche, les légumes et les fruits, s’opposant à une alimentation grasse » fondée sur des aliments riches en lipides, des plats en sauce, de l’alcool et du sucre. Les plats surgelés, les conserves et les mets cuisinés sous forme de portions individuelles, quant à eux, renvoient à une alimentation rapide » qui permet de se nourrir tout en faisant autre chose. En effet, le temps quotidien consacré non seulement à la cuisine [temps qui est en chute libre depuis 1960 Combris P. et Volatier 1998], mais aussi à l’acte de se nourrir, entre en concurrence directe avec d’autres activités. 7En outre, divers paramètres du quotidien comme le travail, les contraintes familiales, le temps consacré aux activités de loisirs et la sociabilité induisent des changements non négligeables dans les modes d’alimentation journalière. Le dîner, par exemple, se voit élevé au rang du principal repas de la journée, donc plus copieux que le déjeuner. Malgré une apparente attention portée à l’équilibre des repas, la variété et le nombre de plats restent limités, essentiellement basé sur des mets congelés ou achetés chez les traiteurs, permettant ainsi de faire des économies de temps et de fatigue. 8À ce sujet précisons que la montée en puissance de ce qui a été convenu d’appeler convenience food » plats à réchauffer, conserves, aliments riches en apports caloriques etc., vient prêter main-forte à la consommation des nouveaux produits à connotation diététique et hygiénique. Cette alimentation moderne » se base d’un côté sur les fameux produits santé et forme » [céréales pour petit-déjeuner, jus de fruits, soupes et potages, eaux minérales, édulcorants de synthèse substituts du sucre], et d’autre côté, sur des produits chimiques compléments alimentaires, coupe-faim, substituts de repas, acides aminés, protéines en poudre, pilules qui captent les graisses, tisanes de multiples origines qui règlent le métabolisme. Ces produits témoignant d’une perte de légitimité des aliments traditionnels, remettent en question l’appareil normatif que ces derniers représentaient. Prothèses chimiques pour restaurer l’estime de soi, ils visent à consolider la volonté individuelle et contribuent de manière croissante au maintien de l’idée que chaque individu se fait du normal ». C’est en ce sens que ces produits participent de l’usage de soi B. Remaury, 2000. 9Dans cette perspective, les modifications ponctuelles de la pratique alimentaire, elles sont interprétées soit en terme d’abus dans ce cas-là une sensation de culpabilité accompagne la prise alimentaire soit comme une preuve de savoir-vivre. Ces modifications ponctuelles laissent entrevoir le contraste entre l’alimentation cérémonielle », ostentatoire, synonyme de moments d’exception, de célébration, de fête, et investie d’une dimension rituelle accrue ; et l’alimentation journalière » qui, par principe, se situe aux antipodes de l’ extra-ordinaire », prônant la simplicité des plats destinés à caler l’estomac, rapidement servis et à des prix modestes. Dans ce contexte, le rituel nutritionnel est perçu tantôt comme l’une des conditions d’un bon » repas, tantôt comme une corvée ». Quoi qu’il en soit, les saveurs culinaires oscillent entre la sophistication élaborée, savoureuse, mais combien coûteuse de la cuisine de grands chefs, les mets paysans, et la macdonalisation » des mœurs C. Fischler, 1996 b. Junk food » une pratique alimentaire juvénile 10Les jeunes s’opposant aux rituels de la table familiale qu’ils considèrent comme une corvée, affirment leur goût pour des aliments élaborés au détriment des produits bruts. Sandwiches, hamburgers, frites, biscuits salés, quiches, pizzas, pâtisseries, confiseries, chocolats, glaces, yaourts, desserts lactés, cafés, boissons sucrées, le tout s’allie à l’apparition de cette nouvelle tendance la junk food ». Le goût de la population juvénile pour la cuisine américaine de restauration rapide, les fast foods et les cantines – qui véhiculent une insensibilité gustative institutionnalisée, basée sur la standardisation des saveurs quotidiennes – contraste avec la cuisine française qui, plaçant au cœur de l’imaginaire culturel la diversité sapide, offre à nos palais des nuances gustatives d’une gamme étendue de variétés alimentaires. Dans ce contexte, adolescents et jeunes étudiants combinent différents modes d’alimentation en entrelaçant des repas socialisés normaux » repas familiaux, des prises alimentaires vagabondes vagabond feeding et des produits chimiques coupe-faim, substitut de repas, etc.. De la lipophobie à la gastrophobie, la pratique alimentaire de cette population prône l’anarchie. 11Mais la junk food » n’est pas seulement le socle de la dissolution des rites alimentaires traditionnels, elle est aussi le siège d’une nouvelle ritualisation. La consommation des mets surnommés baby food » dans leur pays d’origine, permettant une double souplesse souplesse des horaires et souplesse budgétaire en témoigne. Effectivement l’homogénéisation de la marchandise d’une gamme culinaire limitée et produite en masse est en accord tant avec la réduction du temps des repas et la diminution du nombre des repas familiaux, qu’avec les besoins d’un budget réduit. Par ailleurs, ce mode de pratique alimentaire, en estompant la finesse gustative, favorise tant les démesures boulimiques que les jeûnes anorexiques et, surtout, l’oscillation entre les deux – du moins pour la jeune population féminine. Autrement dit, la junk food » en propageant des saveurs fortes et tranchées, imbibées par une pléthore de condiments, d’aromates et d’assaisonnements, devient un moyen de fantasmer plus que de goûter, et c’est en ce sens qu’elle favorise les démesures alimentaires. L’épanouissement du goût implique la diversité des saveurs ; or, ces produits aux sapidités fortes et standardisées ne disposent d’autre avantage que de masquer le mauvais goût de précaires conserves. 