DavidColon est professeur Ă  Sciences Po Paris, oĂč il enseigne notamment l’histoire de la propagande et des techniques de communication persuasive. Cet historien est Ă©galement chercheur au Centre d’histoire de Sciences Po (CHSP). En 2019, il reçoit le prix Akropolis et en 2020, le prix Jacques Ellul, pour son ouvrage Propagande.

Pour respecter les objectifs de rĂ©duction des gaz Ă  effet de serre, la rĂ©glementation F-Gas dĂ©finit des conditions particuliĂšres pour les opĂ©rateurs manipulant des fluides frigorigĂšnes mise en service, entretien, rĂ©paration, charge, test d’étanchĂ©ité . Les opĂ©rateurs sont les entreprises et organismes procĂ©dant, Ă  titre professionnel, Ă  tout ou partie des opĂ©rations suivantes sur des Ă©quipements contenant des fluides frigorigĂšnes La mise en service ; L’entretien et la rĂ©paration, dĂšs lors que ces opĂ©rations nĂ©cessitent une intervention sur le circuit contenant des fluides frigorigĂšnes ; Le contrĂŽle de l’étanchĂ©itĂ© ; Le dĂ©mantĂšlement ; La rĂ©cupĂ©ration et la charge des fluides frigorigĂšnes ; Toute autre opĂ©ration rĂ©alisĂ©e nĂ©cessitant la manipulation de fluides frigorigĂšnes Ainsi, pour pouvoir se procurer des fluides frigorigĂšnes auprĂšs d’un distributeur et manipuler des fluides frigorigĂšnes dans des Ă©quipements l’entreprise doit dĂ©tenir une attestation de capacitĂ© adaptĂ©e Ă  la catĂ©gorie d’activitĂ© I, II, II, IV, V, Vvhu. Cette attestation certifie que l’entreprise emploie du personnel compĂ©tent, utilise du matĂ©riel appropriĂ© pour manipuler les fluides frigorigĂšnes en limitant le risque de fuites dans l’atmosphĂšre et dispose d’un systĂšme de traçabilitĂ© pour suivre les mouvements de fluides frigorigĂšnes suivi des stocks et obligation de complĂ©ter des fiches d’intervention. Elle est dĂ©livrĂ©e par un organisme agréé tel que DEKRA Certification uniquement pour la catĂ©gorie V, Vvhu, pour une durĂ©e de 5 ans. Pour possĂ©der une attestation de capacitĂ©, l’entreprise doit s’assurer que leur personnel qui manipule des fluides frigorigĂšnes, sont Ă  titre personnel, dĂ©tenteurs d’une attestation d’aptitude ou d’un diplĂŽme, titre professionnel, certificat de qualification professionnel cf. avis du 09 aoĂ»t 2008 et avis du 09 dĂ©cembre 2016
. L’attestation d’aptitude prĂ©cise les catĂ©gories d’activitĂ© I,II,III,IV,V,Vvhu pour laquelle la personne peut intervenir. Cette attestation d’aptitude implique donc que le personnel manipulant des fluides frigorigĂšnes possĂšde la connaissance nĂ©cessaire des rĂ©glementations et normes applicables ainsi que les compĂ©tences en matiĂšre de prĂ©vention des Ă©missions de fluides frigorigĂšnes. L’attestation d’aptitude est dĂ©livrĂ©e par un organisme Ă©valuateur certifiĂ© organisme de formation. Une fois titulaire de l’attestation de capacitĂ©, l’entreprise doit dĂ©clarer tous les ans Ă  l’organisme agréé, du 1er au 31 janvier ses mouvements de fluides frigorigĂšnes de l’annĂ©e n-1.

Ilest important de s’informer sur le phĂ©nomĂšne de la manipulation, ne serait-ce que pour savoir dans quelles situations et dans quelle mesure nous sommes influençables. Il est Ă  la fois amusant et effrayant de constater Ă  quel point nous en sommes peu conscients. Lorsque nous dĂ©clarons que jamais nous ne ferions ceci ou cela, nous ne
GĂ©nĂ©ral 2s Antoine Martinez - 26 juillet 2022 Face Ă  la guerre en Ukraine qui aurait pu et qui aurait dĂ» ĂȘtre Ă©vitĂ©e, avons-nous encore le droit, dans un monde pourtant dit libre, d’apprĂ©hender cette situation dramatique avec une grille de lecture non manichĂ©enne ou sommes-nous sommĂ©s de nous soumettre Ă  la seule vĂ©ritĂ© dispensĂ©e officiellement sous peine d’ĂȘtre invectivĂ©s et insultĂ©s ? Car oui, ce conflit pouvait ĂȘtre Ă©vitĂ© en admettant objectivement, aprĂšs l’expansion continue de l’OTAN depuis la fin de la Guerre froide vers les frontiĂšres russes – une obsession devenue pathologique pour certains – que l’admission de l’Ukraine dans cette organisation n’est pas acceptable car elle constitue un casus belli pour la Russie. [...] CONFLIT UKRAINE-RUSSIE DU FANTASME À LA RÉALITÉ, DE L’ILLUSION À LA DÉSILLUSION ➱ RAPPEL DU CONTEXTE OPPOSANT LE BLOC DE L’OUEST AU BLOC DE L’EST ➱ LA REALITE SUR LA SITUATION MILITAIRE ET SES CONSEQUENCES ➱ LEREGNEABSOLUDESMEDIAS ➱ L’HOMMEQUIASACRIFIEL’UKRAINE ➱ LA DEFAITE DE L’UKRAINE SIGNERA LA MORT DE L’OTAN ➱ LES ÉTATS-UNIS PRETS À TOUT POUR IMPOSER LEUR HÉGÉMONISME ➱ L’UNION EUROPEENNE SIGNE SON SUICIDE GEOPOLITIQUE ET GEOSTRATEGIQUE ➱ FRANCE,UN RENDEZ-VOUSMANQUEAVECL’HISTOIRE ➱ UNE RAISON INAVOUABLE DE CETTE GUERRE ➱ CONCLUSIONS RAPPEL DU CONTEXTE OPPOSANT LE BLOC DE L’OUEST AU BLOC DE L’EST [...] LE REGNE ABSOLU DES MEDIAS Le rĂŽle funeste, pitoyable et affligeant des mĂ©dias, en particulier des chaĂźnes de tĂ©lĂ©vision d’information continue, doit ĂȘtre dĂ©noncĂ©. CommunĂ©ment qualifiĂ©s de quatriĂšme pouvoir, ne sont-ils pas devenus, en fait, le premier pouvoir, celui qui formate, qui modĂšle les esprits pour les soumettre afin de les rendre en adĂ©quation avec la pensĂ©e dominante Ă©rigĂ©e en idĂ©ologie, voire qui influe lourdement sur les dĂ©cisions prises par les dirigeants du fait de la terrible pression qu’il exerce sur eux en exploitant Ă  outrance le volet Ă©motionnel de l’information au dĂ©triment des faits ? Ce comportement scandaleux qui, en outre, menace les principes de la dĂ©mocratie et les principes dĂ©ontologiques de leur fonction/mission doit ĂȘtre solennellement dĂ©noncĂ© et condamnĂ©. Les exemples de mensonges et de travestissement de la vĂ©ritĂ© sont multiples dans ce conflit entre l’Ukraine et la Russie et mĂ©ritent d’ĂȘtre Ă©voquĂ©s et soulignĂ©s car ils sont de nature Ă  crĂ©er du malheur. Car, oui, c’est Ă  une vĂ©ritable hystĂ©rie, Ă  une escalade et Ă  une surenchĂšre mĂ©diatiques auxquelles nous avons assistĂ© et continuons d’assister. Nous sommes mĂȘme aujourd’hui avec ce conflit dans une situation totalement inĂ©dite d’un point de vue historique. C’est, en effet, la premiĂšre fois dans une guerre ouverte oĂč ce ne sont pas les gouvernants et les diplomates qui sont Ă  la manƓuvre mais les mĂ©dias qui imposent une lecture de la situation, voire de l’histoire. Cette attitude qui consiste Ă  jeter de l’huile sur le feu n’est pas propre Ă  calmer les tensions et formate de façon tendancieuse l’opinion publique. Le rĂ©sultat dĂ©sastreux est que la mainmise illĂ©gitime et nĂ©faste qu’ils exercent sur la conduite de la situation en mettant les gouvernants sous leur pression empĂȘche la diplomatie d’agir. Dans les conflits que nous avons connus prĂ©cĂ©demment, mĂȘme pendant les combats, la diplomatie restait active et jouait son rĂŽle pour tenter de faire baisser la tension et Ă©laborer des propositions de sortie de crise ; les belligĂ©rants, au plus haut niveau, se parlaient. Dans les circonstances prĂ©sentes, ce n’est plus le cas, les deux parties Ă©tant poussĂ©es par ce renversement des rĂŽles entre mĂ©dias et diplomates vers un jusqu’auboutisme » extrĂȘmement dangereux qui pourrait dĂ©border du cadre gĂ©ographique actuel. L’Europe est en premiĂšre ligne et l’UE devrait s’en prĂ©occuper au lieu d’alimenter le conflit en livrant des armements Ă  l’Ukraine. Ce faisant, les pays europĂ©ens concernĂ©s, et notamment la France, deviennent de plus en plus des co-belligĂ©rants et la question qui se pose est de savoir jusqu’oĂč peut aller la retenue de la Russie avant qu’elle dĂ©cide, si elle le juge indispensable, de frapper directement les bases arriĂšres de ce qu’elle peut considĂ©rer comme une ingĂ©rence militaire occidentale. La diplomatie doit donc rapidement reprendre ses droits. Par ailleurs, ce que ne disent pas les mĂ©dias c’est que Volodymyr Zelensky a Ă©tĂ© Ă©lu en 2019 sur le thĂšme de la paix ! Petro Porochenko, son prĂ©dĂ©cesseur, avait signĂ© les accords de Minsk II qui n’ont pas Ă©tĂ© appliquĂ©s. Le prĂ©sident Zelensky devait donc tout faire pour les appliquer et ramener la paix avec l’est du pays. Cette rĂ©gion de l’Ukraine a vĂ©cu depuis la rĂ©volution de MaĂŻdan en 2014, fomentĂ©e par la CIA, un enfer sous les bombes de l’armĂ©e ukrainienne. Il s’est agi, en fait, d’une guerre civile, avec des milliers de morts, passĂ©e sous silence par les mĂ©dias occidentaux. Ce volet suscite deux observations que les mĂ©dias se gardent bien d’évoquer. ➱ La premiĂšre, c’est que les oligarques ukrainiens qui mĂšnent, en rĂ©alitĂ©, la politique du pays, ne tiennent pas Ă  la paix. Les militaires, de leurs cĂŽtĂ©s, n’y tiennent pas non plus, car ils voulaient empĂȘcher l’accession Ă  l’autonomie du Donbass. D’oĂč cette guerre engagĂ©e dĂšs 2014 contre cette partie du peuple ukrainien traditionnellement plus tournĂ© vers la Russie que vers l’Ouest. D’ailleurs, certains de ces Ukrainiens se sont naturellement rĂ©fugiĂ©s en Russie au cours de ces derniĂšres annĂ©es, les mĂ©dias n’en ayant jamais parlĂ© mais tentant de nous faire croire aujourd’hui qu’ils ont Ă©tĂ© dĂ©portĂ©s. Il n’est donc pas difficile de comprendre l’échec du prĂ©sident Zelensky dans cette marche vers la paix » et en dĂ©finitive le choix qui lui a Ă©tĂ© imposĂ©, celui de laisser les armes parler. Il n’a fait, en fait, que suivre la dĂ©cision du prĂ©sident des États-Unis, Joe Biden, qui a fait le choix des armes. ➱ La seconde, c’est que les accords de Minsk ont Ă©tĂ© sciemment sabotĂ©s par les États-Unis. Ces accords, signĂ©s le 11 fĂ©vrier 2015, par les dirigeants de l’Ukraine, de la Russie, de la France et de l’Allemagne sous l’égide de l’OSCE, dĂ©clinent un certain nombre de dĂ©cisions concernant le Donbass Ă  appliquer. Ce faisant, en dĂ©signant la France et l’Allemagne, signataires de ces accords mais surtout garantes de leur application, c’était remettre les EuropĂ©ens au centre du dĂ©bat, ce dont ne veulent manifestement pas les États-Unis qui cherchent, dans leur obsession antirusse, Ă  contrĂŽler l’Ukraine, frontaliĂšre avec la Russie. On peut, de surcroĂźt, relever la responsabilitĂ© immense de la France et de l’Allemagne dans la situation prĂ©sente avec leur renoncement ou leur absence de volontĂ© – et ce pendant huit ans – de suivre et de veiller Ă  l’application de ces accords alors qu’elles en Ă©taient les garantes. On peut mĂȘme dire qu’en ayant, de plus, optĂ© aujourd’hui pour la cause de l’un des deux belligĂ©rants, elles se sont disqualifiĂ©es pour un Ă©ventuel rĂŽle de mĂ©diateur, ce qui est regrettable notamment pour la France qui, assurant la prĂ©sidence de l’UE au premier semestre 2022, aurait pu en tirer un Ă©norme profit pour elle-mĂȘme sur le plan diplomatique et pour la paix en Europe. Il faut croire que les EuropĂ©ens, et en particulier la France, se satisfont pleinement de leur statut de vassal des États-Unis. Sur un tout autre sujet, le prĂ©sident russe a parlĂ©, en Ă©voquant les objectifs de la Russie dans l’engagement de cette opĂ©ration, de dĂ©nazification des forces armĂ©es ukrainiennes. Les mĂ©dias se sont rapidement emparĂ©s de cette dĂ©claration de Vladimir Poutine pour l’accuser de dĂ©sinformation ou d’informations infondĂ©es fake news. Or, il faut bien admettre qu’un certain nombre de faits, certains historiques, ne peuvent qu’interpeller mais les mĂ©dias ne pratiquent-ils pas la censure sĂ©lective cf. annexe 4 ? ➱ Par exemple, chaque annĂ©e, le 01 janvier, les Ukrainiens cĂ©lĂšbrent la mĂ©moire de leur hĂ©ros Stepan Bandera, hĂ©ros pour le moins controversĂ©. Le titre de hĂ©ros de l’Ukraine » lui a Ă©tĂ© dĂ©cernĂ© en janvier 2010 par Viktor Iouchtchenko, prĂ©sident de l’Ukraine Ă  l’époque, geste qui a provoquĂ© la fureur de la Pologne et d’IsraĂ«l considĂ©rant ce nationaliste comme un criminel de guerre. Stepan Bandera est nĂ© en 1909 en Galicie, une rĂ©gion de l’empire austro-hongrois rĂ©cupĂ©rĂ©e en 1918 par la Pologne. Appartenant Ă  la minoritĂ© ukrainienne de Pologne, il adhĂšre trĂšs jeune Ă  une organisation nationaliste ukrainienne l’OUN, trĂšs anti-polonaise, qui multiplie les assassinats politiques. FascinĂ© par les nazis, Bandera prend fait et cause pour ce mouvement politique allemand avant mĂȘme qu’il ne prenne le pouvoir en Allemagne selon un rapport de l’ONU, rĂ©digĂ© en 1947, Stepan Bandera, dĂšs 1934, est agent de renseignement au profit de l’Allemagne nazie, et opĂšre dans la section spĂ©ciale de la Gestapo. En raison de son activisme, Bandera finit par se faire emprisonner en Pologne, il sera libĂ©rĂ© par les Allemands lors de l’invasion de la Pologne en 1939. Il se met aussitĂŽt au service de l’Allemagne nazie et crĂ©e une LĂ©gion ukrainienne qui participe, en 1941, notamment au massacre des juifs de Lviv et Ă  l’assassinat de plusieurs dizaines de professeurs de l’universitĂ© de la ville oĂč il avait fait ses Ă©tudes. L’ArmĂ©e rĂ©volutionnaire populaire ukrainienne UPA s’est battue ensuite contre les soviĂ©tiques aux cĂŽtĂ©s des nazis. Outre sa participation Ă  la Shoah, on lui reproche aussi le massacre de quelque 50 Ă  100 000 Polonais de Volhynie, une rĂ©gion qui se trouve aujourd’hui en Ukraine. Enfin, il faut rappeler que Stepan Bandera est trĂšs populaire parmi les soldats ukrainiens qui combattent au Donbass contre les sĂ©paratistes. ➱ Autre exemple, jamais Ă©voquĂ© par les mĂ©dias, chaque 28 avril est cĂ©lĂ©brĂ©e Ă  Kiev la divison Waffen SS de Galicie, l’une des nombreuses divisions de la Waffen SS durant la Seconde Guerre mondiale opĂ©rant pour le Reich allemand, composĂ©e d’Ukrainiens de Galicie. Par ailleurs, de nombreuses milices Svoboda, Azov, Secteur droit issues des groupes d’extrĂȘme-droite qui ont animĂ© la rĂ©volution de MaĂŻdan, en 2014, sont composĂ©es d’individus fanatisĂ©s et brutaux. La plus connue d’entre elles est le rĂ©giment Azov, dont l’emblĂšme rappelle celui de la 2e Panzerdivision SS Das Reich, qui est l’objet d’une vĂ©ritable vĂ©nĂ©ration en Ukraine, pour avoir libĂ©rĂ© Kharkov des SoviĂ©tiques en 1943, avant, il faut peut-ĂȘtre ne pas l’oublier, de perpĂ©trer le massacre d’Oradour-sur-Glane en 1944, en France ! Ces milices sont Ă©galement prĂ©sentes au sein de la Garde nationale qui ne fait pas partie de l’armĂ©e mais constitue une force de dĂ©fense territoriale. Ces milices paramilitaires sont connues sous le nom Ă©vocateur de bataillons de reprĂ©sailles », principalement formĂ©s pour le combat urbain et assurent la dĂ©fense des villes. ➱ Enfin, les images diffusĂ©es aprĂšs la reddition des unitĂ©s ukrainiennes Ă  Marioupol sont Ă©difiantes et rĂ©vĂ©latrices de l’idĂ©ologie dans laquelle ces forces armĂ©es Ă©voluent. Et cette idĂ©ologie n’est pas nĂ©e en 2014 ! Ces images montrent, en effet, des corps de soldats ukrainiens couverts de tatouages nazis. D’autre part, les mĂ©dias n’ont pas cherchĂ© Ă  connaĂźtre les raisons de la prĂ©sence des civils dans l’usine d’Azovstal, probablement pour ne pas devoir rĂ©pondre Ă  une question qui fĂąche ces civils n’étaient-ils pas otages boucliers humains des combattants ukrainiens ? On le constate, il y a indiscutablement un esprit nazi dans une partie de la population ukrainienne et au sein des forces armĂ©es et paramilitaires. Toutes ces valeurs », opposĂ©es Ă  celles d’une dĂ©mocratie, ne sont-elles pas un obstacle implacable et rĂ©dhibitoire pour une candidature de l’Ukraine Ă  l’UE ? Nos mĂ©dias pourraient-ils s’exprimer sur ce sujet ? De quel droit la prĂ©sidente de la Commission europĂ©enne, non Ă©lue faut-il le rappeler, dĂ©cide-t-elle d’une procĂ©dure accĂ©lĂ©rĂ©e d’admission ? N’est-il pas sidĂ©rant que la France puisse appuyer un tel projet non seulement irresponsable sur le plan politique et gĂ©opolitique mais condamnable sur les plans de la morale et du droit ? Quant Ă  l’aide apportĂ©e Ă  l’Ukraine, qu’est-ce qui justifie depuis 2014, donc avant le conflit prĂ©sent, la mobilisation des institutions financiĂšres de l’UE de subventions et de prĂȘts d’un montant de 17 Mds € ? Si nos mĂ©dias n’hĂ©sitent pas Ă  cacher la vĂ©ritĂ© lorsque cette derniĂšre les dĂ©range, ils sont passĂ©s maĂźtres dans la dĂ©sinformation, la manipulation et le mensonge en s’érigeant en procureur toujours contre celui qu’ils ont classĂ© du mauvais cĂŽtĂ© selon leurs propres critĂšres. L’exemple des accusations de crimes de guerre dĂ©crĂ©tĂ©es sans aucune preuve si ce n’est des informations non vĂ©rifiĂ©es fournies par celui qu’ils ont classĂ© du bon cĂŽtĂ© est trĂšs instructif. Au moins deux cas de l’empressement des mĂ©dias Ă  valider des informations douteuses fournies par la partie ukrainienne doivent ĂȘtre Ă©voquĂ©s car les mĂ©dias ont, une fois de plus, imposĂ© leur grille de lecture que le gouvernement français, comme ses alliĂ©s, a relayĂ©. Ce dernier n’a-t-il pas mĂȘme institutionnalisĂ© la calomnie d’État et donc la manipulation et le conditionnement des esprits des Français soumis Ă  une seule vĂ©ritĂ© aprĂšs avoir dĂ©cidĂ© d’interdire les mĂ©dias russes susceptibles d’apporter la contradiction et peut-ĂȘtre une autre vĂ©ritĂ© ? ➱ Le premier cas porte sur les Ă©vĂ©nements qui se sont dĂ©roulĂ©s Ă  Butcha et qui s’apparente plus Ă  un Timisoara » version ukrainienne qu’au scĂ©nario admis par les mĂ©dias et les dirigeants occidentaux. Car ce que les Français ignorent c’est qu’aprĂšs le retrait ordonnĂ© des forces russes de Butcha le 30 mars, le maire Anatoli Fedorouk s’est rĂ©joui le lendemain 31 mars devant les camĂ©ras de ce dĂ©part, ajoutant nous sommes tous sains et saufs ». A aucun moment dans la vidĂ©o il ne parle de massacre de civils. À partir des informations disponibles, Ă  condition de vouloir les consulter et les analyser, il est possible d’établir un scĂ©nario de cet Ă©pisode Ă©pouvantable qui semble beaucoup plus vraisemblable que la version servie. Le public français ignore, en effet, que l’armĂ©e ukrainienne a continuĂ© Ă  bombarder la ville pendant deux jours avant de savoir que l’armĂ©e russe s’était retirĂ©e. Il ignore Ă©galement que la police nationale, entrĂ©e le 2 avril, a diffusĂ© une vidĂ©o des rues dĂ©sertes un seul corps dans un vĂ©hicule touchĂ© par les bombardements. Dans le mĂȘme temps, la chaĂźne Telegram Bucha Live qui parle de l’actualitĂ© de Butcha, et est censĂ©e ĂȘtre au courant de ce qui se passe localement, ne mentionne aucun massacre de civils ni le 29, ni le 30, ni le 31 mars. Il n’y a rien sur cette chaĂźne avant l’éclatement du scandale, le 3 avril, lorsque la presse internationale est conviĂ©e Ă  filmer les dizaines de morts qui jonchent certaines rues oĂč des victimes ont Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©es les mains liĂ©es. A-t-on alors le droit d’émettre de sĂ©rieux doutes sur la version servie ? D’autant plus que cette police a annoncĂ© sur sa page Facebook le lancement d’une opĂ©ration de nettoyage des saboteurs et des complices de l’armĂ©e russe » selon ses propres termes. La vraie question qui se pose alors, et que devrait se poser tout vrai journaliste, n’est-elle pas celle-ci cette Ă©puration n’a-t-elle pas Ă©tĂ© menĂ©e par une unitĂ© paramilitaire appartenant Ă  ces fameux bataillons de reprĂ©sailles » dont on connaĂźt les sinistres mĂ©thodes ? Plusieurs informations vont dans ce sens. En effet, le chef de la dĂ©fense territoriale, connu pour avoir combattu au sein du rĂ©giment Azov, a de son cĂŽtĂ© publiĂ©, le 2 avril, plusieurs vidĂ©os du travail de ses hommes. Dans l’une d’elle, on entend clairement un de ses subordonnĂ©s demander s’il peut tirer sur les hommes qui n’ont pas de brassard bleu. La rĂ©ponse est Ă©galement claire c’est oui. De plus, sur la chaĂźne Telegram du chef de la dĂ©fense territoriale on constate que les premiĂšres photos de gens morts et ligotĂ©s ne datent que du 2 avril, c’est Ă  dire quand ce bataillon de reprĂ©sailles dĂ©fense territoriale est sur place avec la police ukrainienne pour nettoyer la ville des saboteurs et complices des forces russes ». ➱ Le second cas porte sur l’évĂ©nement dramatique du 8 avril oĂč un missile est tombĂ© sur la gare de Kramatorsk oĂč se trouvaient des milliers de civils qui cherchaient Ă  fuir la ville provoquant plus de 50 morts et plus de 100 blessĂ©s. TrĂšs rapidement les autoritĂ©s ukrainiennes ont accusĂ© la Russie en prĂ©tendant d’abord qu’il s’agissait d’un missile Iskander, accusation reprise par tous les dirigeants et mĂ©dias occidentaux malgrĂ© le dĂ©menti russe. L’examen des restes de ce missile a cependant permis de constater qu’il ne s’agissait pas d’un Iskander mais d’un Tochka U porteur de 20 sous-munitions. Des questions lĂ©gitimes se posent alors car l’armĂ©e russe ne possĂšde plus de Tochka U depuis 2019. L’ouvrage de rĂ©fĂ©rence, The Military Balance », publiĂ© chaque annĂ©e, montre clairement qu’il n’y a plus de Tochka dans l’arsenal russe. En revanche, l’Ukraine en possĂšde. Il s’agit bien d’un premier doute Ă  Ă©mettre sur la version officielle de ce drame. Par ailleurs, l’examen des restes du missile a Ă©galement permis de relever le numĂ©ro de sĂ©rie de ce missile. Or, ce dernier est inscrit Ă  l’inventaire ukrainien. N’y aurait-il pas ici comme un sĂ©rieux second doute, voire une contradiction avec la version officielle ? Comment alors expliquer cette hystĂ©rie mĂ©diatique relayĂ©e par les dirigeants occidentaux si elle ne s’inscrivait pas finalement depuis le dĂ©but dans une dĂ©marche antirusse rĂ©flĂ©chie et intentionnelle contraire Ă  la recherche de la vĂ©ritĂ© ? Tout pouvoir aveugle ceux qui l’exercent sans contrĂŽle et les mĂ©dias d’aujourd’hui, grands mĂ©dias de masse qui influencent et façonnent les esprits disposent d’une puissance incontrĂŽlable qui leur permet d’imposer une pensĂ©e dominante et une grille de lecture des Ă©vĂ©nements qu’ils suivent en temps rĂ©el et en continu. L’acquisition