12Dans cette perspective, les comportements nutritionnels des jeunes riment avec la cacophonie orchestrée de normes alimentaires antinomiques diffusées par les médias et l’ethos d’une ascèse esthétique, principalement destinée à la gente féminine. Mettre en avant que le mangeur moderne est soumis à un foisonnement de discours contradictoires véhiculant des restrictions draconiennes, revient à souligner le caractère social et pas nécessairement rationnel de ses pratiques alimentaires. À ce propos, précisons que les diètes drastiques, plus qu’une réponse à cette anarchie alimentaire, constituent une pièce centrale de ce puzzle d’anomie en matière de nutrition. Autrement dit, la poussée des restrictions alimentaires à l’extrême favorise justement, du fait de leur caractère outrancier, une codification de la nourriture précaire sans épaisseur durable. Les régimes yo-yo de la population féminine en disent long à ce sujet. Comment expliquer ce flux de régimes qui se succèdent à l’infini malgré les succès temporaires qu’ils remportent ? 13Répondre à cette question revient à souligner qu’entre la qualité et la quantité des aliments, l’art de les associer, les modes d’ingestion, les rythmes des prises alimentaires, ce qui est encore et toujours en jeu est une certaine éthique nutritionnelle. Les codes nutritionnels fonctionnent passagèrement comme une théorie d’intelligibilité de la chair, constat qui explique leur efficacité symbolique. Si chaque nouveau régime se présente comme salvateur dans l’imaginaire individuel, c’est parce que telle est sa place dans l’imaginaire collectif. Cette conviction est fondée sur des bases dites scientifiques, édifiées sur un modèle alimentaire quasi-religieux qui prône des normalisations évangélisées, interchangeables à volonté. Au sein de la médiatisation de ce modèle, des régimes encouragés par le corps médical se présentent comme des réponses thérapeutiques efficaces et anodines. L’analyse de nos données nous incite à soutenir que loin d’être anodine, la médiatisation de cet interventionnisme médical prône un modèle normo-pondéral, qu’il convient de questionner. La place de l’alimentation dans la quête de l’excellence physique 14La pratique alimentaire de la population féminine en quête d’excellence physique oscille entre des régimes hypocaloriques basés sur un savant calcul des calories absorbées et des régimes dissociés fondés sur la consommation de certains aliments conçus comme fétiches que des ananas ou des choux pendant trois jours, etc. Dans les propos de cette population, si des termes tels que forme » ou santé » ne sont pas exclus, la primauté accordée aux objectifs de nature esthétique demeure flagrante. L’accent mis sur les considérations esthétiques se traduit tant à travers les règles alimentaires draconiennes qui abolissent tout souci de santé, qu’à travers l’absence de suivi médicalisé. En effet, ces femmes s’imposent des régimes sans pour autant consulter un médecin. Si les plus jeunes d’entre elles 15-25 ans expliquent leur comportement en se référant à la pression médiatique, les femmes plus âgées entre 25-55 ans mettent l’accent sur la pression du jeu de la séduction, confirmant bel et bien un des modèles d’esthétisme collectif selon lequel la minceur invite à l’érotisme. Ainsi les pratiques de restrictions alimentaires se convertissent en techniques de séduction esthétique. Après j’ai rencontré mon ami, il ne fallait pas que je prenne trop de poids. Il y a 2 ans donc, j’ai commencé à me documenter sur les régimes, à supprimer les lipides, à compter les calories, ainsi de suite… » Carole, 28, étud., C.. 15Indépendamment de l’âge, l’emploi de termes tels que régime hypocalorique », suppression de lipides et glucides », surcharge pondérale », etc. traduit l’appropriation du discours médical promu par le corpus des magazines adressés à ces femmes soucieuses de leur silhouette. 16Les traces de cette médicalisation des comportements alimentaires se retrouvent également dans les propos de la population masculine. Toutefois, si les hommes se montrent des adeptes de plus en plus inconditionnels de la vigilance alimentaire, celle-ci n’est jamais justifiée à partir de raisons esthétiques. Bien se nourrir pour être en forme », manger de façon équilibrée », voilà les expressions que la population masculine emploie pour justifier ses choix nutritionnels, expressions qui renvoient systématiquement au registre de la performance. Faire attention à son alimentation n’est qu’un moyen permettant à l’homme, de rester dans la course ». Comme si l’homme, pour vivre en harmonie avec sa nature, avait besoin de la dompter et non pas de l’embellir, de la perfectionner et non pas de l’orner. Seuls les culturistes prêtent attention aux mensurations – au même titre que les femmes s’attardent sur le fameux triptyque 82 ; 60 ; 82 tour de poitrine ; tour de taille ; tour des hanches – comptés en centimètres. 