de cette puissance a eu pour consĂ©quence un changement d’approche sur le traitement de l’information dĂ©livrĂ©e au public. En effet, le rĂŽle ou la mission du journalisme semble dorĂ©navant, en connivence avec le pouvoir politique qui le subventionne, de faire en sorte que le public pense comme il faut plutĂŽt que de rechercher la vĂ©ritĂ©. En agissant ainsi, la charte dĂ©ontologique charte de Munich qui rĂ©git la mission et donc les devoirs du journaliste est totalement bafouĂ©e et trahie. Le prĂ©sent conflit entre l’Ukraine et la Russie constitue un exemple emblĂ©matique de cette dĂ©rive. L’HOMME QUI A SACRIFIE L’UKRAINE Dans ce conflit, dont il faut rappeler qu’il aurait pu ĂȘtre Ă©vitĂ©, personne ne peut nier que la Russie est l’agresseur. Mais cet agresseur n’avait-il pas exposĂ© depuis plusieurs annĂ©es sa ligne rouge sur les vellĂ©itĂ©s affichĂ©es par l’OTAN dans sa marche continue de conquĂȘte vers l’Est, jusqu’aux frontiĂšres russes ? Le sujet Ă©tant devenu une question existentielle pour la Russie, Vladimir Poutine a estimĂ© qu’une attaque d’envergure sur le Donbass Ă©tait engagĂ©e Ă  la mi-fĂ©vrier 2022 par les forces ukrainiennes. Il a alors considĂ©rĂ© que lorsque la bagarre est inĂ©vitable, il faut frapper le premier. C’est ce qu’il a fait le 24 fĂ©vrier. Mais le rĂ©gime de Kiev n’est-il pas aussi condamnable sinon plus que la Russie dans le dĂ©clenchement de cette guerre ? Ce rĂ©gime est incarnĂ© aujourd’hui par Volodymyr Zelensky, prĂ©sident Ă©lu en 2019 sur la promesse d’apaiser les tensions avec la Russie et de rĂ©soudre la crise dans les rĂ©publiques sĂ©paratistes de l’est de l’Ukraine. Or, ce prĂ©sident non seulement n’a tenu aucune de ses deux promesses mais, au contraire, n’a cessĂ© d’alimenter la crise interne de l’Ukraine et a provoquĂ© sans cesse la Russie. C’est pourquoi l’hystĂ©rie anti-russe qui s’est rapidement installĂ©e est totalement dĂ©mesurĂ©e et infondĂ©e au regard de la situation qui prĂ©vaut depuis au moins huit ans. Volodymyr Zelensky est pourtant adulĂ© aujourd’hui par l’Occident et considĂ©rĂ© comme un hĂ©ros face Ă  l’ours russe. Tout cela relĂšve, en fait, d’une manipulation minutieusement Ă©laborĂ©e par les États-Unis et l’OTAN, et alimentĂ©e et orchestrĂ©e par les mĂ©dias occidentaux. Cette adulation, au-delĂ  du raisonnable, donne au prĂ©sident ukrainien un tel degrĂ© de certitude dans les dĂ©cisions qu’il prend qu’il en oublie la rĂ©alitĂ© de la guerre sur le terrain et lui permet, dans une dĂ©marche qu’on peut qualifier d’arrogante, de sermoner les dirigeants occidentaux et en particulier la France et le prĂ©sident de la RĂ©publique. L’exemple de l’intervention devant notre AssemblĂ©e nationale de Volodymyr Zelensky est d’ailleurs Ă©difiant sur ce phĂ©nomĂšne d’adulation dĂ©sormais ancrĂ©. N’a-t-il pas obtenu, aprĂšs avoir dĂ©noncĂ© la prĂ©sence des grandes entreprises françaises en Russie pour lesquelles il appelait des sanctions si elles se maintenaient, une standing ovation de l’ensemble de nos dĂ©putĂ©s ? C’est dire le degrĂ© de soumission dans cette guerre devenue Ă©galement non seulement mĂ©diatique mais psychologique. Il faut pourtant bien admettre – ce sont les faits – qu’en rĂ©alitĂ© Volodymyr Zelensky a Ă©chouĂ© dans le rĂ©tablissement de l’unitĂ© nationale et Ă  mettre en Ɠuvre les accords de Minsk, plan de paix qui devait permettre la rĂ©conciliation. Il avait Ă©tĂ© Ă©lu prĂ©cisĂ©ment pour cela en 2019. Mais, d’une part, les États-Unis ont sabotĂ© ces accords de Minsk car ils ramenaient l’Europe au centre du dĂ©bat, ce qui est impensable pour eux, d’autre part, les oligarques et les militaires ukrainiens y sont opposĂ©s. C’est bien la dĂ©monstration que le prĂ©sident ukrainien n’est qu’un pantin dans les mains de Washington. Ce conflit entre l’Ukraine et la Russie est, en fait, une guerre par procuration dĂ©clarĂ©e par les États-Unis Ă  la Russie. Les États-Unis ont voulu et ont tout fait pour attirer la Russie dans une guerre avec un objectif l’affaiblir par tous les moyens durablement, voire dĂ©finitivement, pour pouvoir se consacrer Ă  la menace montante que reprĂ©sente la Chine. Pour atteindre cet objectif, ils cherchent d’une part Ă  diaboliser Vladimir Poutine, au pouvoir depuis une vingtaine d’annĂ©es, pensant que son dĂ©part pourrait changer la position de la Russie, ce qui constitue une grossiĂšre erreur. Ils cherchent Ă©galement Ă  imposer des sanctions Ă©conomiques sĂ©vĂšres pour provoquer un effondrement de l’économie russe. Cette stratĂ©gie de Washington est en Ɠuvre en Ukraine depuis 2014 et Volodymyr Zelensky, persuadĂ© par les États-Unis qu’elle deviendrait membre de l’OTAN, sacrifie son propre pays pour faire avancer les intĂ©rĂȘts des AmĂ©ricains et aider ces derniers Ă  atteindre leurs objectifs. Volodymyr Zelensky est, en fait, devenu l’outil des États-Unis dans cette guerre par procuration dans laquelle ils l’ont engagĂ©. Le rĂ©veil sera douloureux car l’issue de ce conflit n’a jamais fait de doute et Volodymyr Zelensky restera dans l’histoire comme celui qui a sacrifiĂ© inutilement l’Ukraine. Car il ne pouvait pas ignorer la promesse faite en 2007 par Vladimir Poutine Ă  la ConfĂ©rence sur la sĂ©curitĂ© de Munich Nous ne permettrons pas l’expansion de l’OTAN jusqu’au point oĂč l’OTAN touche notre frontiĂšre, en particulier en Ukraine et en GĂ©orgie. Nous considĂ©rons ces pays comme des chevaux de Troie de la puissance militaire de l’OTAN et de l’influence des États-Unis. » DĂ©jĂ  en 2008, la GĂ©orgie, poussĂ©e par l’OTAN, avait Ă©chouĂ© dans sa tentative dans les conditions que l’on sait, la Russie ayant immĂ©diatement rĂ©agi militairement. Manifestement la leçon n’a pas Ă©tĂ© retenue. Cet Ă©pisode permet de rappeler que la France prĂ©sidait alors l’UE. Il faut bien reconnaĂźtre que le prĂ©sident de la RĂ©publique, Nicolas Sarkozy, par son intervention mesurĂ©e Ă  l’égard des deux parties, avait rĂ©ussi Ă  faire baisser la tension et Ă  les ramener Ă  la raison en refusant notamment l’entrĂ©e de la GĂ©orgie dans l’OTAN. Il est regrettable qu’avec l’Ukraine, le prĂ©sident Emmanuel Macron, prĂ©sidant Ă  son tour l’UE, ne soit pas intervenu dans les mĂȘmes dispositions. Alors que ce conflit Ă©tait Ă©vitable, l’attitude irresponsable de Volodymyr Zelensky, sous la pression des États-Unis et de l’OTAN, l’a permis pour le malheur de l’Ukraine qui en sortira meurtrie, affaiblie et surtout amputĂ©e d’une partie de son territoire, cela ne fait aucun doute. Car s’il Ă©tait encore possible de nĂ©gocier aprĂšs les trois ou quatre premiĂšres semaines de combat pour limiter les consĂ©quences d’un tel affrontement, aujourd’hui il est trop tard. Par son intransigeance, ses prĂ©tentions politiques et militaires exacerbĂ©es par l’aura mĂ©diatique acquise artificiellement, son refus d’admettre la rĂ©alitĂ© de la situation, son absence de vĂ©ritable volontĂ© d’engager des nĂ©gociations, Volodymyr Zelensky n’a pas hĂ©sitĂ© Ă  envoyer Ă  la mort des dizaines de milliers de soldats sans compter le lourd tribut payĂ© par la population civile. Pourquoi a-t-il agi ainsi pour une place dans l’OTAN alors que tout le monde savait que la Russie ne le permettrait pas ? Volodymyr Zelensky a une immense responsabilitĂ© dans ce drame qui se joue pour l’Ukraine et qui tournera Ă  terme au naufrage pour ce pays. Pire qu’irresponsable, c’est impardonnable ! Comment qualifier un responsable politique qui envoie des hommes mourir dans une guerre qu’il sait qu’ils ne peuvent pas gagner ? Comment qualifier un tel responsable politique qui inflige des souffrances et des blessures considĂ©rables Ă  son propre peuple sans aucune raison ? Comment qualifier un tel personnage qui aura ouvert la voie de la dĂ©sagrĂ©gation et de la dislocation de l’Ukraine, car c’est bien ce qui se passera lorsque Volodymyr Zelensky sera obligĂ© de reconnaĂźtre sa dĂ©faite ? Ce moment sera terrible car l’Ukraine, n’en doutons pas, sera alors lĂąchĂ©e par ceux qui l’ont poussĂ©e dans cette impasse. Les Ukrainiens accepteront-ils sans rĂ©action la dĂ©faite alors qu’on leur a fait croire qu’ils gagneraient contre la Russie ? Volodymyr Zelensky pourrait devoir faire face Ă  la colĂšre en particulier des oligarques et des militaires dont certains Ă©mettent dĂ©jĂ  des propos violents Ă  son Ă©gard. L’histoire est tragique et Volodymyr Zelensky restera celui qui a sacrifiĂ© inutilement l’Ukraine. Il pourrait le payer cher. Il pourrait mĂȘme le payer de sa vie. LA DEFAITE DE L’UKRAINE SIGNERA LA MORT DE L’OTAN [...] Les conclusions folles de ce sommet de Madrid doivent ĂȘtre l’occasion pour la France de dĂ©cider de sortir de l’OTAN car l’objectif visĂ© est, Ă  l’évidence, de transformer l’UE en alliance militaire engagĂ©e dans une culture de guerre. Il faut, par ailleurs, bien ĂȘtre conscient que cette OTAN constitue, en rĂ©alitĂ©, un obstacle majeur Ă  l’expression de la souverainetĂ© des pays europĂ©ens et donc de la souverainetĂ© de la France de la souverainetĂ© europĂ©enne, dirait le prĂ©sident de la RĂ©publique, Emmanuel Macron. Dans un contexte de soumission totale Ă  cette organisation, et donc aux États-Unis, il n’est, en effet, pas question que l’UE puisse accĂ©der Ă  son autonomie stratĂ©gique pourtant un de ses objectifs politiques, concept actĂ© par le Conseil europĂ©en et Ă©voquĂ© Ă  plusieurs reprises par le prĂ©sident français. Ce concept d’autonomie stratĂ©gique correspond notamment Ă  la capacitĂ© de l’UE Ă  dĂ©fendre l’Europe et Ă  agir avec des moyens militaires indĂ©pendamment des États-Unis. Dans le contexte actuel, l’OTAN reprĂ©sente bien, en consĂ©quence, un obstacle majeur Ă  cette autonomie stratĂ©gique mais Ă©galement un obstacle majeur au dĂ©veloppement de l’industrie europĂ©enne de dĂ©fense. Le lobby amĂ©ricain des armements est ici, une fois de plus, Ă  la manƓuvre contre nos intĂ©rĂȘts. Sans volontĂ© ferme de pousser Ă  une vĂ©ritable industrie europĂ©enne de la dĂ©fense performante, il n’y aura jamais d’autonomie stratĂ©gique europĂ©enne. Et sans autonomie stratĂ©gique europĂ©enne, il n’y aura jamais de dĂ©fense europĂ©enne, c’est Ă  dire une capacitĂ© propre des pays europĂ©ens Ă  s’associer pour dĂ©fendre seuls leurs intĂ©rĂȘts et la paix sur le sol de l’Europe, c’est Ă  dire des moyens organisĂ©s et commandĂ©s par des EuropĂ©ens en toute indĂ©pendance, avec des moyens Ă©quipĂ©s de matĂ©riels et d’armements europĂ©ens. Ne pas le comprendre c’est renoncer Ă  toute capacitĂ© de prise de dĂ©cision indĂ©pendante et souveraine. En revanche, c’est accepter toutes les consĂ©quences d’un alignement aveugle et d’une appartenance Ă  une organisation belliciste. La France ne peut partager ni les intĂ©rĂȘts stratĂ©giques ni la vision du monde de cette OTAN infĂ©odĂ©e aux États-Unis. Cela dit, la tenue de ce sommet de l’OTAN Ă  Madrid, quatre mois aprĂšs le dĂ©clenchement des opĂ©rations, confirme son incapacitĂ©, son impossibilitĂ©, malgrĂ© les menaces formulĂ©es contre la Russie, Ă  dissuader cette derniĂšre de s’engager en Ukraine. Elle ne pourra pas plus l’empĂȘcher de gagner cette guerre qui aboutira inĂ©vitablement Ă  la dislocation de l’Ukraine. C’est donc une vĂ©ritable humiliation pour l’OTAN qui subit un Ă©chec cuisant face Ă  la dĂ©termination russe. L’OTAN avait gagnĂ© la guerre contre le Pacte de Varsovie il y a une trentaine d’annĂ©es. Aujourd’hui, le Pacte de Varsovie a disparu mais l’OTAN a perdu la guerre qu’elle a engagĂ©e contre la Russie. Cet Ă©chec pourrait bien concrĂ©tiser son chant du cygne et signer finalement sa mort programmĂ©e. LES ÉTATS-UNIS PRÊTS À TOUT POUR IMPOSER LEUR HÉGÉMONISME [...] L’UNION EUROPEENNE SIGNE SON SUICIDE GÉOPOLITIQUE ET GÉOSTRATÉGIQUE Quant Ă  l’UE, septiĂšme point, dĂšs le 24 fĂ©vrier 2022, jour du dĂ©clenchement des opĂ©rations russes sur le territoire ukrainien, ses dirigeants se sont rĂ©unis lors d’un sommet extraordinaire et ont dĂ©cidĂ© de nouvelles sanctions contre la Russie portant sur le secteur financier, ceux de l’énergie et du transport, des sanctions supplĂ©mentaires contre des ressortissants russes, la politique des visas, 
 aprĂšs celles Ă©tablies en 2014 et toujours actives. Par une dĂ©claration commune, ils condamnaient l’agression militaire indiquant que, par ses actions militaires non provoquĂ©es et injustifiĂ©es, la Russie violait gravement le droit international et compromettait la sĂ©curitĂ© et la stabilitĂ© europĂ©ennes et mondiales. » Le fait d’insister en utilisant la formulation actions militaires non provoquĂ©es » montre Ă  l’évidence que la provocation des États-Unis Ă©tait bien rĂ©elle et admise par certains des dirigeants. Mais le reconnaĂźtre officiellement, c’était afficher une incohĂ©rence certaine avec la dĂ©cision de prendre des sanctions Ă  l’égard de la Russie. Cette dĂ©claration commune marque donc la premiĂšre Ă©tape de la soumission de l’UE aux États-Unis dans ce conflit. Au fil des semaines, d’autres sĂ©ries de sanctions ont Ă©tĂ© prises, notamment celle de suspendre la diffusion dans l’UE des mĂ©dias russes ou de fournir une assistance Ă  l’Ukraine et mĂȘme de lui fournir des Ă©quipements militaires. En outre, le Conseil europĂ©en du 23 juin dernier a accordĂ© Ă  l’Ukraine le statut de candidat Ă  l’UE. En Ă©cartant d’entrĂ©e la diplomatie et en prenant fait et cause pour l’Ukraine sans tenir compte de l’histoire et en particulier, depuis le coup d’État de MaĂŻdan fomentĂ© par les États-Unis, de l’évolution de ce pays corrompu et en lui accordant, de surcroĂźt, le statut officiel de candidat pour l’entrĂ©e dans l’Union europĂ©enne, il faut bien admettre que l’UE crĂ©e une rupture gĂ©ostratĂ©gique majeure et dangereuse avec la Russie. L’attitude de la France qui prĂ©sidait cette Union pendant le premier semestre de l’annĂ©e 2022 a Ă©tĂ© particuliĂšrement blĂąmable car elle a manquĂ© ce rendez-vous de l’histoire qui aurait pu permettre Ă  l’Europe de jouer un rĂŽle majeur et dĂ©terminant dans l’apaisement des tensions surtout au dĂ©but du conflit, voire avant mĂȘme qu’il Ă©clate au cours des jours ou des semaines qui l’ont prĂ©cĂ©dĂ©. Il faut croire que l’UE est incapable de s’extraire de cette tutelle amĂ©ricaine paralysante qui l’empĂȘche de comprendre quels sont ses propres intĂ©rĂȘts. Avoir suivi aveuglĂ©ment les États-Unis qui voulaient la guerre et ont tout fait pour qu’elle Ă©clate est impardonnable ! Pourtant, la politique Ă©trangĂšre devrait ĂȘtre strictement fondĂ©e sur le calcul des forces et l’intĂ©rĂȘt national. Ce principe semble avoir Ă©tĂ© oubliĂ©. Les EuropĂ©ens n’ont aucun intĂ©rĂȘt Ă  une confrontation sur leur propre sol avec la Russie. C’est suicidaire ! Depuis la fin de la Guerre froide, une nouvelle architecture de sĂ©curitĂ© en Europe aurait dĂ» ĂȘtre Ă©laborĂ©e avec la Russie. C’est un principe de bon sens et d’intĂ©rĂȘt bien compris des parties concernĂ©es. D’ailleurs, Henry Kissinger lui-mĂȘme, ne l’a-t-il pas rappelĂ© Nous n’avons fait aucun effort sĂ©rieux pour associer la Russie Ă  une nouvelle architecture de sĂ©curitĂ© en Europe » ? Pourtant au dĂ©but des annĂ©es 2000, et durant ses premiers mandats, Vladimir Poutine Ă©tait disposĂ© Ă  s’ouvrir Ă  l’Europe et Ă  l’Occident. L’absence de rĂ©ponse de la part des EuropĂ©ens, directement concernĂ©s par l’établissement ou, au moins, l’amorce de nouvelles relations avec la Russie, est parfaitement incomprĂ©hensible. On ne peut que regretter, d’une part l’aveuglement des EuropĂ©ens alimentĂ© par leur alignement inconditionnel sur les États-Unis et l’OTAN hostiles Ă  ce rapprochement, d’autre part, et surtout, leur manque de vision sur le long terme sur les plans gĂ©opolitique et gĂ©ostratĂ©gique. En effet, la Russie pouvait devenir et aurait pu devenir un partenaire, voire un alliĂ© prĂ©cieux face aux enjeux gĂ©opolitiques de l’Europe qui sont diffĂ©rents de ceux des États-Unis avec notamment des dĂ©fis immenses, pour nous EuropĂ©ens, demain en MĂ©diterranĂ©e, frontiĂšre du Vieux continent avec l’Afrique et le Moyen-Orient. L’intervention de la Russie en Syrie, Ă  la fin du mois de septembre 2015, par exemple – en dĂ©fendant le rĂ©gime syrien elle dĂ©fendait, en fait, ses propres intĂ©rĂȘts – a Ă©tĂ© dĂ©terminante dans la dĂ©faite infligĂ©e Ă  l’État islamique. Cette menace islamique nous est bien commune et nourrit donc des intĂ©rĂȘts communs. Cette intervention russe Ă©tait d’ailleurs engagĂ©e aprĂšs la submersion migratoire subie par l’Europe Ă  l’étĂ© 2015. Une invasion qui n’était rien d’autre qu’une attaque sans prĂ©cĂ©dent des pays europĂ©ens provoquĂ©e par l’État islamique qui l’avait promise en dĂ©cembre 2014. Il est fĂącheux que l’UE ne l’ait pas compris ainsi ou pas voulu le comprendre ainsi ! Mais les EuropĂ©ens sont incapables de dĂ©signer le vrai ennemi, ce qui en matiĂšre de relations internationales est une erreur, voire une faute qui peut ĂȘtre fatale. Cependant dans le cas de ce conflit, l’UE en signant son suicide gĂ©opolitique et gĂ©ostratĂ©gique a, de plus, engagĂ© le dĂ©labrement et la rĂ©gression de ses capacitĂ©s de dĂ©veloppement en raison des sanctions infligĂ©es Ă  la Russie, sanctions aux effets trĂšs prĂ©judiciables, en rĂ©alitĂ©, pour les Ă©conomies europĂ©ennes, car il faut rappeler, qu’en agissant de la sorte, l’UE perd l’un de ses principaux partenaires commerciaux. L’alignement des EuropĂ©ens sur la logique guerriĂšre de l’OTAN et des États-Unis et leur guerre Ă©conomique contre la Russie entraĂźne l’Europe vers un dĂ©sastre. Car ces sanctions n’ont en rien arrĂȘtĂ© le conflit ou affaibli Vladimir Poutine. Au contraire, elles l’ont renforcĂ© et elles aggravent les crises socio-Ă©conomiques qui frappent et qui vont frapper durement les citoyens europĂ©ens, auxquelles il faut ajouter une crise Ă©nergĂ©tique majeure et durable avec notamment une pĂ©nurie de gaz et de pĂ©trole dont les EuropĂ©ens sont dĂ©jĂ  les principales victimes. L’hystĂ©rie non seulement mĂ©diatique que ces sanctions ont provoquĂ©e mais Ă©galement celle propre aux dirigeants occidentaux manifestĂ©e dans des dĂ©clarations dĂ©lirantes montrent la folie, voire la perversitĂ© qui semble les habiter. Sur cet effet boomerang et dĂ©vastateur provoquĂ© par la rĂ©ponse russe privant les EuropĂ©ens de leur approvisionnement en gaz, la palme de la perversitĂ© et du cynisme pourrait ĂȘtre dĂ©cernĂ©e au prĂ©sident des États-Unis, Joe Biden, prĂȘt Ă  sacrifier les EuropĂ©ens sur l’autel de sa guerre contre la Russie et qui a affirmĂ© sans aucun scrupule Couper le gaz russe va faire mal Ă  l’Europe, mais c’est le prix que je suis prĂȘt Ă  payer » ! sic. La rĂ©ponse russe aux sanctions europĂ©ennes a d’ailleurs rĂ©vĂ©lĂ© des diffĂ©rences majeures en matiĂšre de politique Ă©nergĂ©tique de la part des EuropĂ©ens et la dĂ©pendance trĂšs marquĂ©e Ă  l’égard de la Russie dans ce domaine de certains pays comme l’Allemagne. Ce manque de cohĂ©rence europĂ©enne est Ă©videmment une source de division surtout lorsque survient une crise comme celle que nous vivons aujourd’hui et c’est par consĂ©quent une marque de faiblesse. C’est dans un tel contexte que le ministre français de l’Économie et des finances, Bruno Le Maire, a dĂ©clarĂ©, imprudemment, que les sanctions dĂ©cidĂ©es devaient viser l’effondrement de l’économie russe Nous allons livrer une guerre Ă©conomique et financiĂšre totale Ă  la Russie. Nous allons provoquer l’effondrement de l’économie russe ». En fait d’effondrement de l’économie russe, le rĂ©sultat aujourd’hui est plutĂŽt inattendu avec notamment un Euro au plus bas face au Dollar mais Ă©galement face au Rouble russe qui a dĂ©passĂ© son niveau d’avant-crise. L’Europe doit dorĂ©navant faire face Ă  des consĂ©quences sĂ©vĂšres qui vont impacter sĂ©rieusement et durablement la vie quotidienne des EuropĂ©ens. Les tensions sur les prix de l’énergie, des matiĂšres premiĂšres et de l’alimentation, aggravĂ©es par les risques de pĂ©nurie auront des effets dĂ©sastreux et ce d’autant plus que ce conflit a entraĂźnĂ© une stagflation mondiale, combinant une forte inflation et une stagnation Ă©conomique, voire une rĂ©cession. Enfin, on ne peut pas Ă©voquer l’UE dans le cadre de ce conflit entre l’Ukraine et la Russie sans aborder la dĂ©cision de la Commission europĂ©enne, entĂ©rinĂ©e par le Conseil europĂ©en du 23 juin 2022, d’accorder Ă  l’Ukraine le statut de candidat Ă  l’UE. Une fois de plus, les dirigeants europĂ©ens et la Commission europĂ©enne en la personne de sa prĂ©sidente s’affranchissent des rĂšgles Ă©tablies pour le lancement du processus de demande d’adhĂ©sion Ă  l’Union europĂ©enne. En effet, l’aspect Ă©motionnel du contexte imposĂ© par le prĂ©sident ukrainien constitue une dĂ©rive et une ingĂ©rence inacceptable et insupportable dans les rĂšgles de fonctionnement de l’UE. Certes, l’Ukraine a Ă©tĂ© agressĂ©e par la Russie. Mais cela ne donne pas le droit Ă  Volodymyr Zelensky de dicter aux dirigeants europĂ©ens ce qu’il y a lieu de faire ni Ă  ces derniers de s’affranchir des principes et rĂšglements qui rĂ©gissent le fonctionnement de l’UE. En fait, ces dirigeants, dont aucun n’ose lui dire non, semblent tĂ©tanisĂ©s devant l’arrogance, l’impertinence et le culot de ce prĂ©sident pourtant corrompu comme le sont les oligarques qui le soutiennent. La Commission europĂ©enne et les dirigeants europĂ©ens ont-ils dĂ©jĂ  oubliĂ© le dossier Pandora Papers, publiĂ© dans le magazine Forbes, en octobre 2021, par un consortium de journalistes d’investigation l’accusant de corruption grave ? Mais cette corruption est en vĂ©ritĂ© consubstantielle Ă  l’Ukraine elle-mĂȘme, pays totalement corrompu qui ne respecte aucune des rĂšgles imposĂ©es Ă  un candidat Ă  l’Union europĂ©enne. De plus, jusqu’à prĂ©sent, l’UE a admis en son sein des pays pacifiĂ©s » pour Ă©viter d’y importer toutes sortes de conflits qui fragiliseraient l’institution et les relations entre ses membres. Or, s’agissant de l’Ukraine, ce pays est non seulement corrompu mais circonstance aggravante, il est en guerre ! En outre, l’Ukraine a bien compris que, la porte pour l’OTAN ayant Ă©tĂ© brutalement fermĂ©e le 24 fĂ©vrier 2022, il est impĂ©ratif pour contourner l’obstacle d’entrer dans l’UE, Volodymyr Zelensky estimant, Ă  tort ou Ă  raison – plutĂŽt Ă  raison – que l’UE a comme structure de dĂ©fense l’OTAN. Vladimir Poutine fait la mĂȘme analyse, mĂȘme s’il a dĂ©clarĂ© – pour des raisons non avouĂ©es – qu’il ne s’opposait pas au principe d’une admission de l’Ukraine Ă  l’UE. Les dirigeants europĂ©ens ne peuvent donc pas accepter ce processus d’admission de l’Ukraine dans l’UE. Ce pays y importerait alors un contentieux dangereux et gĂ©nĂ©rateur de dĂ©sordre dans l’UE pour le futur. L’UE et les dirigeants des pays membres seraient donc bien avisĂ©s dans l’immĂ©diat de ne pas poursuivre dans une voie dominĂ©e par l’émotion et l’absence d’analyse froide de la situation et de ne pas s’affranchir des rĂšgles Ă©tablies. Par les dĂ©cisions qui sont prises jusqu’à aujourd’hui, l’UE s’aligne, en fait, derriĂšre deux puissances extĂ©rieures fortement engagĂ©es contre la Russie, les États-Unis et le Royaume-Uni. Elle entraĂźne ainsi dans la guerre qui vient des pays qui n’ont pas donnĂ© leur avis, une guerre qui n’est pas la leur. FRANCE, UN RENDEZ-VOUS MANQUÉ AVEC L’HISTOIRE [...] UNE RAISON INAVOUABLE DE CETTE GUERRE [...] CONCLUSIONS Dans ce conflit, personne ne nie que la Russie soit l’agresseur. Cette agression doit ĂȘtre condamnĂ©e. Mais le rĂ©gime de Kiev doit Ă©galement ĂȘtre condamnĂ© pour n’avoir pas voulu appliquer les accords de Minsk qu’il a pourtant signĂ©s en 2014 et 2015. Il ne faut pas oublier que Volodymyr Zelensky a Ă©tĂ© Ă©lu en 2019 sur un programme de paix avec la promesse d’apaiser les tensions avec la Russie et de rĂ©soudre la crise dans l’Est de l’Ukraine. La France et l’Allemagne sont aussi blĂąmables pour ne pas avoir respectĂ© leur signature qui faisait de ces deux pays les garants de l’application de ces accords de Minsk. Les États-Unis et l’OTAN, par leur action menĂ©e depuis trois dĂ©cennies contre la Russie et en particulier par leur action conduite en Ukraine depuis une dizaine d’annĂ©es doivent ĂȘtre condamnĂ©s. Enfin, les États-Unis ont tout fait en ce dĂ©but d’annĂ©e 2022 pour que ce conflit Ă©clate. Les responsables des guerres ne sont pas ceux qui les dĂ©clenchent mais ceux qui les ont rendues inĂ©vitables ». Cette formule attribuĂ©e Ă  Montesquieu illustre parfaitement le conflit actuel. Les Russes ont dĂ©clenchĂ© cette guerre, mais les États-Unis l’ont rendue inĂ©vitable. Aujourd’hui, l’Occident est prompt Ă  condamner la Russie en diabolisant son prĂ©sident, Vladimir Poutine. Alors que ce conflit n’est pas seulement militaire – il est aussi, entre autres, mĂ©diatique – les mĂ©dias et la grande majoritĂ© des commentateurs imposent leur grille de lecture pour analyser la situation et les enjeux en reprenant le narratif Ă©laborĂ© par le rĂ©gime de Kiev et relayĂ© par les Anglo-Saxons, occultant totalement ce qui s’est passĂ© avant le 24 fĂ©vrier 2022. C’est donc une analyse partielle et partiale qui domine et qui refuse rĂ©solument de prendre en compte les raisons historiques qui ont conduit Ă  ce drame, car elles mettent en lumiĂšre le rĂŽle et la responsabilitĂ© des États-Unis, de l’OTAN et du rĂ©gime de Kiev dans ce conflit qui – il faut le rappeler – n’aurait jamais dĂ» avoir lieu. Par ailleurs, comment comprendre cette hystĂ©rie antirusse totalement dĂ©mesurĂ©e et devenue pathologique qui constitue finalement l’axe majeur de la politique amĂ©ricaine, hystĂ©rie moins marquĂ©e mais cependant partagĂ©e par des pays europĂ©ens dont l’intĂ©rĂȘt est pourtant l’établissement de rapports pacifiĂ©s sur le continent europĂ©en ? Cette mĂȘme hystĂ©rie, cette mĂȘme condamnation se sont-elles manifestĂ©es contre les États-Unis qui ont agressĂ© la Serbie en 1999 et l’Irak en 2003, pour ne prendre que ces deux exemples, bafouant ainsi le droit international et la Charte des Nations unies ? A-t-on condamnĂ© leurs nombreuses interventions dĂ©cidĂ©es unilatĂ©ralement et leurs consĂ©quences qui se sont traduites par des dizaines, voire des centaines de milliers de morts et des destructions considĂ©rables ? Comment comprendre ce deux poids, deux mesures Ă©vident ? Pour qui a servi la France sous l’uniforme et participĂ© Ă  la Guerre froide contre le Pacte de Varsovie et donc contre l’ex-URSS qui l’a perdue, puis participĂ© Ă  la gestion d’autres crises majeures dont celle de l’agression de l’Irak en 2003 par les États-Unis au sein d’un organisme interministĂ©riel relevant du Premier ministre, tout ce qui touche Ă  la protection et Ă  la dĂ©fense de nos compatriotes, donc de la nation et du territoire national, tout ce qui touche aux intĂ©rĂȘts de la France et donc aux menaces qui peuvent affecter notre pays demeure une source d’intĂ©rĂȘt et de prĂ©occupation. De surcroĂźt, issu de la communautĂ© du Renseignement, je considĂšre avoir acquis une certaine expĂ©rience sur la façon d’apprĂ©hender et de gĂ©rer une crise. L’indĂ©pendance dans ce domaine est un facteur capital et c’est la capacitĂ© de suivre au plus prĂšs la situation et celle d’orienter ses propres sources imagerie satellitaire, reconnaissance aĂ©rienne, sources techniques, sources humaines multiples dont on doit connaĂźtre le niveau de fiabilitĂ© de chacune, dĂ©terminĂ©e par le besoin exprimĂ©, qui permet de collecter des informations analysĂ©es ensuite par les experts. Ce travail d’analyse dĂ©bouche ensuite sur la production de synthĂšses nationales qui sont mises Ă  la disposition du chef, en l’occurrence dans la crise prĂ©sente le prĂ©sident de la RĂ©publique qui en tient compte dans les dĂ©cisions qu’il est amenĂ© Ă  prendre, ou pas. Il est possible d’enrichir ces derniĂšres grĂące Ă  des Ă©changes avec des partenaires ou des alliĂ©s. Il faut cependant rester prudent et conserver toujours un esprit critique pour Ă©viter toute tentative d’enfumage ou de manipulation de la part d’un alliĂ© comme les États-Unis lorsque dans certains domaines nous accusons une lacune et donc une dĂ©pendance. Il ne faut pas, en raison d’un manque d’informations dĂ» Ă  une lacune des moyens nationaux, se laisser entraĂźner dans des actions qui rĂ©pondent aux intĂ©rĂȘts d’un alliĂ© comme les États- Unis qui peut mentir avec l’information fournie. Il ne s’agit pas ici de fantasme mais d’un constat vĂ©cu au cours de la guerre en ex-Yougoslavie. Par ailleurs, j’ajoute que pendant la Guerre froide, l’ennemi Ă©tait bien le Pacte de Varsovie dirigĂ© par l’ex-URSS. Cette guerre nous l’avons gagnĂ©e, il y a maintenant plus de trente ans. Mais depuis, beaucoup de choses ont changĂ© qui auraient pu conduire Ă  de nouvelles relations politiques entre d’une part les pays europĂ©ens et notamment l’Union europĂ©enne et d’autre part la Russie. D’ailleurs, sur le plan des Ă©changes commerciaux c’est bien ce qu’il s’est passĂ© depuis le dĂ©but des annĂ©es 2000. Mais les sanctions Ă©conomiques dĂ©crĂ©tĂ©es aprĂšs l’agression de l’Ukraine traduisent le reniement de tout le travail entrepris depuis de nombreuses annĂ©es sur le continent europĂ©en dans l’intĂ©rĂȘt bien compris de chacun. Il est regrettable qu’un rapprochement plus concret avec la Russie n’ait pas Ă©tĂ© recherchĂ© notamment dans le domaine de l’analyse et de la lutte contre l’islamisme, menace majeure qui pĂšse sur l’ensemble du continent europĂ©en et qui nous est commune. D’ailleurs, c’est bien cette menace qui a conduit la Russie Ă  intervenir efficacement en Syrie en fin d’annĂ©e 2015, Ă©vitant ainsi l’effondrement de ce pays qui aurait entraĂźnĂ© la prise de pouvoir par les islamistes. Ces derniers auraient provoquĂ© ensuite par un effet domino la dĂ©stabilisation du Liban et de la Jordanie, entraĂźnant une nouvelle vague importante de rĂ©fugiĂ©s. Mais il est vrai que les EuropĂ©ens vassalisĂ©s ne sont capables ni de comprendre quels sont leurs propres intĂ©rĂȘts ni de dĂ©signer l’ennemi. L’exemple du conflit Ukraine-Russie est emblĂ©matique de cette incapacitĂ©. Le narratif fourni par le rĂ©gime ukrainien et relayĂ©, voire imposĂ© par les États-Unis est le seul prĂ©sentĂ© par des mĂ©dias subventionnĂ©s et leurs journalistes bafouent et trahissent la Charte de Munich. Ce narratif n’est en rien le produit de services de renseignement professionnels et scrupuleux mais plutĂŽt celui d’une entreprise de dĂ©formation de la rĂ©alitĂ© engagĂ©e par des acteurs partiaux dont le moins qu’on puisse dire est qu’ils n’ont pas toujours Ă©tĂ© aussi virulents Ă  l’égard d’un autre agresseur, les États-Unis. N’est-il pas lĂ©gitime de s’interroger sur les vĂ©ritables motivations de ceux qui cherchent Ă  imposer cette lecture partiale et Ă  empĂȘcher toute rĂ©flexion indĂ©pendante et sĂ©rieuse ? À l’évidence, elles existent et des questions doivent ĂȘtre posĂ©es pour nous Français qui a dĂ©cidĂ© de limoger le gĂ©nĂ©ral commandant la DRM? A-t-il Ă©tĂ© relevĂ© de son commandement parce que la DRM n’adhĂ©rait pas Ă  la version des faits que les États-Unis voulaient imposer ? Pourquoi a-t-on choisi de nous aligner sur l’analyse amĂ©ricaine et de rejeter celle de la DRM parfaitement fondĂ©e et qui, en ne privilĂ©giant pas l’hypothĂšse d’une attaque russe, offrait l’opportunitĂ© Ă  nos dirigeants de tenter de faire baisser les tensions en provoquant des discussions ? Pourquoi nos mĂ©dias ne cessent de commencer certains propos par selon les services de renseignement amĂ©ricains » ? Pourquoi ne jamais parler du point de vue de nos services de renseignement ? A-t-on demandĂ© Ă  nos experts du renseignement de se taire aprĂšs le limogeage contestable du gĂ©nĂ©ral commandant la DRM ? Cette guerre est un grand malheur pour l’Europe dont les dirigeants ne savent malheureusement pas tirer les leçons de l’Histoire parce qu’ils sont aveuglĂ©ment soumis aux États-Unis dont le but est d’empĂȘcher tout rapprochement avec la Russie. Cette guerre est bien celle des AmĂ©ricains et n’est absolument pas dans l’intĂ©rĂȘt des EuropĂ©ens qui se suicident Ă©conomiquement et gĂ©opolitiquement en raison des sanctions dĂ©cidĂ©es contre la Russie. La France n’a aucun intĂ©rĂȘt Ă  dĂ©fendre en Ukraine ou en Mer Noire. Les intĂ©rĂȘts bien compris de la France sont d’avoir et de dĂ©fendre une analyse indĂ©pendante pour conduire une politique Ă©trangĂšre souveraine qui ne soit pas dictĂ©e par un alliĂ© puissant comme les États-Unis avec lequel nous pouvons avoir des points d’accord, mais de dĂ©saccords aussi, ou par l’OTAN devenue une organisation non seulement offensive, mais belliciste au service des seuls intĂ©rĂȘts amĂ©ricains et certainement pas europĂ©ens. Cela est d’autant plus Ă©vident et nĂ©cessaire qu’à un moment ou Ă  un autre des relations nouvelles avec la Russie devront ĂȘtre rĂ©tablies pour reconstruire un espace de sĂ©curitĂ© dans lequel elle a, que certains le veuille ou pas, toute sa place. Cela nous concerne directement nous EuropĂ©ens et en particulier Français. Il faut assurer la protection des peuples europĂ©ens et la stabilitĂ© du continent europĂ©en. C’est l’intĂ©rĂȘt de l’Europe et donc de l’UE, manifestement pas celui des États-Unis. Car le risque d’une conflagration rĂ©side aujourd’hui dans le fait que la situation militaire n’évolue pas dans le sens attendu par les États-Unis, malgrĂ© l’aide massive apportĂ©e Ă  l’Ukraine, ce qui contrarie fortement les objectifs de ces derniers et les conduits Ă  radicaliser leur discours. Circonstance aggravante, ce conflit oppose en rĂ©alitĂ© les États-Unis Ă  la Russie, les deux plus grandes puissances nuclĂ©aires au monde et les dirigeants amĂ©ricains et russes ne se parlent pas ! Et ce n’est certainement pas, le prĂ©sident français qui pourra jouer dorĂ©navant l’intermĂ©diaire. Il n’a pas rĂ©ussi Ă  le faire dans la mesure oĂč sa dĂ©marche Ă©tait partisane dĂšs le dĂ©but et parce que sa vision de la diplomatie Ă  ciel ouvert, avec les indiscrĂ©tions sur des conversations tenues avec Vladimir Poutine l’a discrĂ©ditĂ©. Peut-on rappeler que lors de la crise des missiles de Cuba en 1962, c’est bien une nĂ©gociation – donc le dialogue – entre les États-Unis et l’ex-URSS qui mit fin Ă  l’escalade ? Sans ce dialogue, une guerre nuclĂ©aire aurait pu avoir lieu. L’ex-URSS avait bien compris que cette question Ă©tait considĂ©rĂ©e comme existentielle par les États-Unis et leur projet fut sagement abandonnĂ©. Les États-Unis seront-ils capables aujourd’hui de reconnaĂźtre, Ă  leur tour, que la question de l’Ukraine est une question existentielle pour la Russie et qu’il est temps de renoncer Ă  leur entreprise ? Quant Ă  l’Union europĂ©enne, se rend-elle compte que non seulement elle sacrifie Ă©conomiquement les peuples qu’elle est censĂ©e protĂ©ger mais qu’elle les place en premiĂšre ligne dans l’éventualitĂ© d’un dĂ©bordement des combats militaires hors du champ actuel alors que cette guerre n’est pas la sienne ? Sa responsabilitĂ© dans l’évolution de la situation des derniĂšres semaines prĂ©cĂ©dant le 24 fĂ©vrier dernier est grande. En n’ayant pas voulu admettre que l’Ukraine ne pouvait pas adhĂ©rer Ă  l’OTAN aprĂšs l’expansion continue de cette derniĂšre jusqu’aux frontiĂšres russes depuis la fin de la Guerre froide, en n’ayant pas osĂ© chercher Ă  convaincre les États-Unis de la lĂ©gitimitĂ© de la position de la Russie sur le sujet, l’Union europĂ©enne a commis une faute inexcusable. Car cette faute se traduira, en plus des consĂ©quences dramatiques des sanctions Ă©conomiques que subiront les peuples europĂ©ens, par un suicide gĂ©opolitique et gĂ©ostratĂ©gique et par l’éclatement de l’Ukraine qui aurait pu ĂȘtre Ă©vitĂ©. En effet, aprĂšs le lourd tribut payĂ© par la Russie au cours de la premiĂšre phase de cette guerre, penser que des nĂ©gociations, lorsqu’elles auront lieu, permettraient Ă  l’Ukraine de revenir Ă  la situation d’avant le 24 fĂ©vrier 2022 est une grosse erreur. L’acharnement des États-Unis, de l’OTAN et de l’UE Ă  prolonger un conflit pourtant perdu d’avance et l’entĂȘtement du prĂ©sident ukrainien placent, en fait, la Russie en position de force. Le temps joue pour cette derniĂšre qui pourrait dĂ©sormais chercher Ă  reconstituer la Novorossiya annexe 5 donnant naissance Ă  un nouvel État qui resterait sous la houlette de Moscou, ou qui serait annexĂ© Ă  la Russie. On constate les consĂ©quences pour nous EuropĂ©ens d’un alignement pavlovien d’une Union europĂ©enne totalement soumise Ă  des États-Unis prĂȘts Ă  sacrifier des vies europĂ©ennes pour atteindre des objectifs qui sont contraires Ă  nos intĂ©rĂȘts sur le continent europĂ©en. N’est-il pas temps que la raison reprenne ses droits et que l’UE s’émancipe enfin de la tutelle exercĂ©e abusivement par des États-Unis tout puissants qui l’empĂȘche de dĂ©cider par elle-mĂȘme ? Il est temps d’adopter une approche politique des problĂšmes de nature gĂ©opolitique et gĂ©ostratĂ©gique en fonction des impĂ©ratifs liĂ©s Ă  la rĂ©alitĂ©. Les mois qui viennent seront dĂ©cisifs pour l’Union europĂ©enne. Soit elle rĂ©alise que cette guerre entre l’Ukraine et la Russie Ă©tait largement Ă©vitable et qu’elle a commis une erreur en suivant aveuglĂ©ment les États-Unis et l’OTAN dans une dĂ©marche contraire Ă  ses propres intĂ©rĂȘts sur le continent europĂ©en. Cela pourrait se traduire par un sursaut collectif qui pourrait d’ailleurs ĂȘtre provoquĂ© par les consĂ©quences dĂ©sastreuses des sanctions dĂ©cidĂ©es contre la Russie que vont subir les peuples europĂ©ens. Soit l’Union europĂ©enne persiste dans son erreur qui traduit, en fait, une approche essentiellement antirusse de cette crise. Cela prĂ©cipiterait alors sa chute et sa perte de crĂ©dibilitĂ© et d’influence notamment sur le continent europĂ©en. Les peuples europĂ©ens auraient alors Ă  souffrir beaucoup plus fortement et durablement que la Russie des nombreuses consĂ©quences des sanctions Ă©conomiques dĂ©cidĂ©es. J’ajoute que la France prĂ©sidait l’Union europĂ©enne pendant le premier semestre 2022. Elle a malheureusement manquĂ© le rendez-vous capital que l’Histoire lui offrait avec cette crise, avant et aprĂšs son dĂ©clenchement. Il se pourrait bien qu’elle nous le fasse payer. Le 20 juillet 2022 GĂ©nĂ©ral 2s Antoine MARTINEZ article complet, annexes
Lesfaits :Au dĂ©but de la pandĂ©mie de coronavirus, lors du premier verrouillage, l’Organisation mondiale de la propriĂ©tĂ© intellectuelle (OMPI) a accordĂ© un brevet Ă  Microsoft.Le brevet WO 060606 dĂ©clare que « l’activitĂ© du corps humain peut ĂȘtre utilisĂ©e dans un processus de minage d’un systĂšme de crypto-monnaie ».Les donnĂ©es recueillies peuvent concerner
Navigation des articles Alors que le ministre de la Transition Ă©cologique et solidaire Nicolas Hulot est l’objet de trĂšs nombreuses critiques depuis plusieurs semaines en rĂ©sumĂ© Ă  quoi sert-il dans ce gouvernement ?, le maire de Grenoble Éric Piolle a publiĂ© vendredi, sur les rĂ©seaux sociaux, un texte dont voici des extraits “En devenant ministre d’État, Nicolas Hulot savait qu’il devrait faire face Ă  des puissants vents contraires. Que les victoires ne seraient pas quotidiennes ; qu’elles seraient collectives et les dĂ©faites toujours personnelles. Nous le savions tous. Nous Ă©tions alors nombreux Ă  lui souhaiter du courage, Ă  l’enjoindre de tenir bon, Ă  lui dire qu’il pouvait compter sur nous quand la tĂąche serait rude. Pendant les premiers mois de la mandature, il a gagnĂ© des arbitrages, en a perdu d’autres. Tout Ă©tait prĂ©visible [
] En Ă  peine quelques mois, il a rĂ©ussi Ă  engager le Parlement et le gouvernement sur des rails irrĂ©versibles. Son plan climat prĂ©voit la neutralitĂ© carbone de la France Ă  horizon 2040, tout comme la fin des ventes de voitures Ă  essence et diesel. C’est la promesse d’une rĂ©volution [
] La rĂ©ussite du mandat de Nicolas Hulot est nĂ©cessaire Ă  tous et donc notre responsabilitĂ© collective [
] Le discrĂ©diter lorsqu’il perd un rapport de force c’est fragiliser la capacitĂ© Ă  gagner les futures batailles qui l’attendent. Et elles seront nombreuses [
] Ne dĂ©truisons pas le seul qui, Ă  l’échelle nationale, et en terrain hostile, conserve des marges d’actions”. PubliĂ© par le DauphinĂ© Votez – Nicolas Hulot doit-il quitter le gouvernement ? Bonjour, Un sondage du Figaro Ă  ne pas manquer Merci Ă  Yannick pour l’info Alain Question mal posĂ©e aucune argumentation, ça ne ressemble pas Ă  ce que nous offre cyberacteurs d’habitude. Renoncez Ă  ce simplisme. TH. Il est absurde de rĂ©pondre Ă  ce sondage et de figurer parmi les ” NON ! ” qui le dĂ©sapprouvent aprce qu’ils sont pro nuke !!! Anne 78% de OUI, les français sont vraiment inconsĂ©quents !!! Cordialement, Jacques Pour faire remonter d’un milliĂšme de point le NON 
. Christian sondage ambigĂŒ si on rĂ©pond non est-ce parce qu’on en veut plus de 50 % ou moins ?le plus simple c’est encore de sortir d’EDF quand ils auront perdu 20 Ă  30 % de clients ils seront bien obligĂ©s de fermer des centrales Ă  dĂ©faut de fermer la boutique amicalement jp Bonsoir Alain, C’est un sondage du Figaro, donc porte sur le lectorat le plus attachĂ© au tout nuclĂ©aire pour toujours
Donc nos votes de quelques Cyberacteurs mĂȘme motivĂ©s ne pĂšsent pas lourd dans ce sondage! De plus, ils choisissent 2035 et non une date plus prĂ©coce. Les lecteurs du Figaro sont donc pires que je ne pensais! Cordialement Alain 77% oui 23% non
 on n’est pas sortis de la m
! solidairement VĂ©ronique ‌sondage Ă  pleurer ! bravo les lecteurs du Figaro, fidĂšles Ă  eux-mĂȘme ! BĂ©atrice le rĂ©sultat du vote n’est guĂšre Ă©tonnant venant des lecteurs du Figaro
d’autant plus qu’on peut voter plusieurs fois j’ai votĂ© avec 2 adresses mail diffĂ©rentes !amitiĂ©s Christine Salut c’est quoi ce que vous cherchez Ă  faire avec ce mail relatif Ă  un sondage publiĂ© par le figaro dans sa page “verte?” sponsorisĂ©e par EDF ? ĂȘtes-vous allĂ© lire les commentaires Ă©mis Ă  propos de ce sondage ? Venant des lecteurs du figaro, difficile d’ĂȘtre surpris mais de la Ă  donner une pub Ă  ce type de manipulation. Le bourrage de crĂąne depuis les dĂ©buts du nuclĂ©aire français est tel qu’il est inutile d’ajouter Ă  la dĂ©sinformation Je vous ai financĂ© l’an dernier et je dois sĂ©lectionner les organismes que je veux soutenir cette annĂ©e. J’aimerais ne pas avoir Ă  regretter mon choix ! MaĂŻtĂ© Avant que les uns et les autres vous rĂ©pondiez Ă  ce sondage par la nĂ©gative je parie , laissez moi vous dire que l’objectif n’a jamais Ă©tĂ© atteignable , pour la bonne raison qu’il aurait fallu s’y mettre bien plus tĂŽt ! Libres Ă  nos dirigeants de feindre la surprise , libres Ă  nous de ne pas , une fois de plus , nous laisser mener en bateau ! Amicalement . GeneviĂšve Le problĂšme est le retard sur les Ă©nergies renouvelables. C’est sur cela qu’il faut travailler
 Car autrement cela donnera ce qui se passe en Allemagne avec le charbon
 Marie-Claude J'ai votĂ© non mais les rĂ©sultats sont dĂ©sastreux 76% oui - 24% non pour 45401 votants. Amicalement Jacqueline Je doute de leur impartialitĂ© 
 Cordialement, Sylvie C’est affreux ! Ce soir le oui pour le report l’emporte largement quelle honte ! On ne pourrait pas prĂ©voir des visites guidĂ©es intenses Ă  Tcherno ou Fushi ? Qu’ils voient de prĂšs ce qui se passe lĂ  bas et bientĂŽt chez nous ? 