17Aux antipodes de la dictature alimentaire, dans les récits de la population masculine, rien n’oppose le plaisir gastronomique à une alimentation équilibrée. L’absence de toute mesure drastique constitue un point de référence dans les propos de ces hommes. Ainsi, des termes comme éviter » et faire attention » viennent prendre la place des termes supprimer » et se priver ». Soulignons que si la population féminine s’impose des restrictions alimentaires de manière cyclique – mais avec, tout de même, une périodicité soutenue – la population masculine présente les changements de son comportement alimentaire comme un changement de sa manière de vivre. J’ai voulu maigrir en changeant mes habitudes. Petit à petit j’ai pu adopter une nouvelle façon de manger, de cuisiner, de m’entraîner. Au début c’était difficile, je faisais beaucoup d’écarts mais finalement je m’y suis fait. C’est une nouvelle hygiène de vie, une nouvelle façon de vivre. » Christophe, 45, commercial, M., 2. 18La pratique d’une activité sportive est souvent mise en avant par la population masculine comme un moyen lui permettant de garantir son équilibre pondéral. Si je n’avais pas eu le sport, j’aurais été gros, c’est un combat, c’est un équilibre très difficile à garder, quelque part c’est un conflit. Selon les périodes de l’année, je perds ou je prends du poids, le sport m’aide à me réguler, à garder la forme. » Laurent, 31, commercial et rugbyman, M.. 19Cet élément démontre que la pratique alimentaire forme un système d’action qui se constitue progressivement par interaction avec d’autres systèmes d’activités physiques et, plus particulièrement, d’activités sportives. La corrélation en question prend deux formes d’un côté, la dépense énergétique à travers l’activité sportive se présente comme une riposte à tout plaisir culinaire ; de l’autre coté, le sport constitue un moyen susceptible d’apporter à la restriction alimentaire cette précision qui manque à tout régime qui creuse certaines parties du corps en en laissant d’autres intactes. 65 En moyenne un culturiste absorbe entre 4 000 à 4 500 calories par jour, là où le régime d’un homme ... 20L’imbrication des pratiques corporelles se confirme pertinemment à travers les stratégies d’action des adeptes du culturisme. Le comportement alimentaire de ces derniers se différencie considérablement de celui de l’ensemble de la population masculine interviewée. En effet, la quasi-totalité des culturistes pratique un régime hyperénergétique, ce qui renvoie à une consommation calorique journalière deux fois plus importante que celle d’un adulte moyen65. À partir d’un argumentaire esthétique, les culturistes justifient leurs choix alimentaires en se référant aux modalités de leur pratique sportive, modalités esthétisantes par excellence. La qualité musculaire n’est nullement possible sans cette importance accordée à la nutrition. À l’image de leur pratique sportive, à travers leur pratique alimentaire, ces figures emblématiques de surhommes » cherchent en quelque sorte à se durcir, à substituer à leurs contours humains des contours plus rigides. Recouverte d’une enveloppe plus solide, c’est toute la façade de leur vie qui se trouve solidifiée. 21La suralimentation des culturistes est fondée sur des aliments à forte valeur nutritive laits, œufs, viandes rouges, fromages, féculents dont les propriétés imaginaires correspondent aux nourritures socialement désignées comme bourratives, évoquant des images liées à l’idée de masse, de lourdeur, de consistance, de pesanteur et de compacité C. Grignon et C. Grignon, 1981. Mais le fantasme d’hyper-volume de cette partie de la population ne se traduit pas uniquement par le suivi de régimes grossissants. Les culturistes consomment de manière systématique des compléments alimentaires visant à favoriser le développement rapide de leur masse musculaire, à surmonter leur fatigue et à améliorer leur puissance. En parallèle et en fonction de leurs objectifs, ils sont souvent amenés, en particulier avant les périodes de compétition, à suivre des régimes très stricts. De nouveau, les pratiques sportives fonctionnent comme justificatifs des choix alimentaires. J’avais une progression constante, c’est-à-dire que j’ai grossi, j’ai grossi, j’ai grossi, et après je me suis dit “Maintenant tu vas voir ce que tu as vraiment gagné en masse musculaire sèche “. C’était juste avant le concours et là je me suis mis au régime pour sécher. Mon objectif était d’avoir des muscles apparents, formés mais pas du tout volumineux. » Jean-Pierre, 33, éd. sportif, C.. Nutrition et troisième » âge 22Chez les pratiquants plus âgés, nous observons une vigilance alimentaire moins soutenue et essentiellement justifiée pour des raisons de santé et des problèmes de santé publique qui se sont multipliés au cours des dernières années crise de la vache folle, salmonellose, listériose, dioxine. 23Les produits bruts traditionnels pommes de terre, légumes, riz et pain complets au même titre que le sucre brut et le miel, les viandes blanches notamment la volaille et les poissons s’ajoutent aux produits bio » sans engrais chimiques ni pesticides, aux plats faits maison ainsi qu’aux mets du terroir. La pratique alimentaire signale le moment de la retraite les individus moins bousculés par les contraintes professionnelles et familiales prennent le temps de faire leurs courses, de préparer et de déguster trois repas par jour. Dans ce contexte, la nourriture semble investie d’une dimension fonctionnelle. Il s’agit de maintenir le bon état physiologique de l’organisme par un retour au naturel. Ainsi, les aliments, nantis des vertus thérapeutiques, acquièrent une fonction anti-maladie, et la nourriture s’élève au rang des soins. Le retour au naturel avec sa charge complexe de pureté, au même titre que les produits traditionnels et le principe de la modération, constituent de nouvelles légendes qui prennent le relais des prescriptions alimentaires d’autrefois. De ce fait, elles fonctionnent à la façon de normes actuelles venant se substituer à d’autres qui sont en perte de vitesse, démontrant ainsi que l’alimentation normalisée » évolue au fil du temps. Dans tous les cas, pour cette population, l’alimentation plus qu’un mode de manger se fait valoir comme un mode de vie vivre au naturel. 24Mises à part les préoccupations hygiéniques, la pratique alimentaire de la population vieillissante se démarque aussi par un autre trait la question des liens entre goût et convivialité. Si préparer un repas, et faire partager les saveurs culinaires revient à renforcer des liens familiaux, c’est parce qu’avec l’entrée dans le troisième âge, les autres modes de sociabilité entrent en crise. Ainsi, l’alimentation de la population âgée oscille entre deux pôles les repas fonctionnels et les bons » repas – ceux qui visent à promouvoir les échanges avec les proches. Corps sous forme de symptômes 25Les troubles de la conduite alimentaire, et en particulier les crises boulimiques, marquent une pathologie alimentaire qui se conjugue principalement au féminin. Avant de décrire ces crises d’un point de vue endogène, précisons qu’elles se structurent dans un présent certes court, mais suffisamment long pour que l’on puisse discerner quelques étapes de ce processus, à savoir l’envie irrésistible d’une débauche alimentaire, le conflit désespéré de l’individu cherchant à y échapper, la mise à disposition de la proie ex. l’achat frénétique des mets, et enfin le passage à l’acte. Ce dernier implique une prise alimentaire qui varie entre 3 000 et 10 000 calories. En dehors de la somme de calories dévorées, d’autres caractéristiques marquent chaque crise boulimique la prise de repas en solitaire, l’absence de couverts ainsi que l’étalement de la nourriture devant le champ de vision du sujet. 26Absorber au lieu de déguster, engloutir » et se gaver » sans mastiquer, manger avec les mains, porter à sa bouche des quantités démesurées, se salir ou tâcher ses habits, arracher la nourriture avec ses dents ; le sujet boulimique, se déliant du code alimentaire, se délie du code social du partage et ce faisant, il rétrograde en deçà de la sociabilité élémentaire jusqu’à la bestialité. Mais avant de se précipiter pour jeter l’anathème sur tous ces détails, il nous paraît judicieux de nous interroger sur le sens de ces comportements qui deviennent objet de scandale, choquant tout individu non-initié ». Si le sujet boulimique a besoin de manger avec ses mains la proie qui s’étale devant ses yeux, c’est parce qu’il cherche à rompre avec la distanciation qu’induisent les couverts et la portion normalisée dans une assiette. En ayant accès direct à la nourriture, il fait barrage à tout ce qui retarde et discipline sa prise alimentaire, tout ce qui risque d’induire des moments de conscience empêchant le déroulement de l’acte. Je suis devant la télé en train de manger je ne sais plus quoi … En un quart d’heure je peux avoir tout englouti. Si je me mets à mâcher je n’y arrive pas, parce que si je me pose des questions, je n’arrive plus à manger. » Georgie, 60, institutrice retraitée, D.,1. 27La durée des crises varie en fonction de la quantité d’aliments. Ainsi, les boulimiques déclarent ne pas pouvoir s’arrêter de manger tant que les gourmandises s’étalent devant eux. En se vautrant dans un excès perçu comme autodestructeur, les sujets boulimiques vivent leurs crises comme des moments entachés de honte, d’humiliation et d’indignité. En accord avec leur caractère asocial, ces crises se déroulent en solitaire et restent dans le silence. Je ne fais ces crises que quand je suis toute seule … S’il son mari me voyait en train de faire ça… je n’ose pas imaginer sa réaction … C’est trop personnel, c’est honteux. » Christelle, 26, empl. dans un centre commercial, M.. 28On reproche » au sujet boulimique de donner libre cours à ses compulsions faciles, abusives et inconvenantes, presque assimilables à celles des paradis artificiels, sans éprouver aucune sensation de plaisir, de satiété ou de faim. Mais ce que l’on oublie, c’est que toutes ces sensations ont été auparavant déconstruites dans les régimes consécutifs, et que si l’individu a besoin d’en arriver à de tels extrêmes, c’est pour abolir tout critère normatif issu de son éducation diététique, tout cadrage comportemental ritualisé. Entreprendre le régime de tel ou tel magazine, c’est se forcer d’ignorer les signaux physiologiques, afin de pouvoir respecter les restrictions alimentaires. Lorsque le sujet est constamment au régime, son organisme devient sourd » aux sensations de plaisir, de satiété ou de faim. Dans cette perspective, un rapport étroit se dessine entre le fait de s’infliger en permanence des restrictions au niveau nutritionnel et le trouble alimentaire. 29Par conséquent, lors de la crise boulimique, au moment où l’individu se remplit », son acte ne se conjugue pas au présent mais au passé et au futur proche de privation. Autrement dit, s’il accomplit un abus alimentaire c’est parce qu’il s’est privé dans le passé, et vu son incapacité à se contrôler, il sera obligé de se priver de nouveau dans l’avenir. Cette bipolarité temporelle se traduit avec vigueur dans l’ avant » et l’ après » régime, et finit par induire un schéma comportemental dichotomique qui promeut l’alternance de périodes de privations et de périodes d’excès comme mode d’alimentation quotidienne. L’alternance en question ne fait qu’empirer l’état de restriction cognitive G. Apfeldorfer, 1995 dans lequel vivent ces sujets. Je surveillais toujours mon alimentation, et psychologiquement, il suffit d’être restreint, de se dire “ je fais un régime “, pour avoir toujours faim. Maintenant que tout est