 Bonne soirĂ©e quand mĂȘme, michel bonjour, fallait-il s’attendre Ă  des miracles sur un sondage du Figaro? Denis Tout Ă  fait d’accord François COMMUNIQUE DE PRESSE ECVC appelle les autoritĂ©s espagnoles et europĂ©ennes Ă  garantir les droits collectifs des agriculteurs sur les semences _Bruxelles__, le 19 octobre 2017_ – A quelques jours de la rĂ©union de l’Union internationale pour la protection des variĂ©tĂ©s vĂ©gĂ©tales UPOV Ă  GenĂšve – la condamnation rĂ©cente Ă  des peines d’emprisonnement et Ă  de lourdes amendes d’agriculteurs espagnols dont le seul “crime” est l’utilisation de graines de leurs propres rĂ©coltes gĂ©nĂšre beaucoup d’indignation. Nous rappelons que la Convention actuelle de l’UPOV criminalise et pĂ©nalise les producteurs qui sĂšment ou Ă©changent leurs propres semences. Elle prive aussi les agriculteurs de toute offre de graines librement reproductibles», minant ainsi la sĂ©curitĂ© alimentaire non seulement de l’Europe mais du monde. L’UTILISATION DURABLE DES RESSOURCES GÉNÉTIQUES VÉGÉTALES ET LES DROITS DES AGRICULTEURS DEVRAIT ÊTRE PRIORITAIRE SUR LES DROITS DE PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE. LES AGRICULTEURS NE PEUVENT PAS ÊTRE CRIMINALISÉS POUR LE RÉEMPLOI DE LEURS GRAINES. Les systĂšmes semenciers paysans dits informels» ne fonctionnent pas de la mĂȘme maniĂšre que le systĂšme de semences industriel formel» et les lois rĂ©gissant le systĂšme industriel formel sont contraires aux droits collectifs des agriculteurs organisĂ©s par les systĂšmes paysans informels», “En Espagne, dit JOSÉ MANUEL BENITEZ CASTAÑO, AGRICULTEUR ET MEMBRE DE COAG _Coordinadora de Organizaciones de Agricultores y Ganaderos_, la tradition de rĂ©emploi des semences par l’agriculteur dans les cultures de cĂ©rĂ©ales et lĂ©gumineuses est rĂ©pandue dans les petites exploitations Ă  faible productivitĂ© pluviale. En raison du climat, nos conditions de production sont trĂšs limitĂ©es pour l’expression du potentiel productif des variĂ©tĂ©s industrielles amĂ©liorĂ©es “. GUY KASTLER, MEMBRE DE LA CONFÉDÉRATION PAYSANNE, SYNDICAT FRANÇAIS MEMBRE D’ECVC, dĂ©nonce pour sa part l’obligation faite aux petits agriculteurs d’utiliser des variĂ©tĂ©s enregistrĂ©es au catalogue officiel qui sont presque toutes protĂ©gĂ©es par un droit d’obtention vĂ©gĂ©tale DOV dĂ©coulant de l’Accord UPOV et rajoute Nous considĂ©rons que lorsque nous achetons des semences certifiĂ©es, la redevance est dĂ©jĂ  versĂ©e. Il n’y a aucune raison de payer Ă  nouveau pour chaque nouvelle multiplication de nos propres semences Ă  la ferme et pour les Ă©changes rĂ©alisĂ©s dans le cadre de l’entraide entre agriculteurs. » LA PRÉSERVATION, LE RENOUVELLEMENT ET L’UTILISATION DURABLE DES RESSOURCES PHYTOGÉNÉTIQUES REPOSENT PRINCIPALEMENT SUR LES DROITS DES AGRICULTEURS DE CONSERVER, D’UTILISER, D’ÉCHANGER ET DE VENDRE LEURS PROPRES SEMENCES. TOUTE RESTRICTION DE CES DROITS EST CONTRAIRE À LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET AUX OBJECTIFS DU TRAITÉ INTERNATIONAL SUR LES RESSOURCES PHYTOGÉNÉTIQUES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE ITPGRFA. LES ÉTATS QUI ONT SIGNÉ LE TRAITÉ DEVRAIENT INCLURE DANS LEUR LÉGISLATION NATIONALE L’INTERDICTION DE PORTER ATTEINTE À CES DROITS DES PAYSANS. Dans toutes les parties de l’Europe, l’agression de la grande industrie des semences contre les droits des petits agriculteurs de conserver, d’utiliser, d’échanger et de vendre leurs propres semences se multiplient. Si l’industrie veut ainsi tester la capacitĂ© de rĂ©sistance des paysans, elle ne fera que la renforcer ! ECVC appelle les paysans en Europe Ă  s’unir pour rĂ©sister Ă  cette agression et Ă  dĂ©fendre leurs droits. Contacts * ANTONIO ONORATI – ComitĂ© de Coordination ECVC +39 3408 2194 56 – FR, ES, IT, EN * GUY KASTLER – ConfĂ©dĂ©ration Paysanne – ECVC +33 6 03 94 57 21 – FR * CRISTINA SANCHO ESTEBAN – ComitĂ© de Coordination ECVC +34 645 310 397 – ES Deux jours d’immersion en pleine nature en Ria d’Etel ! Vous serez dans un cadre magnifique au milieu des prĂ©s salĂ©s, dans une ambiance paisible, accompagnĂ© par les chevaux qui nous aideront en dĂ©bardage. L’objectif sera de protĂ©ger les prĂ©s salĂ©s d’une plante exotique envahissante le Baccharis halimifolia. L’occasion aussi de dĂ©couvrir l’ambiance de la Ria avec des interventions de spĂ©cialistes et de partager une expĂ©rience de vie collective respectueuse des Ă©quilibres Ă©cologiques et humains. Chantier organisĂ© par le Syndicat Mixte de la Ria d’Etel gestionnaire de l’Espace Naturel et l’association Al’Terre Breizh. En savoir plus Association Al’Terre Breizh, 09 72 37 18 24 ou contact Merci de relayer ce message dans vos rĂ©seaux pour que l’information aille jusqu’aux personnes intĂ©ressĂ©es. Bonjour Ă  toutes et Ă  tous, Certains d’entre vous ont dĂ©jĂ  entendu parler de notre projet de construction d’école en Ă©conomie circulaire Ă  impact positif , des ateliers participatifs, de l’étude biodiversitĂ© menĂ©e sur le site de notre future Ă©cole, etc. Les enseignants, trĂšs investis dans le projet, font par ailleurs un travail pĂ©dagogique exemplaire en matiĂšre environnementale, ce qui a valu Ă  l’école d’obtenir le label d’éco-Ă©cole. A l’occasion d’une semaine dite banalisĂ©e, les enfants de maternelle et de primaire ont composĂ© onze chansons et les ont illustrĂ©es. Les comptines créées par les enfants de maternelle reprennent des musiques bien connues des petits. Les Ă©coliers de primaire ont composĂ© des musiques originales pour leurs chansons avec l’aide de Fabienne Marsaudon , bien connue en Bretagne notamment pour sa chanson Autour de la Ria et de Nicolas Kervazo. Tous les textes ont une rĂ©sonnance environnementale. L’une des chansons s’inspire du projet de construction de la future Ă©cole Plus Belle l’école. Les autres ont des titres Ă©vocateurs comme Recyclage magique, ZĂ©ro dĂ©chet, Petite mĂšre la terre, etc. Lors de cette semaine, de nombreux autres ateliers se sont dĂ©roulĂ©s, sur le zĂ©ro gaspillage alimentaire, sur la conception architecturale et le biomimĂ©tisme, etc. Tout ce travail a permis la crĂ©ation d’un beau livre CD dont la mise en page a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e par David Yven, graphiste et directeur artistique de la revue Bretons. Ce livre est destinĂ© aux Ă©coles, Ă  tous les enfants et Ă  tous ceux qui ont envie de rĂȘver et d’agir pour un monde meilleur. DĂšs aujourd’hui, profitez de la prĂ©vente pour le rĂ©server voir bulletin en piĂšce jointe Sortie du livre-disque Tous Ă©co-Ă©coliers en dĂ©cembre Nous comptons sur vous pour en faire un succĂšs ! Participez au changement ! N’hĂ©sitez pas Ă  en parler autour de vous. Bien cordialement HĂ©lĂšne Danel Adjointe au maire au DĂ©veloppement durable de Sainte-HĂ©lĂšne Morbihan Vice PrĂ©sidente ce Cyberacteurs Dans le cadre d’une “innovation action » co-financĂ©e par la Commission EuropĂ©enne, nous avons le plaisir d’avoir Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ© pour le prix “radar de l’innovation » dans la catĂ©gorie Early Stage Innovation. Nous sommes dĂ©jĂ  parmi les 50 projets les plus innovants de 2017 Ă  l’échelle EuropĂ©enne. Nous avons besoin de rĂ©colter le plus de voix possibles pour ĂȘtre au minimum en 4eme position. Etre dans les 4 premiers nous permettrait de prĂ©senter nos actions lors d’un Ă©vĂ©nement Ă  Budapest ICT proposers day et nous donnerait une grande visibilitĂ©. Nous avons besoin d’une forte mobilisation ! Cette technologie que nous avons co-dĂ©veloppĂ© va permettre de rendre accessible Ă  de nombreux hĂŽpitaux une technologie rĂ©volutionnaire d’imagerie mĂ©dicale qui permet d’analyser le fonctionnement du cerveau. Notre solution rĂ©duit le coĂ»t de l’équipement d’un facteur 5. Cette innovation contribuera Ă  un meilleur diagnostic et Ă  de nouveaux traitements pour les maladies neurologiques. Le concours de la Commission EuropĂ©enne donnera plus de visibilitĂ© Ă  cette innovation et permettra de rĂ©colter des financements complĂ©mentaires pour sa commercialisation. Vos voix comptent !! si vous pouvez mobiliser Ă©galement vos rĂ©seaux famille, amis et Ă©quipe, on aura une chance de passer de la 5eme mauvaise place actuelle Ă  la 4eme position souhaitĂ©e ! La date limite des votes est le 15 octobre minuit
 et il semblerait qu’on puisse voter une fois par jour
mais je viens de m’en rendre compte; Des votes multiples sont possibles Ă  partir de mobile, ordi et tablettes ! Merci d’avance de voter pour BLUMORPHO et de relayer si cela vous amuse Le 21 octobre, nous vous invitons Ă  une mobilisation pour continuer Ă  poser les bases d’un avenir sans aĂ©roport, Ă  travers une nouvelle Ă©tape dans la mise en partage de terres sur la ZAD. A l’initiative de COPAIN 44, de SĂšme Ta ZAD, d’ et d’ au projet. Depuis la victoire face Ă  l’opĂ©ration CĂ©sar en 2013, le mouvement a mis en culture plus de 200ha de terres sur la ZAD. Il s’agissait Ă  chaque fois de terres reprises Ă  celles gĂ©rĂ©es par AGO-VINCI et destinĂ©es par cette multinationale Ă  ĂȘtre englouties sous le bĂ©ton. S’y sont dĂ©veloppĂ©es une grande diversitĂ© d’activitĂ©s paysannes cĂ©rĂ©ales, lĂ©gumineuses, maraĂźchages, plantes mĂ©dicinales, verger, jardins, apiculture, Ă©levage de moutons, vaches, poules, avec leurs espaces de transformation boulangeries, meunerie, conserverie
 et de redistribution marchĂ© Ă  prix libre pour les de la ZAD et des des alentours, soutien Ă  des projets de cantines, piquets de grĂšve et autres luttes. Sur la ZAD, ces expĂ©riences paysannes sont Ă©troitement entremĂȘlĂ©es avec les pratiques d’autonomie sur des questions de construction, d’habitat, de soin, de fĂȘte
 Elles sont prises dans la rĂ©sistance contre le projet d’aĂ©roport et plus gĂ©nĂ©ralement dans les solidaritĂ©s qui se tissent ici face Ă  la marchandisation de nos vies et Ă  la destruction du vivant. Elles se pensent en lien avec le soin du bocage – de sa faune et de sa flore – que nous avons rĂ©ussi Ă  dĂ©fendre victorieusement jusqu’ici. A l’occasion du 21 octobre, nous vous appelons Ă  soutenir l’installation de plusieurs nouveaux projets sur les terres de la ZAD – officiels ou hors-cadre vergers pour des groupements d’achat nantais et pour la ZAD, pĂąturages Ă  moutons, champs de patate, cĂ©rĂ©ales, jardins vivriers
 Ce sera aussi l’occasion de marquer la prise en charge par le mouvement des espaces boisĂ©s – forĂȘts et haies de la ZAD. Dans le contexte de la mĂ©diation qui finira en dĂ©cembre et Ă  l’issue de laquelle le nouveau gouvernement est censĂ© trancher sur la question de l’aĂ©roport, cette journĂ©e de mobilisation est lĂ  pour rappeler notre dĂ©termination intacte Ă  empĂȘcher ce projet. Nous y redirons notre aspiration commune, aprĂšs l’abandon, Ă  poursuivre le processus de prise en charge Ă  long terme des terres de la ZAD, pensĂ©es comme un bien commun de la lutte. Celles-ci doivent ĂȘtre gĂ©rĂ©es par une entitĂ© issue du mouvement pour de nouvelles installations et non aller Ă  l’agrandissement d’exploitations existantes. Il s’agit de rĂ©affirmer ensemble le 21 octobre que les formes de vie, de lutte, d’agriculture et d’activitĂ©s qui se sont construites sur ce bocage au fil des annĂ©es doivent pouvoir s’y maintenir et se poursuivre. Dimanche 22 discutons de la suite de la lutte ! Invitation aux comitĂ©s, organisations, collectifs, individus qui luttent de prĂšs ou de loin contre l’aĂ©roport et son monde. A la Wardine dimanche 22 octobre, de 10h Ă  17h. Voir invitation dĂ©taillĂ©e ici. En pratique La journĂ©e du 21 octobre commencera par une manifestation, outils agricoles en main, jusqu’à certaines des terres nouvellement investies. AprĂšs un pique-nique, tout le monde sera conviĂ© Ă  participer Ă  des chantiers agricoles, de construction et autres sur les terres nouvellement investies, ainsi qu’à des balades aux alentours. Des discussions auront aussi lieu pour Ă©changer sur les enjeux actuels et les suites du mouvement. La soirĂ©e se poursuivra avec des cantines, un bar et des concerts. Pour plus d’infos sur le dĂ©roulĂ© prĂ©cis de la journĂ©e A l’initiative de COPAIN 44, de SĂšme Ta ZAD, d’ et d’ au projet.” L’ACIPA apporte son soutien Ă  la journĂ©e du 21 octobre. A l’occasion des Etats GĂ©nĂ©raux de l’Alimentation, les acteurs du commerce Ă©quitable labels, entreprises, associations, distributeurs
, rĂ©unis au sein de la Plate-Forme pour le Commerce Equitable, proposent 10 solutions pour rĂ©munĂ©rer Ă©quitablement les producteurs, assurer la transition Ă©cologique et solidaire de notre agriculture et promouvoir des choix de consommation privilĂ©giant une alimentation saine, sĂ»re et durable. UNE RÉFLEXION COLLECTIVE DĂšs le dĂ©but des Etats GĂ©nĂ©raux de l’alimentation lancĂ©s en juillet dernier, 50 organisations se sont rassemblĂ©es au sein d’une plate-forme citoyenne pour une transition agricole et alimentaire » pour porter collectivement des propositions concrĂštes Ă  la table des concertations. Ainsi, 63 propositions ont Ă©tĂ© formulĂ©es autour de 7 thĂ©matiques Ă  lire ici. La Plate-forme pour le commerce Ă©quitable a choisi d’en retenir 10 en prioritĂ©, qui reprennent les objectifs et les principes du commerce Ă©quitable. Il est maintenant dĂ©cisif de se mobiliser pour faire entendre la voix du commerce Ă©quitable voter sur le site en ligne dĂ©diĂ©, ouvert jusqu’au 20 octobre. LES 10 PROPOSITIONS => Cliquer sur chaque proposition pour ĂȘtre dirigĂ© vers le site de vote en ligne. Donner les moyens Ă  la restauration collective d’atteindre 50 % de produits durables labellisĂ©s/sous signe de qualitĂ©, locaux, de saison Ă  l’horizon 2022 dont 30 % de produits bio, locaux et Ă©quitables en productions animales comme vĂ©gĂ©tales. Accompagner financiĂšrement et techniquement les agriculteurs-ices dans la transition agro-Ă©cologique pour s’adapter aux changements climatiques en modifiant leurs pratiques tout en prĂ©servant les ressources naturelles et la biodiversitĂ© Ă©viter la “mal-adaptation”. PrivilĂ©gier la rĂ©silience et l’autonomie des exploitations et les stratĂ©gies territoriales plutĂŽt que les investissements lourds qui dĂ©gradent le climat et les Ă©cosystĂšmes. Lancer un large programme national d’éducation Ă  la consommation citoyenne et durable pour favoriser des produits locaux, issus de l’agriculture biologique et du commerce Ă©quitable et accompagner les changements de modes de consommation. CrĂ©er des conseils citoyens de l’agriculture et de l’alimentation dans les territoires pour recrĂ©er du lien entre les consommateurs et les producteurs-ices agricoles. Rendre transparent le partage de la valeur, en renforçant les moyens et capacitĂ©s d’action de l’Observatoire des prix et des marges. Faire Ă©voluer le droit de la concurrence pour permettre aux organisations de producteurs-ices et aux interprofessions de discuter des prix afin de renforcer leur pouvoir de nĂ©gociation et garantir des prix Ă©quitables, rĂ©munĂ©rateurs et stables. Soutenir, en s’appuyant sur la loi ESS de 2014, le dĂ©veloppement de filiĂšres françaises et internationales de Commerce Équitable qui tendent vers des systĂšmes de production durables et favorisent l’agro-Ă©cologie. RĂ©orienter les subventions de la Politique agricole commune PAC de l’Union europĂ©enne en faveur de l’agriculture biologique et de la rĂ©munĂ©ration des services sanitaires et environnementaux que les pratiques agro-Ă©cologiques procurent Ă  l’ensemble de la sociĂ©tĂ©. S’assurer que les accords de libre-Ă©change entre l’Union europĂ©enne et d’autres parties n’impactent pas nĂ©gativement les filiĂšres agricoles françaises ni les paysans-nes du sud, ne mettent pas en pĂ©ril les ressources de la planĂšte et ne menacent pas les normes sociales, sanitaires et environnementales dĂ©cidĂ©es dĂ©mocratiquement dans l’UE y compris celles basĂ©es sur le principe de prĂ©caution. RenĂ©gocier les accords qui ne rĂ©pondent pas Ă  ces critĂšres. En particulier, refuser l’entrĂ©e en vigueur provisoire du CETA accord UE-Canada et obtenir sa renĂ©gociation. Accorder au moins 50 % de l’Aide Publique au DĂ©veloppement “sĂ©curitĂ© alimentaire” au dĂ©veloppement de l’agro-Ă©cologie et de l’agriculture familiale et paysanne au sud. Revue de presse du 05 octobre Le pommeau de douche lumineux pour consommer moins d’eau une bonne idĂ©e cadeau Ă©colo ! Le pommeau de douche lumineux pour consommer moins d’eau une fausse bonne idĂ©e de cadeau en rien Ă©colo ! OhĂ©, les gars, cela va la tĂȘte ! La conso de douche est rĂ©fĂ©rencĂ©e pour 30 l d’eau en moyenne. Et les leds, ils s’allument comment – sans pile -. Je me suis fait avoir avec un robinet du mĂȘme type “MĂ©tĂ©ore”. En plus, Ă  90 € le pommeau, vous Ă©conomiseriez de l’eau en jetant l’argent par la fenĂȘtre 90 3 = 30 m3, le chiffre 3 est celui de 3 euros prix de mon eau locale Ă  Taulignan. JP D PlutĂŽt que de rĂ©pondre Ă  la cyberaction par laquelle 3800 personnes demandent l’arrĂȘt de l’extraction de sable le groupe Roullier envoie sa salariĂ©e demander le retrait de son nom au prĂ©texte de harcĂšlement moral Copie de la lettre Madame, Quand le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt. En concertation avec l’association Le peuple des Dunes de Batz Ă  BrĂ©hat Ă  la demande de qui cette cyberaction a Ă©tĂ© mise en place, nous avons dĂ©cidĂ© de remplacer votre adresse par celle de votre PDG. Par contre permettez-moi Ă  titre personnel de rĂ©pondre au chantage que vous pourrez si vous le souhaitez mettre Ă  exĂ©cution. Votre adresse figure dans l’annuaire de la CAN comme responsable environnement et foncier si ce n’est diffusĂ© publiquement je ne sais pas ce que signifie pour vous publiquement. Vous confirmez d’ailleurs qu’il s’agit bien d’une adresse professionnelle. EmpĂȘchement d’accĂ©der Ă  votre boite mail professionnelle je reçois copie de tous les messages envoyĂ©s par le site et cela ne crĂ©e aucun trouble licite ou illicite ni ne m’empĂȘche de consulter mes messages. Il suffit de crĂ©er un dossier fichier → nouveau → dossier Abandon de l’extraction de sable Puis de crĂ©er un filtre outils → filtres de messages → nom du filtre Abandon de l’extraction de sable, → sujet Abandon de l’extraction de sable Une fois validĂ©, tous les messages ayant comme sujet Abandon de l’extraction de sable iront directement dans le dossier Abandon de l’extraction de sable sans se mĂ©langer avec vos autres messages. Je prĂ©sume d’ailleurs que c’est ce que vous avez fait en revenant de vacances puisque le logiciel comptabilise pour vous le nombre de messages reçusje n’imagine pas que vous vous ĂȘtes amusĂ©e Ă  compter les messages un par un.;o La cyberaction Ă©tant en place depuis 15 jours maintenant, vous ne ferez croire Ă  personne que cela vous a empĂȘchĂ© de travailler. J’attends avec sĂ©rĂ©nitĂ© les dĂ©marches que votre employeur jugera utile de mettre en Ɠuvre pour Ă©viter de rĂ©pondre sur le fond Ă  la demande des 3800 personnes qui vous ont demandĂ© par l’entremise de notre site d’abandonner ce projet d’extraction de sable et qui se sont proposĂ©s comme vos partenaires potentiels pour obtenir la mise en place de collectes de coquilles comme substitution. Cordialement Alain Uguen. PS deux autres cas similaires cyberaction Solidaires de Sherpa Mise en ligne du 16/04/2015 au 29/06/2015 Vinci Ă©choue Ă  faire condamner Sherpa pour atteinte Ă  la prĂ©somption 
 Accusations de travail forcĂ© au Qatar Vinci dĂ©boutĂ© par le tribunal Poursuites-bĂąillons de VINCI contre Sherpa nouvelle victoire Pollution dans le Jaudy. Une cyberaction dĂ©clenche une plainte de la prĂ©fecture Navigation des articles Dansmon livre l’affaire Carlos Ghosn, une incompĂ©tence partagĂ©e, publiĂ© au Ă©ditions Nombre7 j’avance l’hypothĂšse que « l’affaire Carlos Ghosn »

1Dans une acception large, toute relation entre individus supposerait une manipulation », dans le sens oĂč chacun souhaite inflĂ©chir la pensĂ©e ou l’action de son interlocuteur, le comprendre », Ă©tymologiquement avec et prendre p. 12. L’ouvrage se propose de dĂ©finir et de dĂ©crire les actes de langage manipulatoires » p. 14, en les catĂ©gorisant plus spĂ©cifiquement. Pour ce faire, Patrick Charaudeau consacre ses trois premiers chapitres aux rapports qu’entretient le sujet avec la vĂ©ritĂ©, Ă  la maniĂšre dont la vĂ©ritĂ© peut ĂȘtre travestie par la nĂ©gation, et aux moyens stratĂ©giques pour tromper autrui. 2Ces catĂ©gories sont utiles Ă  l’auteur pour dĂ©velopper son point de vue sur la post-vĂ©ritĂ© » au quatriĂšme et dernier chapitre, Ă  une Ă©poque oĂč il est commun de parler de faits alternatifs, de fake-news, d’infox, d’intox, ces fausses nouvelles » qu’il qualifie de contre-vĂ©ritĂ©s » p. 126. Selon le dictionnaire d’Oxford, la post-vĂ©ritĂ© insiste sur l’aspect Ă©motionnel des croyances [
] “un adjectif dĂ©fini comme se rapportant Ă  ou dĂ©notant des circonstances dans lesquelles les faits objectifs ont moins d’influence sur l’opinion publique que les appels Ă  l’émotion et aux croyances personnelles” » p. 122. Du point de vue langagier, l’auteur s’intĂ©resse Ă  la vĂ©ritĂ© des faits objectifs, en leur croyance ou non, puis Ă  leur transformation en ce qu’il nomme la contre-vĂ©ritĂ© », qui supposerait une crĂ©dulitĂ© » des individus quand ceux-ci y adhĂšrent sans discuter malgrĂ© le rĂ©tablissement de la vĂ©ritĂ© p. 137-140. VoilĂ  le triomphe de la nĂ©gation et de l’opinion sans dialogue, le refus du sens par la foutaise », dont l’objectif serait moins de dire vrai que de nier la vĂ©ritĂ© en se faisant passer pour vrai en produisant une grande force Ă©motionnelle p. 154. 3S’appuyant sur des travaux de sociologie et de psychologie sociale, P. Charaudeau dĂ©peint une humanitĂ© composĂ©e d’individus qui croient plus facilement ce qu’ils veulent croire vrai plutĂŽt que ce qui est vrai, qui se confortent dans leurs croyances et s’y rĂ©fugient, par simplicitĂ©, par dĂ©sir d’appartenance Ă  une communautĂ© partageant ces idĂ©es sur les rĂ©seaux sociaux notamment, malgrĂ© l’existence de raisons rationnelles de ne pas y croire. Comme premiĂšre critique, il me semble qu’il aurait Ă©tĂ© intĂ©ressant d’argumenter en quoi la science normale, dans ses pratiques communautaires, Ă©chappe Ă  ces dĂ©finitions. 4L’auteur dĂ©plore ce temps des post-vĂ©ritĂ©s, celui oĂč la vĂ©ritĂ© est massivement nĂ©gligĂ©e dans un monde postmoderne oĂč l’information numĂ©rique circule vite, mondialement, provenant d’une hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© de sources crĂ©ant un brouillage entre le vrai et le faux ». Ne pas s’en prĂ©occuper serait un manque Ă  exercer son propre jugement et sa libertĂ© intellectuelle, [
] en tant qu’il tĂ©moigne d’une confusion quant aux normes de la croyance et du jugement conduisant Ă  une perversion des buts de la vie intellectuelle » en reprenant les propos du philosophe analytique Pascal Engel, p. 151. 5Ce n’est que vers la fin du livre p. 140-162 que l’on comprend le problĂšme politique de l’auteur, qui rĂ©side dans une certaine conception de la dĂ©mocratie dĂ©finie comme l’expression de la souverainetĂ© populaire. [
] Il est [alors] nĂ©cessaire que le peuple soit correctement informĂ© pour pouvoir exercer ce droit en Ă©tant le plus Ă©clairĂ© possible sur les affaires de la citĂ© ». Cette mĂ©taphore de la lumiĂšre est Ă  entendre dans un sens assez normal pour faire des choix dĂ©mocratiques, il faut connaĂźtre et maĂźtriser la rĂ©alitĂ© afin d’agir dessus, cette rĂ©alitĂ© Ă©tant rationnellement apprĂ©hendĂ©e par ceux qui produisent le savoir de rĂ©fĂ©rence Ă  l’aide d’outils objectifs, en l’occurrence les savants, les experts », et les journalistes. 6L’auteur dĂ©fend le devoir de vĂ©rification par les mĂ©dias, leurs pratiques de dĂ©sintoxication par fact-checking et d’évaluation de la crĂ©dibilitĂ© des experts, ces rubriques de dĂ©codage de l’actualitĂ© qui rĂ©tablissent le bien-fondĂ© de la circulation d’un Ă©noncĂ©. Si l’auteur nous rappelle qu’une information est toujours une construction et donc Ă©mise d’un certain point de vue, il insiste sur la responsabilitĂ© des journalistes quant aux consĂ©quences de leurs publications, en termes de manipulation involontaire » des lecteurs, par le simple fait de publier une information plutĂŽt qu’une autre Ă  moment prĂ©cis. 7Du point de vue langagier, l’expression fait objectif » n’aurait pas de sens, car les faits appartiennent Ă  la rĂ©alitĂ© brute, et c’est le regard que l’on porte dessus qui peut ĂȘtre dit objectif ou subjectif, Ă  travers la façon de dĂ©crire cette rĂ©alitĂ©, dans une circonstance de parole donnĂ©e » p. 123. Il y aurait donc d’un cĂŽtĂ© le monde des faits, et de l’autre le monde du point de vue, chacun permettant de dĂ©finir un type de savoir issu de reprĂ©sentations construites par le langage. Lorsque le discours tend Ă  l’objectivitĂ© des descriptions et des explications sur le monde, par l’usage de mĂ©thodes et d’outils d’analyse scientifiques, il peut dĂ©finir des lois indĂ©pendantes du point de vue du sujet hors-sujet » et de tout acte d’énonciation, en produisant un savoir de connaissance » p. 28-30 Ă  propos du fonctionnement des phĂ©nomĂšnes extĂ©rieurs Ă  toute pensĂ©e. Quand ce savoir est savant », et non de rĂ©vĂ©lation », il est ouvert Ă  la discussion et Ă  la critique, Ă  la rĂ©futation et Ă  la vĂ©rification. La posture Ă©pistĂ©mologique dĂ©fendue par P. Charaudeau, qui engage l’existence d’un monde s’imposant au sujet, pourrait ĂȘtre qualifiĂ©e de rĂ©aliste bien que l’auteur ne se qualifie pas comme tel. Les vĂ©ritĂ©s se donnent Ă  voir dans des formes particuliĂšres, reconnaissables et mises en scĂšne selon certaines rĂšgles socialement admises il s’agit de figures de vĂ©ritĂ© ». Celles qualifiĂ©es de scientifique[s] » p. 38-39 s’appuient sur des procĂ©dures rationalisantes » qui aboutissent Ă  des discours de dĂ©monstrations soumises Ă  la contradiction, et admises comme vĂ©ritĂ©s provisoires. C’est ainsi que le sujet se fait porte-parole d’une vĂ©ritĂ© sur le monde vĂ©rifiable par tout un chacun qui reproduirait les mĂȘmes opĂ©rations en utilisant les mĂȘmes instruments et les mĂȘmes procĂ©dures indĂ©pendantes du sujet, opĂ©rations qui confĂšrent aux Ă©noncĂ©s un statut d’objectivitĂ©. Alors que je vois dans ce rĂŽle de porte-parole les fondements de l’autoritarisme des sciences modernes, P. Charaudeau semble ĂȘtre attachĂ© Ă  cette Ă©pistĂ©mologie. Bien qu’il rappelle que l’interprĂ©tation ne reprĂ©sente pas la rĂ©alitĂ© du monde mais le rĂ©el signifiant qui est construit Ă  partir de celle-ci [
] » p. 124, il insiste sur l’importance de ne pas nier cette rĂ©alitĂ©. 8Le savoir de connaissance est distinct d’un savoir de croyance » p. 30-33 qui dĂ©pend non plus du monde extĂ©rieur mais de sa propre subjectivitĂ©, d’un parti pris, d’un jugement du sujet in-sujet ». Le sujet s’impose au monde de deux maniĂšres. Quand il le juge par rapport Ă  une Ă©chelle de valeurs Ă©thique, esthĂ©tique, pragmatique engageant le sujet, il produit un savoir d’opinion », qui n’énonce pas une vĂ©ritĂ© sur le monde, mais un point de vue sur les vĂ©ritĂ©s du monde » p. 32. Quand il dĂ©crit le monde, il produit un savoir d’expĂ©rience » en supposant que ce qu’il a pu Ă©prouver lui-mĂȘme est Ă©prouvable par tout autre individu dans la mĂȘme situation. Au savoir d’expĂ©rience correspond une figure de vĂ©ritĂ© dite factuelle ». Un Ă©noncĂ© sur un fait est alors considĂ©rĂ© comme vrai s’il est cohĂ©rent et vĂ©rifiĂ© par la perception et le raisonnement de chacun, ou encore par un savoir de croyance commun ». 9Les motifs de manipulations de la vĂ©ritĂ© sont de divers ordres par exemple la croyance absolue, l’intention de nuire ou encore l’amusement. Les contre-vĂ©ritĂ©s peuvent procĂ©der par la modalitĂ© de nĂ©gation des faits, ce qui engendre un discours nĂ©gationniste » p. 126-128 quand elles produisent des explications contestant l’existence de faits, un autre storytelling » et des faits alternatifs », comme le font par exemple les communautĂ©s de platistes, les anti-vaccins ou les climato-sceptiques. Les contre-vĂ©ritĂ©s peuvent aussi procĂ©der par invention » de faits, par exemple lorsque Donald Trump relaie des messages conspirationnistes. Se pose alors la question des intentions, conscientes ou non, de l’émetteur de telles contre-vĂ©ritĂ©s. S’il en est pleinement conscient, il s’agit d’un mensonge qui masque ce qu’il pense p. 59-61. Quand il refoule son savoir, quand il adhĂšre honnĂȘtement Ă  ce qu’il Ă©nonce, quand il refuse inconsciemment ce qu’il sait, pense ou pourrait savoir », il s’agit de dĂ©nĂ©gation » p. 62-65. L’incertitude induite dans le rapport qu’entretient le sujet Ă  son savoir ne peut ĂȘtre reconnue que par un tiers extĂ©rieur qui peut qualifier cette attitude de dĂ©ni ». Ce doute sur la sincĂ©ritĂ© du sujet rapproche le dĂ©ni de la mauvaise foi » p. 65-70, Ă  ceci prĂšs que dans ce dernier cas le sujet veut croire en ce qu’il dit dans un acte de faux-semblant, en taisant ou mettant en sourdine ce qu’il pense. 10Je dĂ©plore avec l’auteur le manque de discussion et de volontĂ© de construction que l’on peut confĂ©rer Ă  des attitudes telles que le mensonge, ou certaines impostures grossiĂšres. Je suis moins convaincu par l’intĂ©rĂȘt des catĂ©gories d’analyse proposĂ©es plus nombreuses dans le livre que celles que je mobilise ici, un peu simplement descriptives et attendues, qui, j’en ai bien peur, sont peu propices Ă  la transformation du monde. Par exemple, en quoi le dĂ©ni, la mauvaise foi et les manipulations ne seraient-ils pas Ă  l’Ɠuvre dans les pratiques scientifiques ? Que resterait-il des grands partages habituels entre connaissances et croyances ? 11Pour souhaiter les maintenir, il faudrait s’accorder sur le postulat de l’auteur soutenant que la dĂ©mocratie a besoin d’un pacte de confiance » entre le peuple et ses dirigeants, et que pour cela le peuple [doit ĂȘtre] informĂ© et bien informĂ© » p. 158. Il m’est difficile de ne pas y voir les mĂȘmes travers qu’avec ce que certains nomment le dĂ©ficit de connaissances », supposant que la non-acceptation sociale du peuple ignorant reposerait sur son manque d’information. Cela revient Ă  donner toujours plus de pouvoir Ă  certains, et moins Ă  d’autres. C’est pourquoi lĂ  oĂč l’auteur voit une fuite de la vĂ©ritĂ©, mon regard se porte plutĂŽt sur le triomphe de la sociĂ©tĂ© des experts et sur les problĂšmes dĂ©mocratiques que suppose ce surplus de lĂ©gitimitĂ©, au-devant de la scĂšne Ă  l’heure de la crise sanitaire liĂ©e au coronavirus, tout autant qu’une pratique intellectuelle qui consiste plus Ă  checker qu’à engendrer une enrichissante discussion dĂ©mocratique. Il me semble que ce n’est pas en maintenant ces distinctions entre savoirs de connaissance et savoirs de croyance que nous pourrons Ă©chapper Ă  l’autoritarisme de ceux qui imposent les contre-vĂ©ritĂ©s tromperie » p. 160 ou de ceux qui pensent la dĂ©tenir.

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Les dĂ©bats autour de la publicitĂ© tendent actuellement Ă  Ă©viter la question de la manipulation pour se concentrer sur les produits promus, les impacts Ă©cologiques des dispositifs publicitaires ou l'agressivitĂ© de certaines formes de promotion. Pourtant, Ă  l'heure oĂč les possibilitĂ©s offertes par les Big Data » et le neuromarketing semblent de plus en plus menaçantes, la manipulation est un sujet particuliĂšrement sensible, qu'il s'agit d'apprĂ©hender avec nuances, en Ă©vitant le complotisme ou la glorification du libre arbitre. En effet, lorsque des publicitaires se dĂ©fendent de manipuler » les consommateurs, c'est au moyen d'une dĂ©finition trĂšs simplificatrice de la manipulation elle est dĂ©finie comme le fait de contraindre physiquement quelqu'un Ă  faire quelque chose. Cette dĂ©finition, qui revient Ă  l'Ă©tymologie du terme manipuler signifie mouvoir avec sa main, pousser, modeler, ne permet pas de rendre compte des formes plus subtiles d'influence des comportements auxquelles recourent aujourd’hui les publicitaires. Il importe donc de prĂ©ciser ce qu'on entend par ce terme de manipulation » et de chercher dans quelle mesure l'activitĂ© publicitaire en relĂšve. DĂ©finir la manipulation nous permettra de la distinguer d'autres formes d'influence, et ainsi d'avoir une grille d'analyse prĂ©cise pour dĂ©terminer les diffĂ©rents types de discours qu'utilise la rhĂ©torique publicitaire. Nous analyserons ensuite les techniques publicitaires, ainsi que leurs effets, qu'ils soient directs augmentation de la consommation ou indirects normalisation de la culture de la consommation, brouillage de la frontiĂšre entre vraies et fausses informations.... Qu'est-ce que la manipulation ? Philippe Breton, chercheur en communication au CNRS, la dĂ©finit dans son livre La Parole ManipulĂ©e comme privation de la libertĂ© de l'auditoire pour l'obliger, par une contrainte spĂ©cifique, Ă  partager une opinion ou Ă  adopter tel comportement »1. La manipulation dont nous parlons ici se distingue de la persuasion entendue comme stratĂ©gie rhĂ©torique entre personnes considĂ©rĂ©es comme Ă©gales. Selon Robert-Vincent Joule et Jean-LĂ©on Beauvois, deux psychologues sociaux ayant travaillĂ© sur les notions de manipulation et d'influence, la manipulation est caractĂ©risĂ©e par l'utilisation de techniques qui ne reposent pas sur l'activitĂ© argumentative, mais prĂ©supposent le recours Ă  une technologie comportementale dont le manipulĂ© n'a pas conscience »2. La manipulation mobilise une connaissance fine des mĂ©canismes cognitifs, aboutissant Ă  ce que certaines chercheurses en psychologie sociale appellent une soumission librement consentie » techniques utilisĂ©es auraient pour but de contourner les rĂ©sistances de l'auditoire, afin de rĂ©duire le plus possible [s]a libertĂ© [
] de discuter ou rĂ©sister Ă  ce qu'on lui propose. »4 C'est par l'utilisation de ces technologies comportementales que la manipulation se distingue de l'influence certes, la plupart des messages diffusĂ©s dans l'espace public sont des tentatives d'influencer les rĂ©cepteurrices, mais ces messages ne sont pas manipulatoires s'ils respectent la libertĂ© des rĂ©cepteurrices. Mais comment savoir si la libertĂ© de l’auditoire est respectĂ©e ou non ? C’est un problĂšme car, comme le remarquent Robert-Vincent Joule et Jean-LĂ©on Beauvois, un individu ne peut ĂȘtre efficacement manipulĂ© que s'il Ă©prouve un sentiment de libertĂ©. »5 La manipulation est un processus qui doit rester cachĂ©, la premiĂšre Ă©tape de toute manipulation consist[ant] justement Ă  faire croire Ă  son interlocuteur qu’il est libre. »6 En exploitant des biais cognitifs dont le ou la manipulĂ©e n'a pas forcĂ©ment conscience, elle contourne ainsi ses rĂ©sistances, supposĂ©es ou rĂ©elles. Elle implique une relation asymĂ©trique entre la personne manipulatrice et la victime. Un exemple de technique manipulatoire classique citĂ© par Joule et Beauvois est le pied-dans-la-porte »7. Cette technique en deux Ă©tapes consiste Ă  obtenir un premier consentement peu coĂ»teux, qui prĂ©disposera la personne manipulĂ©e Ă  donner un deuxiĂšme consentement, plus coĂ»teux et qui est en fait celui qu'attendait lea manipulateurrice en premier lieu. Ainsi, si vous cherchez Ă  obtenir une faible somme d'argent d'une personne dans la rue, vous aurez quatre fois plus de chances de succĂšs en leur demandant d'abord l'heure8. Et ce n'est pas parce que leur personnalitĂ© ou leur caractĂšre les portent naturellement Ă  le faire, mais parce qu'ils ont Ă©tĂ© prĂ©alablement conduits Ă  accĂ©der Ă  une premiĂšre requĂȘte si peu coĂ»teuse qu'il n'est venu Ă  personne l'idĂ©e de la refuser »9 Ces techniques sont utilisĂ©es Ă  plus grande Ă©chelle. L'application gratuite » Candy Crush utilise le pied-dans-la-porte » pour inciter » les joueurses Ă  acheter des bonus. Candy Crush est un mini-jeu dont les premiers niveaux, d'abord faciles, puis un-peu-compliquĂ©s-mais-pas-trop », mettent au bout d'un moment les joueurses face Ă  une difficultĂ© devant laquelle ils et elles sont obligĂ©es, pour continuer Ă  jouer, d'acheter des bonus qui sont payants10. Ainsi, de nombreuses personnes, attrapĂ©es » hooked » par le mĂ©canisme de rĂ©compense du jeu, paient pour avoir ces bonus, chose qu'elles n'auraient peut-ĂȘtre pas faite si le jeu s'Ă©tait prĂ©sentĂ© dĂšs le dĂ©but comme payant. C'est le principe du jeu Pay to win Paie pour gagner », qui mobilise l'aversion Ă  la perte pour forcer le paiement »11. Les diffĂ©rentes techniques de manipulation Maintenir l'ambiguĂŻtĂ© entre persuasion et information À propos de la publicitĂ©, Philippe Breton s'oppose Ă  l'idĂ©e selon laquelle la publicitĂ© manipule par essence. »12 Selon lui, le discours publicitaire se positionne sur trois niveaux l'information, la persuasion, et la normalisation d'une culture de la consommation ». Sur quoi repose cette distinction ? Peut-il y avoir une information pure », sans persuasion ? Selon Anthony Galluzzo, maĂźtre de confĂ©rences Ă  l'universitĂ© de Saint-Étienne, spĂ©cialisĂ© dans la culture de la consommation et son histoire, le principe originel » de la rĂ©clame du XIXe siĂšcle Ă©tait d'informer les potentielles clientes sur un produit qui pouvait les intĂ©resser, et de les guider dans un processus d'achat. Ainsi, jusqu'Ă  la fin du XIXe siĂšcle, la publicitĂ©, telle que nous la pensons aujourd'hui, n'existe quasiment pas. On observe dans la presse des annonces, des textes dĂ©crivant physiquement un produit, et indiquant son prix et sa disponibilitĂ©. Lorsque ces annonces dĂ©ploient un argumentaire, celui-ci est descriptif et technique, centrĂ© sur l'objet mĂȘme. »13 Les publicitaires d'aujourd'hui rĂ©pĂštent que leurs crĂ©ations ne font rien de plus qu'informer14. Or, en analysant les contenus des publicitĂ©s, on constate que la dimension informative est trĂšs faible. Des recherches ont essayé de quantifier combien d’éléments d’information économique et de signaux persuasifs sont contenus dans les publicités. Elles indiquent que presque 90% des messages publicitaires aux USA, en particulier à la télévision, ne contiennent aucune information. »15 En France, on peut noter que de plus en plus de campagnes publicitaires en extĂ©rieur ne contiennent elles non plus aucune information, voire aucun message. Pas mĂȘme le nom du produit ou de l’enseigne qui le vend. publicitĂ© pour McDonald's 2018, affichĂ©e en extĂ©rieur Pour Philippe Breton, la dimension manipulatrice dans la publicitĂ© tiendrait prĂ©cisĂ©ment Ă  ce dĂ©faut d'information il y a des publicitĂ©s qui informent, et d'autres qui manipulent. Peu de publicitĂ©s sont dans la zone grise » entre manipulation et information. L'exemple le plus Ă©vident d'une publicitĂ© manipulatrice Ă©tant l'association d'une marque ou d’un produit Ă  un stimulus positif qui n'a finalement rien Ă  voir avec le produit. Cela arrive trĂšs souvent avec des corps, notamment des corps de femmes. Le lĂ©gislateur gagnerait Ă  se servir de ce critĂšre et Ă  dĂ©finir prĂ©cisĂ©ment ce qui relĂšve d'une information et ce qui n'en est pas16. PublicitĂ© pour le soda Orangina. Ici on associe des animaux sexualisĂ©s avec une boisson gazeuse, sans qu'il n'existe aucun rapport entre les deux. Ne pas donner d'information sur un produit permet de lier une marque ou un produit Ă  des valeurs, des modĂšles, des personnalitĂ©s ou des styles de vie » lifestyles », et par lĂ  de lui crĂ©er une forme d'identitĂ©. Le rĂŽle de la publicitĂ© n'[est] plus d'annoncer l'existence du produit, mais d'Ă©laborer une image autour de la version d'une marque particuliĂšre »17. C'est ce qu'on appelle le branding », ou storytelling », procĂ©dĂ© permettant de donner une image particuliĂšre Ă  la marque ou au produit vendu, et ainsi le distinguer de ses concurrents. Les consommateurrices qui se retrouveront dans ces valeurs auront ainsi plus de probabilitĂ©s d'ĂȘtre fidĂ©lisĂ©es Ă  la marque. Les potentielles clientes s'identifiant Ă  cette marque ou Ă  une autre auront ainsi tendance Ă  acheter d'autres produits de la mĂȘme marque, y projetteront des affects et s'opposeront Ă  d’autres marques concurrentes alors mĂȘme qu'elles sont parfois possĂ©dĂ©es par un seul et mĂȘme groupe financier18. Les choix de consommation deviennent ainsi constitutifs de l'identitĂ©. C'est encore un exemple de technique manipulatoire, car l'association entre ces lifestyles et le produit n'existent que par l'action des communicantes. L'utilisation des biais cognitifs La manipulation dans le discours publicitaire peut prendre diffĂ©rentes formes mais repose toujours, comme nous l'avons vu, sur l'utilisation de techniques comportementales. Ces techniques de fabrication du consentement »19 reposent sur l'exploitation de connaissances approfondies sur la maniĂšre dont se prennent les dĂ©cisions, et font donc appel Ă  des notions de psychologie, sociologie et neurosciences. La condition sine qua non de l'efficacitĂ© des mĂ©canismes associant un produit ou une marque Ă  des valeurs est la rĂ©pĂ©tition. Mehdi Khamassi, chercheur en sciences cognitives au CNRS, explique que celle-ci active des biais cognitifs. Les plus connus sont les rĂ©flexes pavloviens, mais ils ne reprĂ©sentent qu'une petite partie de tous ces biais dont on ne peut pas se dĂ©faire, comme par exemple l'effet de simple exposition »20, Ă  la base du matraquage publicitaire. Lorsque l'on est exposĂ©e Ă  un stimulus plus d'une quinzaine de fois, celui-ci nous semble plus familier, et nous sommes alors plus favorablement disposĂ©es Ă  son Ă©gard. Les chercheurses en psychologie sociale insistent d'ailleurs sur l'importance de la familiaritĂ© en tant que telle. »21 Actuellement, nous sommes exposĂ©es en moyenne Ă  plus de 15 000 stimuli commerciaux par jour incluant les logos22. Quiconque en a les moyens peut donc, en utilisant le systĂšme publicitaire, familiariser toute une population Ă  un produit, une marque, une idĂ©e ou mĂȘme une personnalitĂ©. La technique sera encore plus efficace si la personne n'a mĂȘme pas conscience de recevoir un message commercial. C'est sur ce principe que reposent les images subliminales, qui n'ont d'ailleurs Ă©tĂ© que trĂšs peu utilisĂ©es par l'industrie publicitaire car rapidement interdites. Mais d'autres techniques existent et sont autorisĂ©es, tout aussi efficaces selon les chercheurses en psychologie le liminal auquel on ne porte aucune attention peut avoir les mĂȘmes effets »23. Le placement de produit en est un exemple trĂšs connu et mĂȘme socialement acceptĂ© cela consiste Ă  placer » la marque d'un produit, ou un produit dont la marque est apparente, ou Ă©vidente, dans un contexte non publicitaire. Ce contexte peut ĂȘtre mĂ©diatique, culturel, ludique, etc. un film donc, mais aussi un reportage, une Ă©mission de tĂ©lĂ©vision, un roman[24], un jeu vidĂ©o, une chanson et mĂȘme... un tableau. »25 Cette technique permet de toucher des audiences importantes, mais aussi et surtout de passer outre les mĂ©canismes conscients de dĂ©fense. Ainsi, mĂȘme quand on ne les remarque pas, ces publicitĂ©s ont une influence sur notre perception du produit ou de la marque, et ce jusqu'Ă  plusieurs semaines aprĂšs perception du message. Les psychologues dĂ©crivent cela comme un transfert de la positivitĂ© du contexte scĂšne, situation, visages, etc. sur la marque ou sur le produit qui s'y trouve, apparemment par hasard. »26 Au niveau lĂ©gislatif, le placement de produit est encadrĂ© pour les Ă©missions de tĂ©lĂ©vision et les vidĂ©oclips, mais pas pour les films de cinĂ©ma ni les autres mĂ©dias. L'arrivĂ©e des Big Data » permet une connaissance encore plus fine de notre psychologie et donc une exploitation encore plus efficace de nos biais cognitifs. À partir de nos dĂ©placements gĂ©olocalisĂ©s, de notre navigation sur Internet, de nos centres d'intĂ©rĂȘt sur Twitter ou de nos likes » Facebook, des algorithmes en dĂ©duisent sur des bases statistiques nos opinions politiques, nos prĂ©fĂ©rences d'achat... sans mĂȘme que nous en soyons conscientes. L'analyse de nos comportements passĂ©s permet ainsi de prĂ©dire les comportements futurs, et surtout de les influencer. C'est ce que les chercheurses Antoinette Rouvroy et Thomas Berns ont appelĂ© la gouvernementalitĂ© algorithmique, c'est-Ă -dire la rĂ©colte, l'agrĂ©gation et l'analyse automatisĂ©e de donnĂ©es en quantitĂ©s massives, de maniĂšre Ă  modĂ©liser, anticiper et affecter par avance les comportements possibles »27. Les publicitaires se sont immĂ©diatement ruĂ©s sur les nouvelles possibilitĂ©s offertes par ces technologies, en crĂ©ant de nouvelles techniques manipulatoires, comme le smart marketing », marketing individualisĂ© », ou encore le dynamic pricing », c'est-Ă -dire l'adaptation des prix en temps rĂ©el Ă  l'offre et la demande. L'objectif n'est pas tant d'adapter l'offre aux dĂ©sirs spontanĂ©s pour peu qu'une telle chose existe des individus, mais plutĂŽt d'adapter les dĂ©sirs des individus Ă  l'offre, en adaptant les stratĂ©gies de vente la maniĂšre de prĂ©senter le produit, d'en fixer le prix... au profil de chacun. » Un exemple de dynamic pricing vous regardez un billet de train, et quand vous y retournez, quelques heures ou mĂȘme quelques minutes plus tard, le prix du billet a augmentĂ©. Le but est de crĂ©er un sentiment d'urgence, et d'ainsi susciter l'acte d'achat, sur le mode de la rĂ©ponse-rĂ©flexe Ă  un stimulus d'alerte court-circuitant la rĂ©flexivitĂ© individuelle et la formation du dĂ©sir singulier. »28 La mĂȘme rĂ©action Ă  l'urgence est exploitĂ©e lors de grandes opĂ©rations marketing comme le Black Friday » ou les soldes l'usage de prix de rĂ©fĂ©rence artificiellement gonflĂ©s permet de mettre en scĂšne des "dĂ©marques" importantes, mais disponibles seulement pendant 24h, et ainsi d'accĂ©lĂ©rer la dĂ©cision d'achat. Comme le rappelle Mehdi Khamassi, ces biais cognitifs29 sont dus au fonctionnement mĂȘme de notre cerveau. Il est bien sĂ»r possible, en faisant des efforts, de s'en prĂ©munir, mais il est impossible d'avoir une vigilance de chaque instant, surtout lorsqu'on voit l'asymĂ©trie entre les moyens dĂ©ployĂ©s par l'industrie publicitaire 1500 Milliards de dollars de budget de communication mondial en 201930, 530 milliards juste pour la publicitĂ© et le manque de formation des individus Ă  dĂ©crypter les discours manipulateurs et donc Ă  s'en prĂ©munir31. Les effets de la manipulation ...Mais la manipulation, ça marche ? Ces diffĂ©rents exemples peuvent laisser l'impression que la publicitĂ© est toute-puissante. Cependant, une telle conclusion demande Ă  ĂȘtre nuancĂ©e. En effet, les rĂ©sultats scientifiques prĂ©sentĂ©s plus haut sont thĂ©oriques, et ne prennent pas en compte le contexte de rĂ©ception32. Les techniques manipulatoires utilisĂ©es par la publicitĂ© et le marketing, bien que puissantes, s'inscrivent dans un Ă©ventail d'autres facteurs d'influence incontrĂŽlables, notamment la socialisation des consommateurrices et les idĂ©es ou habitudes ancrĂ©es dans leur culture. Anthony Galluzzo insiste sur le fait que lorsqu'un produit se vend bien, c'est souvent grĂące Ă  d'autres variables du mix marketing, peu discutĂ©es car moins perceptibles ; le rapport de forces avec les distributeurs, qui conditionne la valorisation du produit dans les linĂ©aires, l'importance et l'efficacitĂ© de la force de vente, les techniques de promotion, la planification des ventes, l'innovation produit, la politique de prix, le packaging...33 Les dĂ©fenseurs de la publicitĂ© insistent d'ailleurs sur le taux d'Ă©chec particuliĂšrement Ă©levĂ© des nouveaux produits qui sont rĂ©guliĂšrement lancĂ©s sur le marchĂ©. »34 Galluzzo critique d'ailleurs les mythes de manipulateurs omnipotents que se sont construits des personnages comme Edward Bernays, dont l'image publique de scientifique tout-puissant rĂ©sultait largement des discours que ce dernier produisait sur lui-mĂȘme, dans le souci de vendre ses services aux industriels Ă©tats-uniens. Cette image s'est en fait fondĂ©e sur l'accaparement de changements sociĂ©taux dĂ©jĂ  en cours. Lorsque les documentaires retracent ses rĂ©alisations faire fumer les femmes, inventer la tradition du breakfast Ă©tats-unien... ils ont en fait pour source quasi-unique... la bibliographie de Bernays. Bernays et d'autres experts en relations publiques », Ă©taient des consultants se mettre en scĂšne tels des oracles surpuissants leur permettait de faire grossir leur carnet de commandes »35. Ainsi, il est nĂ©cessaire de ne pas caricaturer la manipulation, par une approche mĂ©caniste de la production de dĂ©sirs une publicitĂ© faisant naĂźtre un dĂ©sir, qui engendre un acte d’achat. La rĂ©alitĂ© est plus complexe, car le consumĂ©risme est une culture dans laquelle nous baignons en permanence, et qui nous influence bien au-delĂ  du dĂ©sir ou de l’achat. Les consĂ©quences des techniques manipulatoires ne se limitent pas, comme nous allons le voir, Ă  cette question binaire est-ce que la manipulation a marchĂ© ? » La manipulation a d'autres effets, indirects, qu'il est nĂ©cessaire d'analyser. La promotion omniprĂ©sente d'une culture de consommation » À ces deux premiers niveaux de discours que sont l'information et la persuasion, il faut en ajouter un troisiĂšme le rĂŽle de banalisation et de naturalisation de la sociĂ©tĂ© de consommation. Chaque publicitĂ©, en plus d'informer et/ou de tenter d'influencer le processus d'achat, s'inscrit dans un ensemble d'autres publicitĂ©s allant toutes dans le mĂȘme sens, prĂ©sentant les mĂȘmes sujets, les mĂȘmes thĂšmes, et venant finalement Ă  former un discours cohĂ©rent de valorisation de la consommation, omniprĂ©sent dans la sociĂ©tĂ©. Par les sujets mis en scĂšne les loisirs et l'extrĂȘme richesse » et par ceux qu'au contraire elle invisibilise les vieux objets, le monde de la production et du travail », la publicitĂ© sĂ©lectionne des comportements, attitudes et valeurs favorables Ă  l'intĂ©rĂȘt marchand », et crĂ©e un imaginaire ni rĂ©aliste ni tout Ă  fait fictionnel, sans fractures ni aspĂ©ritĂ©s, qui idĂ©alise le consommateur et cĂ©lĂšbre le confort matĂ©riel d'une vaste middle-class, qui s'impose Ă  la totalitĂ© de l'espace social »36. C’est ce que Michael Schudson appelle le rĂ©alisme capitaliste »37. Ainsi, indĂ©pendamment de la rĂ©ussite ou non d'une campagne publicitaire, cette derniĂšre contribuera un peu plus Ă  implanter et normaliser la culture de la consommation ». La publicitĂ©, en tant qu'outil employable par une entreprise pour Ă©couler ses produits sur un marchĂ©, est potentiellement inopĂ©rante. [...] Cela n'implique pas, cependant, l'impuissance du discours marchand Ă  l'Ă©chelle collective et idĂ©ologique. La force du discours publicitaire rĂ©side dans ses effets cumulatifs et normatifs. La publicitĂ© ou, plus largement, le discours mĂ©diatico-marchand peuvent ĂȘtre dĂ©finis comme un corps de doctrine », l'expression d'une façon de concevoir les valeurs de l'existence et les catĂ©gories de l' Qu'elle fasse augmenter ou non les ventes d'un produit, chaque publicitĂ© participe de la normalisation du consumĂ©risme. Ce message rĂ©pĂ©tĂ© relĂšve, comme nous l'avons vu plus haut, de techniques manipulatoires omniprĂ©sent Ă  tous les niveaux de la sociĂ©tĂ©, il se diffuse sans mĂȘme ĂȘtre identifiĂ© comme tel, passant plutĂŽt comme une composante naturelle » de la sociĂ©tĂ©. Ainsi, ce discours-monopole » impose son agenda, fait et dĂ©fait les modes, et naturalise la consommation comme composante innĂ©e de la sociĂ©tĂ© et fondement du bonheur individuel. Il crĂ©e donc Ă  proprement parler une image du rĂ©el qui a l'air d'ĂȘtre le rĂ©el »39, ce qui est pour Philippe Breton l'essence mĂȘme de la manipulation. En plus d’ĂȘtre omniprĂ©sente, cette culture de la consommation se nie comme manipulation. On le remarque Ă  l'omniprĂ©sence d'un discours vantant la libertĂ© dans le discours publicitaire. Ce discours a notamment Ă©tĂ© analysĂ© par Jean-LĂ©on Beauvois dans l'essai Les illusions libĂ©rales, individualisme et pouvoir social40 oĂč il constate l'omniprĂ©sence des injonctions Ă  la libertĂ© dans la sociĂ©tĂ© capitaliste, et les rapproche de ce concept de soumission librement consentie » dĂ©jĂ  dĂ©veloppĂ© dans d'autres ouvrages. Ainsi, cette injonction constante dans les slogans renforcerait le sentiment de libertĂ© » chez les citoyennes/consommateurrices, les rendant plus permĂ©ables aux techniques manipulatoires des publicitaires. Cet appel constant au libre arbitre et Ă  la libertĂ© des consommateurrices revient aussi dans les discours officiels de l'industrie publicitaire, dĂ©clarations paradoxales venant d'une industrie qui utilise Ă  grande Ă©chelle les savoirs et techniques qui reposent sur la nĂ©gation de ce concept41. Ainsi, on lit dans une tribune rĂ©digĂ©e par un publicitaire que Le rĂ©cepteur n’est pas cet ĂȘtre incapable de discernement, et qui doit ĂȘtre protĂ©gĂ© ». Le consommateur, ce n’est pas l’autre, ce n’est pas un imbĂ©cile manipulable Ă  merci le consommateur, c’est soi-mĂȘme. 