terminé concours de culturisme je n’ai plus ces crises et les quantités sont nettement réduites. » Jean-Pierre, 33, éd. sportif, C.. 30Mais que signifie cette idée de restriction cognitive ? Le fait d’avoir mangé deux steaks hachés et non pas un, d’avoir commandé une salade de pommes de terre avec de la mayonnaise et non pas une salade de haricots verts avec une sauce à l’huile d’olive, etc. fait franchir au sujet un seuil cognitif au-delà duquel le champ est libre pour ses pulsions. Une fois ce seuil dépassé, le sujet est pris de frénésie et ne peut plus se retenir. Ce qui est donc en jeu dans de ces moments où le seuil est franchi, ce n’est pas seulement la portion normalisée de la nourriture, mais aussi, et surtout, le principe de l’incorporation des aliments. Dans la mesure où le sujet boulimique a ingurgité une portion réglementée » ou non d’un aliment tabou, il n’arrive plus à se restreindre. Dans cette perspective, manger un carré de chocolat, par exemple, suffit pour justifier » une prise alimentaire de 3 000 calories. Il va sans dire que les régimes ne font qu’aggraver cet état de restriction cognitive, en rendant encore plus problématique le rapport de l’individu aux aliments proscrits. 31Tentons de déchiffrer la façon dont se structure ce rapport, le sens qui lui est accordé du point de vue du sujet boulimique. L’alimentation s’élève au rang d’un remède anesthésique en répliquant à tout ce qui peut être vécu comme tension, tant au niveau professionnel qu’au niveau familial ou sentimental. La spécificité de ce qui est éprouvé importe peu, seule l’intensité semble avoir de l’importance. En effet, les sujets interviewés avouent replonger » indifféremment lorsqu’ils sont affligés, s’ennuient ou sont joyeux. Incapables d’assumer leurs états émotionnels, de gérer leur angoisse, ils répondent alors par l’accomplissement d’un acte violent, un acte-symptôme. Dans ce sens, la débauche alimentaire facilite l’adaptation de l’individu aux interactions qui structurent son quotidien. Boulimiser » est donc un moyen d’échanger la pression sociale contre une pression énergétique, dévorée et dévorante. Je n’arrive pas à craquer comme les autres, à m’énerver, à envoyer les autres balader. Je me réveille la nuit, j’ouvre le frigo et les placards et j’avale n’importe quoi … On est quoi ? Jeudi non ? La nuit de mardi à mercredi, j’avais pas mal de trucs de Pâques… j’ai dû avaler 2 kg de chocolat en 1 heure ! » Marie-Julie, 26, étud., Cél.. 32Pour ces corps qui ont perdu toute sensation de faim ou de plaisir, la nourriture devient la monnaie d’échange par excellence G. Apfeldorfer, 1991. Si le passage à l’acte aide le sujet boulimique à oublier les scènes quotidiennes pesantes, c’est aussi parce que les crises boulimiques provoquent des douleurs physiques insupportables. Cet effet incite le sujet à faire à chaque fois une crise complète. Loin de toute quête de plaisir gustatif, le sujet boulimique ne cherche pas à détruire un objet en l’occurrence l’aliment en assimilant ses qualités processus caractéristique du stade oral mais plutôt à s’auto-détruire. J’en arrivais à me gaver, me gaver de gâteaux, de tout ce que je trouvais, j’avais mal, mal au ventre… Dans ces moments je m’oublie, je ne pense à rien. » Christelle, 26, empl. dans un centre commercial, M.. 33Jusqu’à présent, les études portant sur le domaine de l’alimentation ont souligné l’influence du temps social sur le rapport à la nourriture. Or, les aliments possèdent aussi le pouvoir de structurer socialement le temps. Le pouvoir de l’alcool est à ce titre représentatif. Mais au-delà de chaque aliment pris séparément, c’est la crise boulimique, conçue comme processus, qui met en exergue ce pouvoir. En effet, la crise boulimique permet au sujet de vivre le moment de la débauche sans aucun souci de mise en perspective. Vécue en référence à la rupture qu’elle introduit dans la quotidienneté, la crise devient le socle d’une économie psychique qui vise le court terme, symbole d’une fuite éperdue. Dans ce sens, une bonne crise », au même titre qu’une bonne cuite », est une crise où le sujet devient simple témoin de l’acte, observateur passif, une tierce personne muette qui assiste à l’orgie. 34Si la crise boulimique s’élève au rang des techniques de restauration psychique immédiate, le prix à payer est lourd à long terme. L’emprise d’une consolation aussi facile » d’accès et aussi éphémère que la consolation culinaire, pousse le sujet à un rabâchage sans au-delà. Considérer la nourriture comme une sortie de secours immédiate revient à induire un rapport de dépendance qui aggrave les phénomènes de répétition compulsionnelle. Cette toxicomanie sans drogue » M. Douglas, 1981 17 induit un rapport régressif avec soi, amarré sur la répugnance, l’écœurement, la souffrance narcissique et la mésestime. Les boulimiques conçoivent leur comportement alimentaire comme un cercle vicieux dont chaque crise les enfonce dans la bourbe de la dépendance et de l’autopunition. Il n’y a rien à faire, je suis allée voir des diététiciennes, des psychiatres, des nutritionnistes, je n’arrive pas à voir le bout du tunnel … Ça me ronge tellement, je suis complètement imprégnée, ça fait 30 ans que je suis plongée là-dedans et je n’arrive pas à passer outre, à me dire “Bon finalement il y a une solution à tout “. Je n’arrive pas à m’en sortir. » Georgie, 60, institutrice retraitée, D., 1. 