 Jamais n’est Ă©voquĂ©e une Ă©ventuelle intelligence du rĂ©cepteur. Et si par hasard ce consommateur savait ce qu’il fait ?42 L'impact des discours manipulatoires sur la sociĂ©tĂ© Selon Philippe Breton, mĂȘme si la manipulation ne fonctionnait pas, mĂȘme si les citoyennes n'acceptaient pas la culture de la consommation » vĂ©hiculĂ©e par la publicitĂ©, l'omniprĂ©sence des discours manipulĂ©s dans la sphĂšre publique serait tout de mĂȘme problĂ©matique pour la dĂ©mocratie, car elle crĂ©e un climat de mĂ©fiance, un doute constant envers la parole publique. Cette mĂ©fiance pose problĂšme car, dans un rĂ©gime dĂ©mocratique, l'action politique, dans la mesure oĂč elle ne participe pas de la violence, s'exerce gĂ©nĂ©ralement au moyen du langage. »43 Si la parole publique perd sa lĂ©gitimitĂ©, c'est donc la possibilitĂ© mĂȘme du dĂ©bat dĂ©mocratique qui disparaĂźt. La philosophe Hannah Arendt dans toute son Ɠuvre, soulignait dĂ©jĂ  l'importance que prenaient le mensonge public et la manipulation dans le glissement d'une dĂ©mocratie vers des formes d'oligarchie voire de totalitarisme, analyse qu'elle rĂ©sume dans une interview de 1974 Quand tout le monde vous ment en permanence, le rĂ©sultat n'est pas que vous croyez ces mensonges, mais que plus personne ne croit rien. Un peuple qui ne peut plus rien croire ne peut se faire une opinion. Il est privĂ© non seulement de sa capacitĂ© d'agir, mais aussi de sa capacitĂ© de penser et de juger44. Elle avait aussi dĂ©veloppĂ© cette idĂ©e dans son article VĂ©ritĂ© et Politique »45. Partant du postulat de James Madison que tous les gouvernements du monde reposent sur l'opinion »46 et que les faits sont la matiĂšre des opinions », elle en dĂ©duisait que la libertĂ© d'opinion est une farce si l'information sur les faits n'est pas garantie, et si ce ne sont pas les faits eux-mĂȘmes qui font l'objet du dĂ©bat. »47 Le dĂ©bat permet de se mettre Ă  la place de l'autre, d'entendre ses arguments, son vĂ©cu, et d'accĂ©der Ă  ce qu'Arendt appelle une mentalitĂ© Ă©largie », c'est-Ă -dire une opinion prenant en compte d'autres opinions, d'autres visions du monde. En effet pour elle, la qualitĂ© mĂȘme d'une opinion, aussi bien que d'un jugement, dĂ©pend de son degrĂ© d'impartialitĂ©. »48 Son analyse semble encore aujourd'hui trĂšs pertinente lorsqu'on voit que la fabrique du doute » est une des stratĂ©gies centrales de certaines grandes entreprises pour retarder ou annuler des lois contraignant la vente de leurs produits49. Certaines marques alimentent voire crĂ©ent des controverses scientifiques afin de continuer Ă  vendre des produits nocifs pour la santĂ© ou l'environnement tabac, fast-food, alcool, dĂ©sherbants...50. Ces multinationales montent des think tanks, des maisons d'Ă©ditions et des revues scientifiques51 afin de diffuser des Ă©tudes qui contredisent les Ă©tudes dĂ©jĂ  existantes, leur permettant de prolonger le plus longtemps possible la vente de produits nocifs tout en ayant l’air d’autoritĂ©s politique, c'est ce qu'on a pu voir notamment aux États-Unis avec l'utilisation par Donald Trump de faits alternatifs » alternative facts ou la gĂ©nĂ©ralisation des fake news sur Internet, et leur poids dans le dĂ©bat public. En France, Eric Zemmour multiplie les interventions tĂ©lĂ©visĂ©es, avançant avec un air de conviction inĂ©branlable des chiffres inventĂ©s, rĂ©pĂ©tant Ă  l’envi des thĂšmes qui se diffusent dans la sociĂ©tĂ©, par simple habitude de les entendre. De fait, le problĂšme des techniques manipulatoires ne se limite pas Ă  la publicitĂ©. Les techniques manipulatoires que celle-ci utilise se sont transmises peu Ă  peu Ă  tous les espaces du domaine public, de la politique aux mĂ©dias en passant par l’Internet. En politique, les candidates ne peuvent plus se passer de leurs conseilleres en communication. Pour AgnĂšs Chauveau, maĂźtresse des confĂ©rences Ă  l'universitĂ© de Paris X-Nanterre, le marketing politique et l'influence des conseilleres en communication commencent en France en 1965, quand Jean Lecanuet, auparavant presque inconnu du grand public, reçoit 16% des suffrages exprimĂ©s Ă  l'Ă©lection prĂ©sidentielle. Il avait menĂ© sa campagne en utilisant les techniques publicitaires de l'affichage et les spots tĂ©lĂ©visuels, suivant les conseils de l'agence Services et MĂ©thodes, dirigĂ©e par Michel Bongrand52. À partir de lĂ , les conseilleres en communication sont omniprĂ©sentes dans les campagnes, en France comme aux États-Unis. Les techniques de storytelling, de manipulation par le langage, ou de nudge »53, directement importĂ©es du monde de l'industrie, prennent toute la place dans la communication politique, faisant primer la personnalitĂ© des candidates sur leurs programmes et leur volontĂ© de les rĂ©aliser54. Que ces techniques fonctionnent ou non, elles ont contribuĂ© Ă  crĂ©er de nouvelles formes de reprĂ©sentation de la politique » crĂ©ations de plans mĂ©dias », langage simplifiĂ©, phrases courtes, goĂ»t de la formule, gestuelle policĂ©e », mise en avant du corps des candidates55. Le langage politique qui reposait auparavant sur un enchaĂźnement d'arguments devient celui de la publicitĂ©, des slogans. Comme le dĂ©crit avec cynisme Guy Durandin, enseignant-chercheur en psychologie sociale spĂ©cialisĂ© dans les questions de propagande et de publicitĂ©, les candidats [
] savent que s'ils parviennent au pouvoir, ils n'auront en rĂ©alitĂ© qu'une marge de manƓuvre limitĂ©e. Dans ces conditions, les programmes politiques sont, comme les produits, relativement peu diffĂ©rents les uns des autres. Sur quoi va alors se porter la diffĂ©renciation ? Sur la personnalitĂ© et l'image » du Les techniques manipulatoires mises au point par des publicitaires ont transformĂ© la communication politique, remplaçant le dĂ©bat public sur des choix politiques ou sociĂ©taux par des campagnes de communication centrĂ©es sur la personnalitĂ© ou le corps des candidates. Le problĂšme est d'autant plus grave que les mĂ©dias, canaux par lesquels les citoyennes devraient pouvoir s'informer, recourent Ă©galement Ă  des techniques manipulatoires. En effet, de nombreux mĂ©dias sont dĂ©pendants de la publicitĂ© pour leur Ă©quilibre financier. Or le choix pour un mĂ©dia d'ĂȘtre financĂ© par la publicitĂ© n'est pas neutre en acceptant ce modĂšle Ă©conomique, il passe d'un média qui cherche à vendre ses articles et informations à son public à un média qui cherche à vendre son public aux annonceurs57. Les mĂ©dias permettent aux communicantes, publicitaires ou non, d'intĂ©grer leurs messages au milieu d'articles ou de contenus d'information. De mĂȘme que dans le placement de produit, il y a un transfert de positivitĂ© »58 du mĂ©dia vers la marque ou le produit promu dans la publicitĂ©, la publicitĂ© va bĂ©nĂ©ficier d’un environnement non marchand qui transforme son message et rend sa nature publicitaire moins sensible. La plupart des mĂ©dias vont mĂȘme jusqu'Ă  intĂ©grer des contenus sponsorisĂ©s dans leur charte graphique. Cette technique nommĂ©e publicitĂ© native » native advertising » empĂȘche les lecteurrices de bien identifier le message comme publicitaire, et les rend donc plus facilement permĂ©ables Ă  ce message. On reconnaĂźt lĂ  encore la marque d'une technique manipulatoire. Une Ă©tude de l'universitĂ© de Stanford de 2016 montrait que 82% des 7804 Ă©tudiantes de l'universitĂ© ne faisaient pas la diffĂ©rence entre une information et un contenu sponsorisĂ© sur la page d'accueil du site La collusion va parfois plus loin les articles ne sont pas toujours Ă©crits par des journalistes, mais peuvent ĂȘtre des reprises directes de communiquĂ©s de l'industrie. Aux États-Unis, cela reprĂ©senterait de 40 Ă  70% de l'ensemble de l'information diffusĂ©e »60. En France, des mĂ©dias » en ligne comme MinuteBuzz ou Konbini ont pour unique but de crĂ©er des contenus dans lesquels vont s'intĂ©grer les messages publicitaires de leurs clients Orange finance la rubrique d’actualitĂ©s photographiques, la boisson gazeuse amĂ©ricaine subventionne la section Football Stories, d’ailleurs surtitrĂ©e Savoure le football pop avec Coca-Cola et Konbini ». La censure ne se cache pas. À propos de la Coupe du monde de football au Qatar, on voulait faire un article concernant les conditions de travail sur les chantiers, relate Basile, rĂ©dacteur pendant trois ans Ă  Konbini. La rĂ©dactrice en chef a refusĂ©, parce que Coca n’aurait pas acceptĂ© un tel De telles techniques permettent encore une fois de passer outre les dĂ©fenses conscientes du public et de donner de la crĂ©dibilitĂ© Ă  des informations qui n'en auraient pas si elles Ă©taient prĂ©sentĂ©es comme ce qu'elles sont des communiquĂ©s de marque. Elles posent surtout de graves problĂšmes de dĂ©mocratie, confirmant l'analyse d'Hannah Arendt et Philippe Breton. Qui croire, lorsque mĂȘme les mĂ©dias – supposĂ©s ĂȘtre, selon l'expression de Dominique Cardon, des gatekeepers », c'est-Ă -dire les autoritĂ©s lĂ©gitimes qui trient les vraies et fausses informations afin de donner une image la plus neutre possible du monde – sont en fait structurellement dĂ©pendants d'intĂ©rĂȘts financiers ? L'utilisation des techniques de manipulation dans la publicitĂ© est donc dangereuse en soi, c'est-Ă -dire indĂ©pendamment des messages promus. Ce parce qu'elle nous bombarde de messages qui ne sont ni vrais, ni faux, et font perdre toute pertinence Ă  ces notions pourtant indispensables Ă  la tenue d'un dĂ©bat. Ces analyses nous permettent d’établir une distinction entre message informatif et message manipulatoire en publicitĂ©. Un message publicitaire dont le contenu est informatif et qui ne se dissimule pas comme message publicitaire n'est pas manipulatoire. Cependant, ces messages sont trĂšs rares actuellement. Le systĂšme publicitaire actuel repose en effet sur l'utilisation massive de techniques qui sont indĂ©niablement manipulatoires, que ce soit dans le fond des messages aucune information, associations des produits Ă  des valeurs ou des stimuli qui n'ont rien Ă  voir avec le produit... ou dans la maniĂšre dont ceux-ci s'insĂšrent dans l'espace public rĂ©pĂ©tition des messages, intĂ©gration des publicitĂ©s dans des espaces non-publicitaires.... Ces techniques permettent de contourner le jugement et la perception des individus en exploitant leurs biais cognitifs. Le systĂšme publicitaire repose donc bien actuellement sur la manipulation pour exercer son influence. L'asymĂ©trie entre les budgets publicitaires colossaux et le manque d'Ă©ducation des citoyennes sur la communication et ses techniques nous rend vulnĂ©rables Ă  ces messages. De plus, l'imposition par la publicitĂ© de ces techniques dans toutes les sphĂšres de l'espace public espaces physiques dĂ©signĂ©s comme publicitaires, mais aussi mĂ©dias ou Internet62 a des effets sociĂ©taux importants, les rendant directement nocives pour l'environnement et la dĂ©mocratie. Au-delĂ  de la rĂ©ussite ou non de ces manipulations, la rĂ©pĂ©tition de messages poussant Ă  la consommation crĂ©e une normalisation et une survalorisation de celle-ci. MĂȘme une publicitĂ© pour un produit bio » ou Ă©thique » fait baigner les rĂ©cepteurrices du message dans une injonction perpĂ©tuelle Ă  consommer, et participe Ă  enrichir cette culture de consommation ». Le rĂ©sultat est que celle-ci passe pour naturelle et bonne en soi, indĂ©pendamment des produits promus. Or une surconsommation, mĂȘme de produits biologiques ou Ă©thiques, reste une menace pour la planĂšte. Enfin, en normalisant l'usage de ces techniques manipulatoires dans l'espace public, la publicitĂ© menace les conditions d'un vrai dĂ©bat dĂ©mocratique. Cette gĂ©nĂ©ralisation de la manipulation brouille la frontiĂšre entre vrai et faux dans l'esprit des citoyennes, et crĂ©e un doute permanent dans la parole publique. Ce doute empĂȘche le dĂ©bat car celui-ci ne peut plus reposer sur des faits, qui sont Ă  chaque fois mis en doute. Tout cela pose de graves problĂšmes, car le dĂ©bat est la condition mĂȘme d'un rĂ©gime dĂ©mocratique. Sans dĂ©bat, les dĂ©cisions politiques ne sont plus prises en fonction du bien commun, mais en fonction des relations de pouvoir dĂ©jĂ  existantes. La question de la manipulation dans la publicitĂ© touche donc Ă  la possibilitĂ© mĂȘme d'un rĂ©gime dĂ©mocratique, et est particuliĂšrement brĂ»lante dans ce moment d'urgence Ă©cologique et de fascisation de la droite française. À l'heure oĂč le monde de la publicitĂ©, critiquĂ© pour ses injonctions Ă  la surconsommation, prĂ©tend ĂȘtre le bras armĂ© de la transition Ă©cologique »63, il nous semble indispensable de crĂ©er un cadre lĂ©gal normatif et contraignant pour limiter le plus possible l'utilisation de ces techniques manipulatoires et reconnaĂźtre la libertĂ© de non- BRETON, La Parole ManipulĂ©e, 1997, La DĂ©couverte, p. 112Robert-Vincent JOULE et Jean-LĂ©on BEAUVOIS, Petit traitĂ© de manipulation Ă  l'usage des honnĂȘtes gens, Nouvelle version, 2014, Presses Universitaires de Grenoble, JOULE et Jean-LĂ©on BEAUVOIS, La soumission librement consentie, 1998, Presses Universitaires de France4Philippe BRETON, La Parole ManipulĂ©e, op. cit., p. 245Robert-Vincent JOULE et Jean-LĂ©on BEAUVOIS, Petit traitĂ©, op. cit., p. 2916Philippe BRETON, La Parole ManipulĂ©e, op. JOULE et Jean-LĂ©on BEAUVOIS, Petit traitĂ©, op. B. HARRIS, The effects of performing one altruistic act on the likelihood another », Journal of Social Psychology, 88, p. 65-739Robert-Vincent JOULE et Jean-LĂ©on BEAUVOIS, La soumission librement consentie, op. cit., FAVIER, Dopamine, Ă©pisode 3 Candy Crush », Arte 2019 MAUCO, Le marchĂ© des identitĂ©s virtuelles dans le jeu vidĂ©o », in La Revue Lacanienne, 2020/I n°21, p. 139 Ă  15112Interview de Philippe BRETON par Alexandre PICART, Il faut appeler à une moralisation de la publicité », Le Monde, 9 septembre 2004 GALUZZO, La Fabrique du consommateur, 2020, Ă©ditions Zones La DĂ©couverte, p. 17014On lit par exemple dans la tribune Avant d'interdire » Les entreprises travaillent Ă  des dispositifs d’information sur l’impact environnemental de leurs produits pour les rendre encore plus pertinents et fiables, et la publicitĂ© pourrait ĂȘtre un vecteur de diffusion trĂšs efficace de ces informations. » tribune publiĂ©e le 05/10/2020 par des professionnelles de la communication Mercedes ERRA, Franck GERVAIS, Laurent HABIB TURINO, chercheur à l’Université d’Alicante, Advertising and the Aggregate Economy a Critical View on the Available Evidence», conférence donnée au colloque SPIM De l’industrie publicitaire aux relations publiques, les outils d’influence des multinationales», 29-30 Mai 2018. Institut des sciences de la communication, Paris. Lien vers la vidéo de l’intervention de Philippe BRETON par Alexandre PICART, op. KLEIN, No Logo, La tyrannie des marques, Ă©dition augmentĂ©e, 2001, Actes Sud, p. 3318Ainsi, Axe et Dove, deux marques de dĂ©odorants des annĂ©es 1990-2000, se sont créées deux identitĂ©s opposĂ©es, Axe se vantant d'augmenter le pouvoir de sĂ©duction, la virilitĂ©, etc., pendant que Dove se construisait une image fĂ©ministe, valorisant tous les types de beautĂ©. Les deux Ă©taient possĂ©dĂ©es par le mĂȘme groupe, Unilever. cf. Naomi KLEIN, No Logo, op. CHOMSKY, Edward HERMAN, La fabrication du consentement. De la propagande mĂ©diatique en dĂ©mocratie, Marseille, Agone, 200820 JOULE et Jean-LĂ©on BEAUVOIS, Petit traitĂ© , op. cit. p. 27522Source et analyse dĂ©taillĂ©e des diffĂ©rentes mĂ©thodologies utilisĂ©es pour dĂ©finir la pression publicitaire JOULE et Jean-LĂ©on BEAUVOIS, Petit traitĂ©, op. cit., p. 27824Balzac a Ă©tĂ© un des premiers Ă  faire du placement de produit, en plaçant dans ses romans ses fournisseurs tout en leur accolant des Ă©pithĂštes flatteurs, allant mĂȘme jusqu'Ă  donner l'adresse de certains. Source CLOUZOT et VALENSI, Le Paris de la comĂ©die humaine. CitĂ© par W. BENJAMIN dans Paris capitale du XIXe siĂšcle25Robert-Vincent JOULE et Jean-LĂ©on BEAUVOIS, Petit traitĂ©, op. cit., p. 26426ibid, p. 26927Antoinette ROUVROY et Thomas BERNS, GouvernementalitĂ© algorithmique et perspectives d'Ă©mancipation. Le disparate comme condition d'individuation par la relation ? », RĂ©seaux, vol. 177, no. 1, 2013, p. 163-196 ROUVROY et Thomas BERNS, op. plus d'informations sur les biais cognitifs, voir l'article Libre arbitre et publicitĂ© gĂ©nĂ©alogie d’un double discours » de l'association RĂ©sistance Ă  l'Agression Publicitaire FOSSARD, BIG CORPO Encadrer la pub et l'influence des multinationales un impĂ©ratif Ă©cologique et dĂ©mocratique, 202031Mehdi KHAMASSI, constat partagĂ© par Philippe BRETON, voir La Parole ManipulĂ©e, op. BRETON, Serge PROULX, L'Explosion de la communication, Introduction aux thĂ©ories et pratiques de la communication, La DĂ©couverte, 200233Anthony GALLUZZO, op. cit., p. 16734ibid, p. 17735Ibid, p. 16736Ibid, p. 17637Michael SCHUDSON, Advertising, the uneasy persuasion. Its dubious impact on American society, Basic Books, New York, 198338ibid, p. 17739Philippe BRETON, La parole manipulĂ©e, op. cit., p. 1840Jean-LĂ©on BEAUVOIS, Les illusions libĂ©rales, individualisme et pouvoir social, 2005, Presses Universitaires de Grenoble41Sur ce sujet, voir notre article Libre arbitre et publicitĂ© gĂ©nĂ©alogie d'un double discours » issue de la tribune PublicitĂ©s et nouvelles censures. La publicitĂ©, nouveau bouc Ă©missaire » publiĂ©e par le ComitĂ© d'Éthique Publicitaire, organe associĂ© Ă  l'Agence de RĂ©gulation Professionnelle de la PublicitĂ© ARPP ARENDT, La Condition de l'homme moderne, Ă©dition Pocket, 1958, p. 6344Hannah ARENDT, interview avec Roger ERRERA, NY Review of Books, 197445in Hannah ARENDT, La Crise de la Culture, Ă©ditions Folio, 196846James MADISON, The Federalist, citĂ© par Hannah Arendt dans VĂ©ritĂ© et Politique, op. ARENDT, VĂ©ritĂ© et Politique », op. cit., p. 30348Ibid, p. 30849Franck CUVEILLIER & Pascal VASSELIN, La Fabrique de l'Ignorance, Arte, 202050Voir Erik CONWAY et Naomi ORESKES, Les Marchands de doute, éd. Le Pommier, coll. Essais et documents », Paris 2012 ; Stéphane HOREL, Lobbytomie Comment les lobbies empoisonnent nos vies et la démocratie, éd. La découverte, Paris HOREL cite souvent la revue Regulatory Toxicology and Pharmacie comme un tel CHAUVEAU, L'homme politique et la tĂ©lĂ©vision. L'influence des conseillers en communication », VingtiĂšme SiĂšcle. Revue d'histoire, vol. no 80, no. 4, 2003, pp. 89-100. terme nudge » a deux sens, celui du coup de pouce pour attirer discrĂštement l'attention de son voisin, ou celui du coup de pouce pour l'encourager Ă  prendre la bonne dĂ©cision », David COLON, op. cit., p. 13654David COLON, op. cit., p. 161-17155AgnĂšs CHAUVEAU, op. DURANDIN, L'information, la dĂ©sinformation et la rĂ©alitĂ©, 1993, Presses Universitaires de France57"Ce que nous vendons à Coca Cola, c'est du temps de cerveau humain disponible" disait l'ancien PDG de TF1, Patrick Le Lay JOULE, Jean-LĂ©on BEAUVOIS, Petit TraitĂ©, op. cit., p. 26959Stanford History Education Group, Evaluating information the cornerstone of civic online reasoning », 22 novembre 201660David COLON, op. cit., EUSTACHE et Jessica TROCHET, De l'information au piĂšge Ă  clics », Le Monde Diplomatique, aoĂ»t 2017, Zuckerman, fondateur de la fenĂȘtre pop-up et chercheur au MIT, dĂ©clare dans un article de 2015 que l'Ă©tat de dĂ©chĂ©ance de notre Internet est une consĂ©quence directe, involontaire, de choisir la publicitĂ© comme modĂšle par dĂ©faut pour les contenus publicitaires en ligne ». voir Ethan ZUCKERMANN, The Internet's Original Sin », 2015, ERRA, Franck GERVAIS, Laurent HABIB, Avant d'interdire », op. cit.
UndĂ©passement massif des limites. John Penrose, lĂ©gislateur du Parti conservateur britannique, a proposĂ© un ajout au projet de loi controversĂ© sur la censure d’Internet au Royaume-Uni, baptisĂ© « The Online Safety Bill », qui devient de plus en plus orwellien Ă  chaque nouvel amendement proposĂ©. Comme s’il sortait d’une fiction dystopique, M. Penrose, dĂ©putĂ© de
...Sous prĂ©texte d’un questionnement ouvert, l’exposition Celtique ? » qui se tient au MusĂ©e de Bretagne du 18 mars 2022 au 4 dĂ©cembre 2022, procĂšde en rĂ©alitĂ© Ă  une manipulation nationaliste des esprits qui, bien que dĂ©noncĂ©e Ă  plusieurs reprises — arguments Ă  l’appui —, ne suscite toujours pas, pour l’instant, les rĂ©actions publiques qui s’imposent. La manipulation Une fausse question L’exposition Celtique ? » du MusĂ©e de Bretagne prĂ©tend questionner l’identitĂ© celtique de la Bretagne »[1], ce qui serait trĂšs intĂ©ressant si ce n’était un artifice tout questionnement peut, en effet, s’avĂ©rer intellectuellement constructif[2]. Pour ma part, en tant qu’enseignant-chercheur, je passe mon temps Ă  me poser des questions, Ă  Ă©mettre des hypothĂšses et Ă  douter. Je suis donc particuliĂšrement ouvert au questionnement. Mais, Ă  travers cette exposition, le MusĂ©e de Bretagne tente de faire passer pour un questionnement » ce qui n’est, en vĂ©ritĂ©, qu’une dĂ©monstration biaisĂ©e, contraire Ă  la dĂ©ontologie scientifique et irrespectueuse du public. Une vraie tromperie J’ai montrĂ©, dans un billet publiĂ© le 29 juin sur le Club de Mediapart, en quoi rĂ©sidait la malhonnĂȘtetĂ© intellectuelle de l’exposition[3]. Voici, pour mĂ©moire, un rĂ©sumĂ© de mes principaux arguments Il est malhonnĂȘte, de dire que c’est le mouvement breton qui est allĂ© chercher la celtitude en rĂ©alitĂ©, elle est accolĂ©e aux Bretons depuis le Haut Moyen Âge. Le mouvement breton s’est surtout efforcĂ© de retourner le stigmate. Il est malhonnĂȘte de ne mentionner que l’utilisation qui a Ă©tĂ© faite de la celtitude par les nationalistes bretons, sans Ă©voquer l’utilisation qui a Ă©tĂ© faite de la celtitude par le nationalisme français d’État, fondĂ©e sur des idĂ©es racistes, enseignĂ©e dans les Ă©coles pendant des gĂ©nĂ©rations, et reprise aujourd’hui par l’extrĂȘme droite. Il est tendancieux d’écrire que c’est le nationalisme revanchard qui va relever la France aprĂšs la guerre ». Il est faux de dire qu’il n’y a pas de filiation directe entre les faits culturels d’aujourd’hui et ceux des populations de l’AntiquitĂ© alors qu’il existe une filiation linguistique directe entre les langues celtiques contemporaines et les langues celtiques de l’antiquitĂ©. Il est contraire Ă  toute dĂ©ontologie de dissimuler sciemment les travaux scientifiques qui contredisent le propos de l’exposition, notamment ceux du fameux ethnologue Donatien Laurent. Il est malhonnĂȘte d’utiliser un jeu pipĂ© pour glisser astucieusement des idĂ©es inexactes dans l’esprit du public. Des lanceurs d’alerte Au moins trois alertes successives ont Ă©tĂ© lancĂ©es au sujet de cette exposition Le 20 mai 2022, le musicien Alan Stivell, parrain de l’exposition, retire son parrainage en dĂ©nonçant sur Facebook une manipulation des esprits »[4]; Le 29 juin, j’alerte sur une manipulation idĂ©ologique au MusĂ©e de Bretagne » Ă  travers le billet que je viens de citer, publiĂ© sur le Club de Mediapart[5]; Le 23 juillet, Yann-Vadezour ar Rouz dĂ©nonce une stigmatisation de l’identitĂ© bretonne » sur le site Justice pour nos langues »[6]. J’ignore l’écho que les autres alertes ont rencontrĂ© mais, pour ma part, j’ai reçu un nombre inhabituellement Ă©levĂ© de rĂ©actions — toutes positives — Ă  mon billet. Si certaines Ă©manaient du grand public, beaucoup d’autres provenaient de la communautĂ© scientifique ethnologues, archĂ©ologues et, mĂȘme, membres du comitĂ© scientifique de l’exposition ou du MusĂ©e de Bretagne. Barry Cunliffe, en particulier, archĂ©ologue de rĂ©putation mondiale que je ne connaissais pas personnellement, m’a fait l’honneur de m’écrire en ces termes Plusieurs personnes que je connais ont visitĂ© [cette exposition] et ont Ă©tĂ© trĂšs mĂ©contentes du ton partial de la prĂ©sentation. Je suis trĂšs heureux d’avoir votre opinion rĂ©flĂ©chie. Je comprends maintenant parfaitement pourquoi il y a eu du mĂ©contentement. Il est vraiment dommage que les autoritĂ©s du musĂ©e n’aient pas saisi l’occasion d’encourager un dĂ©bat sĂ©rieux et ouvert d’esprit[7]. » Toutes ces rĂ©actions privĂ©es m’ont confortĂ© dans mon analyse mais l’absence, jusqu’à prĂ©sent, de rĂ©action publique me trouble. Les rĂ©actions publiques se font attendre Les mĂ©dias La presse quotidienne rĂ©gionale et la tĂ©lĂ©vision rĂ©gionale ne se sont pas encore vraiment emparĂ©es de ces trois alertes successives. Elles ont, certes, Ă©voquĂ© la dĂ©mission d’Alan Stivell mais en tendant, parfois, Ă  en attĂ©nuer la portĂ©e. Ainsi Le TĂ©lĂ©gramme a-t-il fait paraĂźtre dans ses colonnes que le musicien boude » l’exposition[8], ce qui risque de rĂ©duire son alerte Ă  un simple enfantillage dans l’esprit des lecteurs. France 3, pour sa part, a publiĂ© sur son site internet que tout est dans le point d’interrogation » du titre de l’exposition, ce qui pourrait sous-entendre que Stivell refuse le dĂ©bat[9]. Or, ce fameux point d’interrogation n’est en rĂ©alitĂ© qu’un leurre sous prĂ©texte de prendre un parti pris de questionnements »[10]— lequel serait parfaitement louable —, l’exposition ne questionne pas, elle affirme. Elle pose, en effet, une thĂšse empreinte de nationalisme français et dissimule aux yeux du public les travaux scientifiques qui permettraient Ă  celui-ci de se rendre compte que cette thĂšse est infondĂ©e. Il eut Ă©tĂ© plus juste que cette exposition s’appelĂąt Pas celtique ! », avec un point d’exclamation. Quant aux deux autres alertes la mienne et celle du site Justice pour nos langues », elles n’ont jusqu’à prĂ©sent pas Ă©tĂ© relayĂ©es par les mĂ©dias rĂ©gionaux[11]. Les institutions rĂ©gionales, en revanche, ont-elles davantage rĂ©agi ? Les institutions Le Conseil rĂ©gional de Bretagne On peut lire sur internet que la Direction de l’éducation et des langues de Bretagne du Conseil rĂ©gional de Bretagne a Ă©tĂ© saisie de la question de cette exposition le lundi 1er aoĂ»t 2022. Le directeur du service a rĂ©pondu avoir bien notĂ© [cette] alerte » et ajoutĂ© nous allons nous renseigner »[12], ce qui n’engage Ă  rien. Les Champs libres On peut Ă©galement lire, sur le mĂȘme site internet, que la directrice gĂ©nĂ©rale des Champs libres, dont dĂ©pend le MusĂ©e de Bretagne, a annoncĂ©, pour faire suite aux critiques, que les textes de l’exposition seraient rĂ©examinĂ©s »[13]. On ne peut a priori que s’en rĂ©jouir. Toutefois, l’argumentation qui accompagne ce projet de rĂ©examen — selon laquelle le problĂšme de l’exposition ne consisterait qu’en quelques maladresses » et adjectifs un peu dĂ©placĂ©s » — laisse perplexe sur la volontĂ© rĂ©elle de corriger l’exposition. Car ce n’est pas de maladresse » qu’il s’agit mais, au contraire, d’une habiletĂ© Ă  manipuler qui a Ă©tĂ© prise en dĂ©faut[14]. EspĂ©rons que le rĂ©examen » en question ne sera pas factice, se contentant simplement d’enlever les ficelles trop voyantes. Il ne suffit pas, en effet, de retirer la conclusion pĂ©remptoire et erronĂ©e de l’exposition selon laquelle il n’y a pas de filiation directe entre les faits culturels d’aujourd’hui et ceux des populations de l’AntiquitĂ© »[15] et de changer quelques adjectifs un peu dĂ©placĂ©s » pour faire cesser la manipulation. Un vrai questionnement — qu’il soit scientifique, juridique ou autre — repose sur une information complĂšte ou, Ă  tout le moins, Ă©quilibrĂ©e. Or, l’exposition a savamment dissimulĂ© les travaux scientifiques qui n’allaient pas dans le sens de son idĂ©ologie selon laquelle la celtitude contemporaine serait un mythe construit par le Mouvement breton, qui a dĂ©rivĂ© vers la collaboration lors de la Seconde Guerre mondiale. Au lieu de se contenter de faire disparaĂźtre les trucs » qui ont Ă©tĂ© Ă©ventĂ©s par la critique, il faut dĂ©sormais que le MusĂ©e de Bretagne expose les travaux scientifiques que cette exposition a cachĂ©s, qu’il en finisse avec l’opposition factice entre culture matĂ©rielle et culture immatĂ©rielle, et enfin qu’il contextualise le propos de l’exposition. Exposer les travaux scientifiques qui ont Ă©tĂ© cachĂ©s Étant moi-mĂȘme sociologue et quelque peu linguiste, j’ai Ă©voquĂ© dans mon prĂ©cĂ©dent billet des travaux ethnologiques et linguistiques omis par l’exposition. Notamment ceux de Joseph Cuillandre, Daniel Giraudon et surtout Donatien Laurent, qui suggĂšrent une continuitĂ© culturelle entre les populations celtiques des temps anciens et celles d’aujourd’hui[16]. Depuis lors, parmi les nombreux tĂ©moignages qui m’ont Ă©tĂ© communiquĂ©s, il m’a Ă©tĂ© indiquĂ© que l’article un peu complexe de Donatien Laurent sur la TromĂ©nie de Locronan[17]avait fait l’objet d’une belle vulgarisation[18], publiĂ©e par un partenaire du MusĂ©e de Bretagne ce dernier peut donc en faire usage. Ce sont surtout, cependant, les grands noms de l’histoire et de l’archĂ©ologie des Celtes dont il m’a Ă©tĂ© signalĂ© qu’ils avaient Ă©tĂ© occultĂ©s par l’exposition. Notamment l’archĂ©ologue Venceslas Kruta, pour qui il n’y a pas rupture, mais Ă©volution » entre le monde celtique et la sociĂ©tĂ© mĂ©diĂ©vale[19]; les historiens Myles Dillon et Nora K. Chadwick, pour qui la culture celtique a en partie survĂ©cu » en Irlande, Écosse, Pays de Galles et Bretagne jusqu’à l’époque contemporaine[20]; et enfin l’archĂ©ologue Barry Cunliffe, qui vient de publier un ouvrage majeur sur la continuitĂ© de l’identitĂ© celtique en Bretagne de l’antiquitĂ© au XXe siĂšcle aux Presses de l’UniversitĂ© d’Oxford peut-ĂȘtre la plus prestigieuse maison d’édition universitaire du monde[21]. On pourra, certes, me rĂ©torquer que tout ne peut pas ĂȘtre montrĂ© dans une exposition. Mais entre tout montrer » et ne rien montrer du tout de ce qui a Ă©tĂ© exprimĂ© par les scientifiques dont les travaux contredisent l’idĂ©ologie de l’exposition, il y a une marge. En finir avec l'opposition factice entre culture matĂ©rielle et culture immatĂ©rielle Selon les ouvrages de Françoise Le Roux et Christian-J. Guyonvarc’h, les Celtes de l’antiquitĂ© — qui n’ont pas constituĂ© d’empire et ont refusĂ© de recourir Ă  l’écriture — Ă©taient surtout unis par leur culture immatĂ©rielle leurs langues, d’une part, et le druidisme, d’autre part[22]. Or, les langues celtiques subsistent encore aujourd’hui, tant bien que mal, en Bretagne et dans les Ăźles britanniques. Quant au druidisme, s’il a disparu depuis des siĂšcles, il a nĂ©anmoins laissĂ© quelques traces jusqu’à nos jours dans les reprĂ©sentations du monde, le folklore, l’art et certains rites religieux, qui ont fait l’objet d’études scientifiques sĂ©rieuses. Il est donc absurde d’opposer sommairement la rĂ©alitĂ© au mythe. Contextualiser Il est lĂ©gitime d’évoquer l’utilisation de la celtitude qui fut faite par des nationalistes bretons, y compris dans le cadre de la collaboration avec les nazis ; en revanche, il est illĂ©gitime de le faire hors de tout contexte. Or, c’est le nationalisme français qui, le premier, s’est drapĂ© dans la celtitude Ă  partir de la querelle des deux races »[23], puis l’a largement diffusĂ©e pendant des gĂ©nĂ©rations Ă  travers l’école rĂ©publicaine, en recourant Ă  des arguments issus du racisme scientifique ». Évoquer l’un sans l’autre, c’est tromper le public. On peut espĂ©rer que le rĂ©examen » de l’exposition ne se fera pas a minima et amĂšnera cette contextualisation. En attendant, cependant, que peut-on dire des rĂ©actions de la sociĂ©tĂ© civile » Ă  ces alertes ? La sociĂ©tĂ© civile L’association Bretagne culture diversitĂ© BCD J’ai saisi Ă  plusieurs reprises l’association parapublique BCD, créée Ă  l’initiative du Conseil rĂ©gional de Bretagne qui la finance, et chargĂ©e d’une mission d’éducation culturelle du public. Elle a refusĂ© jusqu’à prĂ©sent de se dĂ©solidariser de l’exposition dont elle est partenaire, et continue mĂȘme d’effectuer de la publicitĂ© pour elle sur internet. J’ai donc dĂ©missionnĂ© Ă  regret de cette association, alors que j’en fus le prĂ©sident fondateur, puis le prĂ©sident du conseil scientifique. Le comitĂ© scientifique Plusieurs membres du comitĂ© scientifique de l’exposition ainsi que du conseil scientifique permanent du MusĂ©e de Bretagne ont exprimĂ© — en privĂ© — leurs rĂ©ticences envers le contenu de cette exposition. En revanche, aucun n’a, jusqu’à prĂ©sent, pris la parole publiquement. Je le dĂ©plore mais nous sommes en plein Ă©tĂ© et chacun a besoin de vacances. J’espĂšre que les langues se dĂ©lieront d’ici la rentrĂ©e. Conclusion À l’école, en France, tout enfant apprend des rudiments de culture classique », c’est-Ă -dire latine et grecque un peu d’histoire, quelques bribes de rĂ©cits mythiques et mythologiques, et parfois un peu d’étymologie. La culture celtique, en revanche, est Ă  peu prĂšs totalement absente de l’enseignement français. On ne peut donc que se rĂ©jouir qu’une institution rĂ©gionale prenne l’initiative d’éclairer le grand public sur cette matiĂšre. Mais c’est Ă  double tranchant. Chaque adulte cultivĂ©, en effet, s’il Ă©tait amenĂ© Ă  visiter une exposition indĂ©licate concernant l’hĂ©ritage latin et grec de la culture française, serait en mesure de faire, de lui-mĂȘme, la part des choses. Or, il n’en va pas du tout de mĂȘme concernant la culture celtique tant elle est mĂ©connue. Une institution culturelle peut donc facilement, comme l’a fait le MusĂ©e de Bretagne en l’occurrence, tromper le public Ă  son insu car celui-ci ne dispose pas du bagage culturel suffisant sur le sujet pour dĂ©couvrir la supercherie. Si, en outre, les alertes n’étaient ni relayĂ©es par la presse ni prises au sĂ©rieux par les Ă©lus et les institutions ; et si les acteurs de la vie culturelle et scientifique qui ont pris conscience de la manipulation et s’en Ă©meuvent en privĂ© ne prenaient pas la parole en public, le risque existerait de glisser en Bretagne, comme ailleurs, dans une Ăšre de post-vĂ©ritĂ©[24] Trump a gagnĂ© la prĂ©sidentielle de 2020, Poutine ne fait pas la guerre en Ukraine et les Bretons ne sont pas celtes. Qu’on se rassure, cependant, les Gaulois restent les ancĂȘtres des Français ! Ronan Le Coadic Professeur Ă  l’universitĂ© Rennes 2 Membre du centre de recherche CELTIC-BLM [1] Page Web, Celtique ? », MusĂ©e de Bretagne, [ URL ConsultĂ© le 8 aoĂ»t 2022. [2] On peut mĂȘme — si l’on fait preuve de rigueur scientifique et d’honnĂȘtetĂ© intellectuelle — se poser la question de l’existence des Celtes de mĂȘme que celle des Germains, des Latins ou des SĂ©mites
, comme le font certains sceptiques, mais tel n’était pas le propos de l’exposition. [3] Ronan Le Coadic, Manipulation idĂ©ologique au musĂ©e de Bretagne », Mediapart, 29 juin 2022. URL . ConsultĂ© le 11 juillet 2022. [4] Alan Stivell, MusĂ©e de Bretagne Ă  Rennes, exposition Celtique ? » Je retire mon parrainage », Facebook, 20 mai 2022. URL . ConsultĂ© le 8 aoĂ»t 2022. [5] Le Coadic, op. cit. note 3. [6] Yann-Vadezour ar Rouz, La stigmatisation de l’identitĂ© bretonne via l’exposition “Celtique ?” », Justice pour nos langues, juillet 2022. URL . [7] Extrait traduit de l’anglais d’un mail privĂ© du 1er aoĂ»t, publiĂ© avec le consentement de l’auteur. [8] Quentin Ruaux, Quand Alan Stivell boude une exposition sur la Bretagne », Le TĂ©lĂ©gramme, Ă©dition Rennes, 24 mai 2022. URL [9] CĂ©line Serrano, PolĂ©mique. Tout est dans le point d’interrogation Alan Stivell retire son parrainage de l’exposition “Celtique ?” du MusĂ©e de Bretagne », France 3 Bretagne, 25 mai 2022. URL ConsultĂ© le 8 aoĂ»t 2022. [10] Fabienne Richard, Alan Stivell retire son parrainage de l’exposition Celtique ? » qui se tient Ă  Rennes », Ouest-France, Ă©dition Bretagne, 24 mai 2022. [11] Mis Ă  part un article dans Le TĂ©lĂ©gramme du 21 juillet. URL ConsultĂ© le 10 aoĂ»t 2022. Un article a, par ailleurs Ă©tĂ© publiĂ© par Le Quotidien indĂ©pendant luxembourgeois AFP et Le Quotidien, La Bretagne, pas celtique ? PolĂ©mique autour d’une expo », Luxembourg, 3 aoĂ»t 2022. URL ConsultĂ© le 8 aoĂ»t 2022. [12] La RĂ©gion Bretagne rĂ©solue Ă  se renseigner sur les pratiques du musĂ©e de Bretagne », Justice pour nos langues, aoĂ»t 2022. URL . ConsultĂ© le 8 aoĂ»t 2022. [13] Yann-Vadezour ar Rouz, Le musĂ©e de Bretagne contraint de revoir le contenu de l’exposition “Celtique ?” », aoĂ»t 2022. URL . ConsultĂ© le 8 aoĂ»t 2022. [14] Quant aux adjectifs un peu dĂ©placĂ©s », on se demande si le fait de mettre un autre adjectif Ă  la place de revanchard » modifierait beaucoup le sens de la formule le nationalisme revanchard qui va relever la France aprĂšs la guerre »  [15] MusĂ©e de Bretagne, Exposition “Celtique ?”, 2022. [16] Le Coadic, op. cit. note 3. [17] Donatien Laurent, Le juste milieu rĂ©flexion sur un rituel de circumambulation millĂ©naire la tromĂ©nie de Locronan », Documents d’ethnologie rĂ©gionale, vol. 11, 1990, p. 255-292. [18] Anne Gouerou, TromĂ©nie de Locronan, un chemin au rythme du temps celtique, Lorient Bretagne culture diversitĂ©, 2022. URL ConsultĂ© le 8 aoĂ»t 2022. [19] Venceslas Kruta, Les Celtes, 12e Ă©d., Paris Presses Universitaires de France, 2019 Que sais-je ?. [20] Myles Dillon et Nora K. Chadwick, Les royaumes celtiques, Paris Marabout, 1979, 315 p. [21] Barry Cunliffe, Bretons and Britons The Fight for Identity, New York Oxford University Press, 2021, 488 p. [22] Christian-J. Guyonvarc’h et Françoise Le Roux, La civilisation celtique, Paris Payot, 1995 ; Christian-J. Guyonvarc’h et Le Roux, Les druides, Rennes Ouest-France, 1986, 448 p. [23] LĂ©on Poliakov, Le mythe aryen essai sur les sources du racisme et des nationalismes, Paris Calmann-LĂ©vy, 2012. [24] La notion de post-vĂ©ritĂ© » Ă©voque la tendance de certaines autoritĂ©s Ă  faire passer l’idĂ©ologie ou l’émotion avant la rĂ©alitĂ© objective et le penchant du public Ă  leur faire confiance, ce qui finit par rendre la vĂ©ritĂ© secondaire. Si le terme est rĂ©cent cf. Keyes Ralph, The Post-truth Era Dishonesty And Deception In Contemporary Life, New York St Martins Pr, 2004, la rĂ©alitĂ© est ancienne et a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©e par la psychologie sociale. Cette derniĂšre montre que, par une sorte de paresse cognitive », nous sommes tous enclins Ă  nous laisser influencer par les autoritĂ©s prĂ©sumĂ©es compĂ©tentes, nous laissant ainsi aller Ă  une forme de torpeur lĂ©gĂšre » Gibert Cylien, De la post-vĂ©ritĂ© Ă  la post-justification le cas du “rapport russe” sur Donald Trump », The Conversation, 7 fĂ©vrier 2017. Pour rĂ©veiller notre esprit critique, l’intervention contradictoire d’autres autoritĂ©s est particuliĂšrement bienvenue. NĂ©eĂ  Rome en 1970, Michela Marzano est professeur de philosophie Ă  l'UniversitĂ© Paris Descartes. Elle est l'auteur, entre autres, de Extension du domaine de la manipulation (Grasset, 2008), Le Contrat de dĂ©fiance (Grasset, 2011), LĂ©gĂšre comme-un papillon (Grasset, 2012), Tout ce que je sais de l'amour (Stock, 2014). En savoir plus. InfosDiffusionsCastingRĂ©sumĂ©Chacun d'entre nous s'est dĂ©jĂ  retrouvĂ© au moins une fois, au coeur de la tourmente...Au nom de la vĂ©ritĂ© s'attache Ă  des hĂ©ros du quotidien face Ă  une dĂ©cision capitale. Chaque Ă©pisode est une tranche de vie dans laquelle chacun peut s'identifier ou projeter sa propre - ComĂ©die socialeAnnĂ©e de sortie2014Avec—Infos supplĂ©mentaires—Avis des internautes 1Vous avez aimĂ© ce programme ?