35Sans appui face à l’impasse, les boulimiques cherchent à mettre en place des stratégies d’ajustement qui entraînent une réaction annulative des débauches alimentaires. En fonction de la technique employée qui vise à estomper tant les conséquences pondérales que la dimension pathologique de l’acte charge symbolique, nous pourrions diviser les boulimiques en deux catégories les boulimiques qui se privent » et les boulimiques vomisseurs ». La catégorisation en question et, par-là, le classement des moyens utilisés tracent les étapes de la carrière » boulimique en allant des débutants » aux confirmés ». Plutôt qu’une différence de nature, il s’agit là d’une différence d’intensité. Aux dernières étapes de leur carrière », les boulimiques arrivent difficilement à développer d’autres modes d’alimentation. Au contraire lors de leur initiation, ils combinent repas socialisés normalisés, symptômes hyperphagiques, grignotages, et tout cela selon des périodicités variables. Boulimiques » et privations 36Ces sujets, ne parvenant pas à se faire vomir, ont recours à d’autres stratégies d’ajustement qui sont considérées comme plus coûteuses et qui permettent difficilement de conserver un poids normal ». Le jeûne, les laxatifs, les activités sportives à outrance, constituent certains des antidotes employés dont les vertus de panacée purificatrice visent à annuler la faute précédente. Quoi qu’il en soit, toute prise de poids doit être aussitôt dédommagée par une perte équivalente, une perte à laquelle le principe de la punition n’est pas étranger. Je ne m’alimente pas pendant 48-72 heures, je ne bois que de l’eau ou du café, juste des thés et des tisanes, c’est tout, pour me remplir l’estomac … et je vais à la gym. Deux jours après je suis crevée, mais je suis bien. » Marie-Julie, 26, étud., Cél.. 37Toutefois ces techniques favorisent à leur tour des prises alimentaires démesurées. Lors de ce va-et-vient, l’individu oscille entre le respect d’une norme draconienne qui lui inflige une passivité tyrannique, et son désir effréné de prouver qu’il est encore libre de décider de son image et de ce qu’il mange, autrement dit, de sa vie. Ainsi, paradoxalement la crise boulimique est vécue à la fois comme une perte et une reprise de contrôle, comme une aspiration permettant à l’individu de montrer sa valeur sur un plan autre que celui que dessine l’horizon étroit de l’esthétisme. Dans ce système de fonctionnement qui tourne en circuit fermé, toute perte pondérale est rapidement effacée par une reprise, et vice-versa. Boulimiques vomisseurs » 38Se faire vomir constitue une stratégie d’ajustement plus efficace, permettant au sujet de multiplier les phénomènes de répétition compulsionnelle. Sous condition de se vider », les boulimiques peuvent se permettre plusieurs crises par jour. Certains vont jusqu’à dix boulimies par jour et plus, la plupart s’en tient à une ou deux » G. Apfeldorfer, 1991 120. 39Les techniques courantes permettant aux boulimiques de se faire vomir, consistent en l’usage de manches de cuillers, la consommation de vomitifs vendus en pharmacie, l’absorption d’eau salée, l’enfoncement des doigts dans la gorge ou bien la simple constriction de l’estomac. Ainsi décrite, l’échelle des moyens utilisés esquisse les différentes étapes de la carrière boulimique. La signification des vomissements se modifie radicalement avec le temps et en fonction des techniques employées. Pouvoir se faire vomir avec une simple contraction de l’estomac, par exemple, facilite la vie du sujet boulimique qui se voit juste forcé de faire à chaque fois une boulimie complète G. Apfeldorfer, 1991. Impeccable tu bouffes, tu es sûre de vomir, tu peux te gaver sans te priver … J’allais vomir et après je me sentais mieux parce que je savais que je n’allais pas grossir puisque tout était ressorti. Mais c’est qu’après… après ça devient un engrenage. » Christelle, 26, empl. dans un centre commercial, M.. 40Plus la stratégie d’ajustement est adaptée à la débauche alimentaire, autrement dit plus la réaction annulative qu’elle entraîne est complète et immédiate tant au niveau physiologique que symbolique, plus le rapport de dépendance acquiert des dimensions menaçantes. Si l’ensemble de nos interviewés énumère les dangers qu’impliquent les vomissements au niveau de sa santé, ces dangers ne semblent pas dessiner le véritable risque pour le sujet Le ventre c’est ma hantise, parce que c’est ce qui arrive à force de se faire vomir ça troue le ventre au bout d’un moment, et là ça devient très, très dangereux. Mais ça ne m’empêche pas de continuer. » Georgie, 60, institutrice retraitée, D., 1. 41Évacuer n’est donc pas seulement une manière de se soustraire au danger des kilos superflus, c’est aussi rejeter ce dont on refuse l’incorporation, une façon de se défaire de la pathologie de l’acte dans ce sens, le vomissement devient une opération nécessaire à la liquidation symbolique. 42Indépendamment des différentes techniques d’ajustement, un dénominateur commun demeure les stratégies mises en œuvre par les individus leur permettent de sauver la face et, ce faisant, de mener une double vie. En effet, vomissements, jeûnes, laxatifs, sports à outrance constituent des stratégies susceptibles d’estomper tout signe physique qui pourrait trahir un dérèglement du comportement nutritionnel. Dans la mesure où les excès alimentaires ne provoquent pas un surplus adipeux, le problème de la visibilité du stigmate est résolu. La mise en place de ces stratégies démontre que si les personnes boulimiques sont incitées à manier leur catégorie stigmatique, ce n’est que pour s’adapter aux attentes normatives du regard d’autrui. 43Une fois le problème de la visibilité résolu, le sujet boulimique se trouve dans l’obligation de camoufler tout signe comportemental qui pourrait laisser autrui deviner son trouble alimentaire. En ce sens, les repas conviviaux constituent une corvée accablante pour lui. Devant la présence d’une tierce personne, les personnes boulimiques éprouvent deux fois plus le besoin de surveiller leur alimentation. Cette tendance à se sentir en représentation » induit une nouvelle source de tension pour le sujet. Face à la pression éprouvée, sa voie de sortie » consiste à faire passer les signes d’une déficience stigmatisée pour ceux d’un autre attribut dont le caractère stigmatique est moins grave E. Goffman, 1985. Ainsi, le sujet boulimique plutôt que d’entreprendre le risque de perdre tout contrôle en se mettant à manger frénétiquement, met en avant un problème de santé qui l’empêche de manger traitements médicamenteux, maux d’estomac, etc. La récurrence de crises boulimiques après des repas conviviaux est significative de la pression sociale qu’impliquent ces moments pour les sujets souffrant de troubles alimentaires. J’étais rentrée d’un restaurant, ça m’avait sûrement frustrée, c’était avec des amis du boulot ; en plus en rentrant j’étais toute seule ; j’ai tout bouffé, tout ! Après je me suis dit “Tu es folle, ce n’est pas possible ! “ » Christelle, 26, empl. dans un centre commercial, M.. 44Pris en otage dans l’enfer de ses abus alimentaires et incapable de s’en sortir à travers ses consultations chez les spécialistes, l’individu arrive souvent à concevoir l’anorexie comme la guérison » de sa boulimie. La succession de ces comportements alimentaires nous incite à avancer le concept du syndrome boulimico-plonge\plɔ̃ʒ\. Première personne du singulier de l’indicatif présent du verbe plonger.. Je me plonge dans Parsifal, Lohengrin et quelques nanans schumannesques pour me désenfieller l’oreille. — (Myriam Chimènes, Mécènes et musiciens, 2004, page 287) # Troisième personne du singulier de l’indicatif présent du verbe plonger. Il se plonge
Éliminer la pauvreté pourquoi est-ce important ? Plus de 700 millions de personnes vivent encore dans l’extrême pauvreté et peinent à satisfaire leurs besoins les plus élémentaires, tels que la santé, l’éducation et l’accès à l’eau et à l’assainissement. Les causes de la pauvreté sont variées chômage, exclusion sociale, absence de protection sociale, grande vulnérabilité aux catastrophes et aux maladies… L'extrême pauvreté est aujourd'hui concentrée et touche massivement les populations rurales. Elle est exacerbée par les conflits violents et les changements climatiques. Le déclin de l'extrême pauvreté se poursuit, mais le rythme s'est ralenti et le monde n'est pas sur la bonne voie pour atteindre l'objectif de mettre fin à la pauvreté d'ici 2030. La crise liée à la COVID-19 n’épargne aucun secteur et aucun des 17 objectifs de développement durable-ODD élaborés par les Nations Unis, à commencer par le premier d’entre eux Éliminer la pauvreté sous toutes ses formes et partout dans le monde ». Environ 71 millions de personnes supplémentaires risquent de basculer dans l’extrême pauvreté en 2020. Si toutes les populations vulnérables paient un lourd tribut à cette crise, celle-ci se fait particulièrement ressentir chez les enfants. Quelques chiffres En 2015, 783 millions de personnes vivent en-dessous du seuil de pauvreté international fixé à 1,90 dollar par jour, Un enfant sur six vit dans l’extrême pauvreté, Selon la Banque Mondiale, entre 88 et 115 millions de personnes basculeront dans l’extrême pauvreté en 2020 suite à la crise sanitaire, annulant près de trois ans d'efforts en matière de réduction de la pauvreté. Les taux de pauvreté élevés se trouvent souvent dans les petits pays fragiles et touchés par un conflit. L’Asie du Sud et l’Afrique subsaharienne devraient connaître les plus fortes progressions de l’extrême pauvreté, avec respectivement 32 et 26 millions de personnes supplémentaires vivant en dessous du seuil international de pauvreté. Les enjeux d’ici 2030 Afin de réaliser le premier des ODD, plusieurs cibles ont été fixées pour 2030 éliminer complètement l’extrême pauvreté dans le monde entier, réduire de moitié au moins la proportion d’hommes, de femmes et d’enfants de tous âges souffrant d’une forme ou l’autre de pauvreté, telle que définie par chaque pays, mettre en place des systèmes et mesures de protection sociale pour tous, faire en sorte que tous les hommes et les femmes aient les mêmes droits aux ressources économiques et qu’ils aient accès aux services de base, renforcer la résilience des personnes en situation vulnérable et réduire leur exposition aux phénomènes climatiques extrêmes etc. Le Rapport 2019 sur les progrès des ODD constatait déjà que le rythme n’était pas assez rapide pour atteindre ces cibles d’ici à 2030, notamment en raison des inégalités croissantes et des changements climatiques. Les projections antérieures à la COVID-19 prévoyaient un taux de 6 % en 2030, loin de l’objectif initial. En supposant que la pandémie reste aux niveaux actuels et que l'activité reprenne quasi normalement en 2021, le taux de pauvreté devrait atteindre 8,8 % en 2030. Le parrainage d’enfant, un levier pour éliminer la pauvreté Grâce aux différents programmes de parrainages, Un Enfant par la Main répond à plusieurs ODD éducation, santé, égalité des sexes… mais aussi tend à mettre en pratique l’article “ Mettre un terme à la maltraitance, à l’exploitation et à la traite, et à toutes les formes de violence et de torture dont sont victimes les enfants”. Pour Un Enfant par la Main, l'objectif est de faire valoir le droit aux enfants et à leurs familles, de vivre décemment. Le manque de ressources des familles entrave les progrès. J’ai 6 enfants et une femme. Je constate que depuis deux ans, la situation alimentaire et nutritionnelle s’aggrave dans toute ma commune. Nous n’avons pas de récolte, même la production de nos mangues diminue. Je n'ai pas les moyens pour acheter des produits de qualité, et se nourrir reste difficile. Je fais en sorte de sauver ma famille de la faim mais pas de la malnutrition. Mesac, agriculteur en Haïti Les objectifs de développement durable en action En 2020, la pandémie a plongé des milliers de familles dans la pauvreté. Grâce aux parrainages, l'Association et ses partenaires ont pu satisfaire rapidement aux besoins les plus essentiels et assurer la distribution de vivres alimentaires sous forme de dons de produits tels que du riz, de l’huile, du sel, du savon, etc. Ou encore grâce à une aide financière pour permettre aux familles d’accéder aux produits de première nécessité. Pour combattre l’extrême pauvreté au-delà de la COVID-19, Un Enfant par la Main mène également des projets de plus long terme pour soutenir et accompagner les familles dans leur combat de lutte contre la pauvreté comme le soutien de l’activité économique grâce à des groupes d’épargne. A Madagascar, durant la période de soudure alimentaire qui s’étend en général de janvier à mai, de nombreux enfants ne mangent en général qu’une fois par jour le soir et sont contraints de quitter l’école pour trouver un travail journalier et aider financièrement leur famille. Certains d’entre eux se rendent malgré tout à l’école le ventre vide, mais ils ne sont pas en capacité de recevoir les enseignements qui y sont dispensés. Cette période de l’année est donc bien souvent synonyme de diminution du taux de fréquentation des écoles. Afin de lutter contre ce phénomène, en 2019 Un Enfant par la Main et son partenaire local ont mis en place un soutien ponctuel aux cantines scolaires des 9 écoles du Programme de parrainage VAHATRA, et plus de 13 000 repas ont été distribués aux élèves. Devant le succès de ce projet, nous avons souhaité poursuivre ces actions en intégrant le renforcement aux petits exploitants agricoles. L’objectif qui sera expérimenté en 2021 est de faire évoluer la gestion des cantines scolaires en impliquant davantage les petits exploitants agricoles situés dans la zone. Une telle synergie entre l’alimentation scolaire et la production locale permettrait un cercle vertueux des activités génératrices de revenus se développent, contribuant à diversifier les sources de revenus des familles et permettant de mieux nourrir les enfants à l’école pendant la période critique de la soudure. L’instauration de ce circuit court permettrait ainsi de maintenir les impacts de la cantine scolaire déjà constatés auprès des enfants durant la dernière période de soudure diminution de l’absentéisme scolaire, augmentation de leur concentration à l’école, renforcement de l’état nutritionnel des enfants, tout en renforçant en parallèle la résilience économique des familles à travers la création de débouchés pour les producteurs locaux et le renforcement de leurs capacités. Au Kenya, Un Enfant par la Main dote les communautés des comtés de Turkana et de Samburu de compétences et d’outils nécessaires pour la culture de la patate douce à chair orange, réputée pour sa qualité nutritive, afin que les enfants et les familles puissent être en mesure de subvenir à leurs propres besoins. Plus précisément, nous apportons notre soutien à la mise en place de 10 jardins potagers irrigués pour la culture de patate douce au sein de 10 centres de développement de la petite enfance. La patate douce sera directement intégrée dans l’alimentation des enfants, mais surtout, favorisera l’autosuffisance en introduisant des pratiques innovantes qui procurent de multiples avantages aux communautés. Celles-ci pourront développer et construire un mode de vie durable en se reliant aux marchés locaux pour vendre le surplus de récolte, en s’intégrant dans les chaînes d’approvisionnement, afin de pouvoir se procurer elles-mêmes des denrées alimentaires et des intrants agricoles. Le projet contribue ainsi à éviter que la crise sanitaire actuelle ne soit doublée d’une crise économique et alimentaire dans ces comtés, et cela, dans un cercle vicieux qui laisserait derrière lui des personnes encore plus affaiblies et vulnérables face aux virus. En Inde, fin 2019, Un Enfant par la Main a lancé une grande collecte de cadeaux solidaires pour offrir des machines à coudre à des jeunes, principalement des filles. Dans l’Etat de l’Uttar Pradesh, beaucoup de familles pauvres luttent pour subvenir à leurs besoins, en raison de l’absence de terres productives. Le simple travail agricole n’est pas suffisant pour assurer la survie des familles démunies, en raison de terres peu fertiles et non irriguées. Souvent, un seul membre le père contribue aux besoins de toute une famille, grâce à des petits emplois non qualifiés en ville, très loin du domicile. Par ailleurs, les jeunes filles ne sont pas encouragées à poursuivre leurs études après le primaire, en raison des pratiques traditionnelles et du danger que peut représenter pour elles le chemin de l’école. Un Enfant par la Main et son partenaire ChildFund Inde agit pour offrir à ces jeunes filles des formations professionnelles en couture et les doter de machines à coudre. Avec ce soutien, ces jeunes filles peuvent concevoir des vêtements et développer des activités génératrices de revenus, aidées par les groupes d’entraide villageois et les micro-prêts. Objectif de développement durable numéro 1 Eliminer la pauvreté sous toutes ses formes.
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