EnseignĂ©edans la programmation neuro linguistique, la PNL est une technique de manipulation consciente et contrĂŽlĂ©e que l’on peut retrouver dans le monde du travail. Le principe est d’ affiner la proximitĂ© affective Ă  l’aide de techniques de synchronisation corporelle comme le dĂ©taille Philippe Breton : « pour obtenir quelque
Un dĂ©passement massif des limites. John Penrose, lĂ©gislateur du Parti conservateur britannique, a proposĂ© un ajout au projet de loi controversĂ© sur la censure d’Internet au Royaume-Uni, baptisĂ© The Online Safety Bill », qui devient de plus en plus orwellien Ă  chaque nouvel amendement proposĂ©. Comme s’il sortait d’une fiction dystopique, M. Penrose, dĂ©putĂ© de Weston-super-Mare, a proposĂ© que le gouvernement oblige les plateformes en ligne Ă  tenir Ă  jour un score de la vĂ©racitĂ© d’une personne, dĂ©terminĂ© par ses dĂ©clarations passĂ©es. Voir les amendements proposĂ©s ici. L’objectif de cette section est de rĂ©duire le risque de prĂ©judice pour les utilisateurs de services rĂ©glementĂ©s causĂ© par sic la dĂ©sinformation ou la mĂ©sinformation », indique la proposition, avec une coquille qui montre Ă  quel point le soin apportĂ© Ă  la formulation d’une lĂ©gislation qui anĂ©antit les libertĂ©s des citoyens est important. La proposition prĂ©voit que chaque utilisateur qui produit du contenu en ligne, y compris des commentaires et des critiques », et qui reçoit un certain nombre de vues en ligne, qui doit ĂȘtre dĂ©terminĂ© par le rĂ©gulateur britannique des communications, devrait voir son contenu indexĂ© et se voir attribuer un score de vĂ©ritĂ©. Le discours de cette personne doit ensuite ĂȘtre affichĂ© de maniĂšre Ă  permettre Ă  tout utilisateur de se faire facilement une opinion Ă©clairĂ©e sur l’exactitude factuelle probable du contenu au moment mĂȘme oĂč il le rencontre ». Au cours des deux derniĂšres annĂ©es, la vitesse Ă  laquelle l’idĂ©e de s’attaquer Ă  la dĂ©sinformation » a Ă©tĂ© utilisĂ©e comme un outil pour censurer et supprimer la parole a Ă©tĂ© alarmante, et l’idĂ©e que les rĂ©gulateurs suppriment la parole des citoyens s’est normalisĂ©e. Le Royaume-Uni propose Ă©galement une nouvelle lĂ©gislation qui obligera les entreprises de mĂ©dias sociaux Ă  s’attaquer Ă  la dĂ©sinformation par des adversaires Ă©trangers comme la Russie. En faisant cette annonce, la secrĂ©taire d’État au numĂ©rique, Nadine Dorries, a dĂ©clarĂ© que l’invasion russe en cours en Ukraine a prouvĂ© comment la Russie utilise les mĂ©dias sociaux pour diffuser des mensonges. Nous ne pouvons pas permettre Ă  des États Ă©trangers ou Ă  leurs marionnettes d’utiliser l’internet pour mener sans entrave une guerre en ligne hostile », a-t-elle dĂ©clarĂ©. C’est pourquoi nous renforçons nos nouvelles protections en matiĂšre de sĂ©curitĂ© sur Internet afin de garantir que les entreprises de mĂ©dias sociaux identifient et Ă©liminent la dĂ©sinformation soutenue par les États. » La loi, qui devrait ĂȘtre adoptĂ©e au cours de la session parlementaire actuelle, sera un amendement au projet de loi sur la sĂ©curitĂ© en ligne et au projet de loi sur la sĂ©curitĂ© nationale. Elle obligera l’Ofcom, l’organisme de rĂ©glementation des mĂ©dias, Ă  crĂ©er des codes de pratique pour s’assurer que les plateformes de mĂ©dias sociaux s’y conforment et Ă  infliger des amendes en cas de non-respect. Source Traduction
Nullepart un micro est tendu en-dehors de la sphĂšre mĂ©diatique. L’un des signes de la radicalisation des mĂ©dias est cet enfermement sur soi-mĂȘme, cet entre-soi, qui contredisent l’essence mĂȘme du mĂ©dia – ĂȘtre un mĂ©diateur. Cet enfermement mĂ©diatique remet en question profondĂ©ment le fonctionnement dĂ©mocratique.
journalisme et vĂ©ritĂ© Vous composerez une synthĂšse concise, objective et ordonnĂ©e des six documents suivants - document 1 Jean-Claude Guillebaud, La dĂ©marche du journaliste Le Nouvel Observateur », 1989 - document 2 Jean Lacouture, Rien que la vĂ©ritĂ© ou toute la vĂ©ritĂ© ? Courrier de l'UNESCO, septembre 1990 - document 3 Jean Dutourd, L'information est le contraire de ce qu'elle veut signifier Le Fond et la Forme, 1958 - document 4 Alain RĂ©mond, Théùtre de papier TĂ©lĂ©rama», 1°' juin 1983 - document 5 Affiche et extrait vidĂ©o du film d'Alfred Hitchcock FenĂȘtre sur cour Rear window, 1954 - document 6 Charte des devoirs professionnels des journalistes français 1918. 1 La dĂ©marche du journaliste Les rapports qu'entretiennent les journalistes avec la vĂ©ritĂ©, le mensonge - et le tragique en gĂ©nĂ©ral - ne sont pas simples ! Et l'on aurait tort d'imaginer que le journalisme tout entier puisse se ramener Ă  je ne sais quel commerce courtois, modeste et scientifique » entre une rĂ©alitĂ© inoffensive, tenue Ă  distance, et son observateur impartial. Le couple est bien plus infernal, plus passionnel que cela ! Plus tragiquement pressĂ© par le temps, aussi, que ne peut l'ĂȘtre le placide historien commerçant avec ses archives et recoupant ses sources dans la tiĂ©deur de son bureau. S'il doit vaincre le temps, le journaliste, terriblement solitaire au plus chaud de l'Ă©vĂ©nement, doit Ă©galement lutter contre la pression diffuse, amicale mais constante, de sa propre rĂ©daction qui le somme de fournir une interprĂ©tation intelligible de l'histoire alors mĂȘme que celle-ci n'est pas encore jouĂ©e. Tous les correspondants en poste Ă  Moscou aujourd'hui confessent les difficultĂ©s qu'ils Ă©prouvaient jusqu'Ă  une date rĂ©cente avec le desk » de leur journal. A Paris, en effet, habitude bien française, on inclinait Ă  vouloir interprĂ©ter idĂ©ologiquement - et hĂątivement - l'Ɠuvre de Mikhail Gorbatchev. Est-il sincĂšre ? A-t-il une chance de rĂ©ussir ? La perestroĂŻka n'est-elle pas une simple ruse ? Les rĂ©dactions n'acceptaient donc pas sans rĂ©sistance les dĂ©pĂȘches beaucoup plus ouvertes et empiriques envoyĂ©es de Moscou, dĂ©pĂȘches moins soucieuses d'interprĂ©ter que de dĂ©crire cet Ă©vĂ©nement prodigieux un dirigeant communiste chevauchant l'imprĂ©visible cyclone qu'il avait lui-mĂȘme fait naĂźtre. Cette pression idĂ©ologique des rĂ©dactions, de l'entourage, des lecteurs eux-mĂȘmes que doit affronter le journaliste de terrain, Ă©tait d'autant plus forte hier qu'on tenait le fait brut pour un rĂ©sidu encombrant et, donc, le reporter pour un gĂȘneur. Pis que cela le personnage du journaliste lui-mĂȘme n'Ă©tait pas flattĂ© par la mĂ©moire collective. L'aurait-on oubliĂ© ? Dans la littĂ©rature française, de Balzac Ă  Nerval en passant par Maupassant, la presse traĂźne une image peu glorieuse corrompue, gangrenĂ©e, mafieuse, peuplĂ©e de ratĂ©s... Dans notre pays a perdurĂ© - jusqu'Ă  une date trĂšs rĂ©cente - une conception dĂ©valorisante du journalisme. Conception dont tĂ©moignaient mille habitudes ou petits travers moins subalternes qu'on ne le croit. Un recrutement et une formation inorganisĂ©s, une docilitĂ© spontanĂ©e, une pratique paresseuse de l'information institutionnelle, un penchant irrĂ©sistible pour la glose et l'Ă©ditorial, une maniĂšre spontanĂ©ment rĂ©vĂ©rencieuse de quĂȘter une respectabilitĂ© d'emprunt en s'amalgamant au milieu qu'on est chargĂ© de couvrir classe politique, institution culturelle, entreprises, etc.. Milieu dont on respectera bien sĂ»r les codes, et surtout les silences. Pour rĂ©sumer le tout, une façon Ă©trange de pratiquer un mĂ©tier, thĂ©oriquement fondĂ© sur l'insolence, en ne dissimulant jamais sa hĂąte d'en sortir. Ah, le syndrome funeste du journaliste-qui-devient-ministre » ou ambassadeur ! Sans vouloir simplifier outre mesure l'histoire, observons que tout a notablement changĂ© voici une quinzaine d'annĂ©es. DĂ©confiture des idĂ©ologies, fin de la guerre civile froide », triomphe de l'audiovisuel voilĂ  que tout conspirait soudain Ă  faire du journaliste, ce galeux d'hier, une maniĂšre de hĂ©ros philosophique pour temps incertains. C'est ce qu'il advint ces derniĂšres annĂ©es. On parut disposĂ©, brusquement, Ă  reconnaĂźtre la validitĂ© d'une dĂ©marche journalistique empirique et fureteuse assez comparable, sur le plan de la vĂ©ritĂ©, Ă  celle des MĂ©decins sans FrontiĂšres ou d'Amnesty International sur le plan de la solidaritĂ©. Puisque les idĂ©es devenaient floues, on pouvait s'intĂ©resser plus naturellement aux faits qui, eux, n'ont que l'inconvĂ©nient d'exister. Mieux que cela on idĂ©alisa si abusivement le journaliste qu'il vit ainsi fondre sur lui un prestige bien lourd Ă  assumer. La presse française redĂ©couvrit en tout cas les vertus du journalisme d'investigation et s'habitua Ă  ce que les reporters ne s'arrĂȘtent plus forcĂ©ment aux silences d'un ministre. Au demeurant, l'affaire du Watergate1, lancĂ©e en 1974 par deux localiers du Washington Post, fournissait - Ă  tort ou Ă  raison - un modĂšle. Les journalistes politiques - y compris Ă  la tĂ©lĂ©vision - renoncĂšrent parfois Ă  la rĂ©vĂ©rence au profit du devoir d'irrespect. La question du mensonge, certes, ne fut pas rĂ©glĂ©e pour autant. Et si les journalistes français on dit maintenant le pouvoir mĂ©diatique », paraissent vivre, intellectuellement, un Ăąge d'or, le journalisme est toujours en quĂȘte d'un statut plus clair. Jean-Claude Guillebaud, Le Nouvel Observateur», 26 octobre-1er novembre 1989. 1 - affaire d'espionnage politique qui entraĂźna la dĂ©mission du prĂ©sident Nixon en 1974. 2 Rien que la vĂ©ritĂ© ou toute la vĂ©ritĂ© ? Le dĂ©bat que le journaliste mĂšne avec sa conscience est Ăąpre, et multiple, d'autant plus que son mĂ©tier est plus flou, et dotĂ© de moins de rĂšgles, et pourvu d'une dĂ©ontologie plus flottante que beaucoup d'autres... [...] En apparence, l'objectif est clair, autant que le serment d'Hippocrate dire la vĂ©ritĂ©, rien que la vĂ©ritĂ©, toute la vĂ©ritĂ©, comme le tĂ©moin devant le tribunal. Mais Ă  ce tĂ©moin, le prĂ©sident du jury ne demande que la vĂ©ritĂ© qui lui a Ă©tĂ© humainement perceptible, celle qu'il a pu apprĂ©hender en un certain lieu, Ă  une certaine heure, relativement Ă  certaines personnes. Au journaliste est demandĂ©e une vĂ©ritĂ© plus ample, complexe, dĂ©multipliĂ©e. En rentrant de dĂ©portation, LĂ©on Blum, qui avait Ă©tĂ© longtemps journaliste, dĂ©clarait devant ses camarades qu'il savait dĂ©sormais que la rĂšgle d'or de ce mĂ©tier n'Ă©tait pas de ne dire que la vĂ©ritĂ©, ce qui est simple, mais de dire toute la vĂ©ritĂ©, ce qui est bien plus difficile ». Bien. Mais qu'est-ce que toute la vĂ©ritĂ© », dans la mesure d'ailleurs oĂč il est possible de dĂ©finir rien que la vĂ©ritĂ© »? La rĂ©volution roumaine de dĂ©cembre 1989 vient de poser, de crier ce type de problĂšme avec une violence suffocante. On sait Ă  quel point la vĂ©rité» fut, en l'occurrence, malmenĂ©e, et sous sa forme apparemment la plus simple, celle des chiffres. L'intoxication qui a fait dĂ©railler une grande partie des mĂ©dias internationaux a donnĂ© lieu aux analyses les plus fines – notamment celle de Jean-Claude Guillebaud qui a su saluer l'admirable retenue d'une journaliste belge, Colette Braekman, osant publier ces mots en apparence infamants je n'ai rien vu Ă  Timisoara1.» Je n'ai rien vu » ne signifie certes pas il ne s'est rien passĂ© ». Mais c'est Ă  partir de cette formule anathĂšme Ă  tout professionnel de la communication, et qui devrait ĂȘtre enseignĂ©e comme un modĂšle absolu dans toutes les Ă©coles de journalisme, que se dĂ©finit et s'exerce la conscience journalistique, le rapport entre le vrai et le vu, le vĂ©ritable et le vĂ©rifiĂ© – antithĂšse et synonyme Ă  la fois du toute la vĂ©ritĂ© » de Blum toute cette ration de vĂ©ritĂ© que vous pouvez apprĂ©hender. L'interrogation du journaliste ne porte pas seulement sur la part de vĂ©ritĂ© qui lui est accessible, mais aussi sur les mĂ©thodes pour y parvenir, et sur la divulgation qui peut ĂȘtre faite. Le journalisme dit d'investigation » est Ă  l'ordre du jour. Il est entendu aujourd'hui que tous les coups sont permis. Le traitement par deux grands journalistes du Washington Post de l'affaire du Watergate a donnĂ© ses lettres de noblesse Ă  un type d'enquĂȘte comparable Ă  celle que pratiquent la police et les services spĂ©ciaux Ă  l'encontre des terroristes ou des trafiquants de drogue. S'insurger contre ce modĂšle, ou le mettre en question, ne peut ĂȘtre le fait que d'un ancien combattant cacochyme, d'un reporter formĂ© par les Petites sƓurs des pauvres. L'idĂ©e que je me suis faite de ce mĂ©tier me dĂ©tourne d'un certain type de procĂ©dures, de certaines interpellations dĂ©guisĂ©es, et je suis de ceux qui pensent que le journalisme obĂ©it Ă  d'autres rĂšgles que la police ou le contre-espionnage. Peut-ĂȘtre ai-je tort. Mais c'est la pratique de la rĂ©tention de l'information qui dĂ©fie le plus rudement la conscience de l'informateur professionnel. Pour en avoir usĂ© et l'avoir reconnu... Ă  propos des guerres d'AlgĂ©rie et du Vietnam, pour avoir cru pouvoir tracer une frontiĂšre entre le communicable et l'indicible, pour m'ĂȘtre Ă©rigĂ© en gardien d'intĂ©rĂȘts supĂ©rieurs » Ă  l'information, ceux des causes tenues pour justes », je me suis attirĂ© de rudes remontrances. MĂ©ritĂ©es, Ă  coup sĂ»r, surtout si elles Ă©manaient de personnages n'ayant jamais pratiquĂ©, Ă  d'autres usages, de manipulations systĂ©matiques, et pudiquement dissimulĂ©es. La loi est claire rien que la vĂ©ritĂ©, toute la vĂ©ritĂ© », mais il faut la complĂ©ter par la devise que le New York Times arbore en manchette All the news that's fit to print », toutes les nouvelles dignes d'ĂȘtre imprimĂ©es. Ce qui exclut les indignes – c'est-Ă -dire toute une espĂšce de journalisme et, dans le plus noble, ce dont la divulgation porte indĂ»ment atteinte Ă  la vie ou l'honorabilitĂ© de personnes humaines dont l'indignitĂ© n'a pas Ă©tĂ© Ă©tablie. Connaissant ces rĂšgles, le journaliste constatera que son problĂšme majeur n'a pas trait Ă  l'acquisition mais Ă  la diffusion de sa part de vĂ©ritĂ©, dans ce rapport Ă  Ă©tablir entre ce qu'il ingurgite de la meilleure foi du monde, oĂč abondent les scories et les faux-semblants, et ce qu'il rĂ©gurgite. La frontiĂšre, entre les deux, est insaisissable, et mouvante. Le filtre, de ceci Ă  cela, est sa conscience, seule. Jean Lacouture, Courrier de l'UNESCO», septembre 1990. 1- ville oĂč l'on fit croire Ă  la presse internationale qu'avait eu lieu un massacre. 3 L'information est le contraire de ce qu'elle veut signifier L'information est une maladie moderne, qui provient Ă©videmment de la rapiditĂ© des moyens de transmission. On sait que les agences de presse du monde se battent pour transmettre une nouvelle trente ou quarante secondes avant leurs concurrentes. On juge d'un bon ou d'un mauvais correspondant sur des diffĂ©rences d'une minute. Dans le fait c'est-Ă -dire si l'on considĂšre l'organisation du monde actuel, sa presse, les prĂ©tendus besoins d'information du public, un tel esprit de compĂ©tition se conçoit. En valeur absolue, cela paraĂźt d'une absurditĂ© complĂšte c'est le jeu de cache-tampon, il faut trouver le premier. Rien de moins naturel que la curiositĂ©, que l'on a inoculĂ©e aux hommes, de savoir le plus vite possible ce qu'il advient sur les divers points du globe; les informations, si dĂ©taillĂ©es qu'elles soient, et si honnĂȘtes, deviennent abstraites dĂšs qu'elles regardent un pays quelque peu Ă©loignĂ©. Une rĂ©volution au Paraguay, pour le lecteur de Paris ou de Toulouse, n'a pas plus de rĂ©alitĂ© que l'intrigue de Bajazet. Racine prĂ©tend Ă  juste titre que l'Ă©loignement des pays rĂ©pare la trop grande proximitĂ© des temps », et que le peuple ne met guĂšre de diffĂ©rence entre ce qui est Ă  mille ans de lui et ce qui en est Ă  mille lieues ». L'information, telle qu'elle se pratique aujourd'hui, comporte quelque chose d'abstrait et d'inactuel qui est exactement le contraire de ce qu'elle veut signifier. Les Ă©vĂ©nements tragiques ou heureux du monde, les crimes, les larmes, les massacres, les sauvetages, les mariages princiers, les pĂȘches miraculeuses, les prouesses de la mĂ©decine, les dĂ©vouements surhumains, les hĂ©roĂŻsmes dĂ©sespĂ©rĂ©s, les cris ou les sourires des peuples, en passant par les tĂ©lĂ©types des agences, semblent se vider de leur substance. De ces bonheurs, de ces souffrances, de ces vacarmes, de cette chair, il ne parvient qu'un rĂ©cit sec et sans couleur, qui ne parle Ă  aucune imagination, et apprend moins que le plus mĂ©diocre roman. Les journalistes mettent leur honneur Ă  ĂȘtre vrais. Mais la vĂ©ritĂ© laisse son Ăąme au bureau du tĂ©lĂ©graphe. La cĂ©lĂšbre phrase Le public a le droit de savoir », n'est, bien entendu, qu'un slogan publicitaire forgĂ© pour lĂ©gitimer le journalisme. Quant aux boniments selon lesquels il faut penser le monde » et ainsi de suite, ils ne signifient rien. Pendant dix mille ans, le public s'est moquĂ© parfaitement de penser le monde. Le seul rĂ©sultat tangible, c'est que jamais autant qu'Ă  notre Ă©poque surpeuplĂ©e et surinformĂ©e, oĂč le moindre fait divers en Mandchourie, le moindre calembour du dernier Canaque de Nouvelle-CalĂ©donie est portĂ© dans les deux heures Ă  la connaissance du public international, on n'a assistĂ© Ă  la consĂ©cration de tant de bĂȘtises. On voit le but de l'information servir la politique des gouvernements, c'est-Ă -dire modeler l'opinion publique, dans l'infaillibilitĂ© de laquelle on feint de croire, tout en sachant qu'elle n'est ni raisonnable, ni morale, ni juste. Je me demande souvent quelle peut bien ĂȘtre l'Ăąme d'un journaliste dont la vie se consume Ă  rechercher des informations. Cette myriade d'Ă©vĂ©nements qui se recouvrent d'un jour sur l'autre, cet effort constant et passionnĂ© pour saisir ce qu'il y a de plus fugace dans l'existence, ce prĂ©sent perpĂ©tuel et morcelĂ©, cette course incessante aprĂšs l'Ă©vĂ©nement pour le lĂącher dĂšs qu'on l'a attrapĂ©, cela doit faire des ĂȘtres tout Ă  fait futiles ou tout Ă  fait dĂ©sespĂ©rĂ©s. Quel enseignement mĂ©taphysique ! Jean Dutourd, Le Fond et la Forme 1958. 4 Théùtre de papier Je ne suis pas sĂ»r que la corporation des journalistes, prise dans son ensemble, ait trĂšs bonne presse auprĂšs de son propre public. Certes, il y a le mythe» le Grand Journaliste qui dĂ©masque l'imposture, rĂ©vĂšle les magouilles, dĂ©nonce les scandales et fait trembler les pouvoirs, Robin des Bois de la machine Ă  Ă©crire. Le cinĂ©ma amĂ©ricain, en particulier en a proposĂ© de multiples spĂ©cimens Ă  l'admiration des foules extatiques... Mais cette recherche du scoop » a son revers, parfaitement illustrĂ© par la pitoyable aventure des Carnets de Hitler. En rĂ©alitĂ©, je crains que ce ne soit cette derniĂšre image qui s'impose auprĂšs de l'opinion celle de journalistes sans scrupules, prĂȘts Ă  tout pour obtenir leur exclusivitĂ© et la vendre le mieux possible. Non sans raison le procĂšs du sensationnalisme, de la rĂ©vĂ©lation, dite aiguĂ«, du scoop » faisandĂ© n'est plus Ă  faire. Mais il faut aller au-delĂ  de ces gĂ©nĂ©ralitĂ©s, de ces clichĂ©s. Comme nous y invitait, l'autre soir, l'interview », de Thierry Nollin, sur FR3. Point de dĂ©part un journaliste de province est chargĂ© d'enquĂȘter sur la tentative d'enlĂšvement du vice-prĂ©sident du CNPF par un jeune ouvrier. Seul parmi ses collĂšgues, il rĂ©ussit Ă  rencontrer le pĂšre de l'apprenti rapteur. Comment l'amener Ă  confier ce qu'il sait de son fils ? Ou, plus brutalement comment le faire parler c'est l'analogie journaliste-flic, si souvent utilisĂ©e ? Tel est le dilemme les lecteurs ont droit Ă  une information plus complĂšte, plus vivante sur ce fait divers qui, demain, fera la une. Il est le seul en mesure de la fournir. Mais jusqu'oĂč peut-il aller pour l'obtenir ? Que vaut ce droit Ă  l'information face Ă  l'intime tragĂ©die d'un homme ? Et pourtant, c'est ainsi que la presse vit. Et c'est ce que rĂ©clament les lecteurs. Ces petits dĂ©tails, ce vĂ©cu » dont ils sont si friands, il faut bien que quelqu'un les dĂ©busque, les obtienne... La rĂ©alitĂ© du journaliste, c'est qu'il est celui qui passe, et puis s'en va. AprĂšs avoir pris Ă  ceux qui restent le pollen dont il fera son miel. Il n'est pas seulement un voyeur. Il est aussi un voleur. Et il ne peut pas faire autrement il est lĂ  pour ramener l'information. Donc pour la prendre. I1 faut bien alimenter la machine. Il est, aussi, truqueur. Pour les besoins de l'histoire, du plaisir des lecteurs Ă  la lire, et du sien propre Ă  l'Ă©crire. La vĂ©ritĂ© avec tous les guillemets correctifs qui s'imposent passe par ses mots. Ce qu'il a entendu, il le recompose, il le rĂ©interprĂšte. ForcĂ©ment, quelque chose se perd en route. Du rĂ©el. RemplacĂ© par le style, la mise en scĂšne. Coups de pouce indispensables de la fiction Ă  la rĂ©alitĂ©. C'est finalement, quelque chose de tout Ă  fait tordu, la presse. Un moyen d'information. Un intermĂ©diaire pour mieux saisir, apprĂ©hender la complexitĂ© du monde. Mais aussi un univers en soi, un organisme protubĂ©rant, envahissant, qui finit par trouver en lui-mĂȘme sa propre finalitĂ©, par imposer ses lois, ses mĂ©canismes. On peut on doit crier haro sur les margoulins, les escrocs, les marchands de soupe et autres brebis galeuses. Reste qu'ils ne sont que les extrĂȘmes d'un systĂšme qui, dans son ensemble, fonctionne selon les mĂȘmes rĂšgles voler et truquer. Et dont nous ne pouvons plus nous passer. Un auto-vampirisme Ă  l'Ă©chelle d'une civilisation. Le monde dĂ©sormais, n'existe plus que mangĂ©, digĂ©rĂ©, recrachĂ© par la presse. Et si nous n'Ă©tions plus que les protagonistes d'une gigantesque fiction, les ombres d'un théùtre de papier, oubliant, peu Ă  peu, ce rĂ©el que nous croyons Ă©treindre ? Alain RĂ©mond, TĂ©lĂ©rama, 1°' juin 1983. Affiche du film d'Alfred Hitchcock FenĂȘtre sur cour Rear window, 1954. ImmobilisĂ© chez lui Ă  cause d'une jambe cassĂ©e, un reporter, obnubilĂ© par la vie privĂ©e de ses voisins d'en face, finit par dĂ©couvrir un meurtre. 5 6 Charte des devoirs professionnels des journalistes français juillet 1918, rĂ©visĂ©e en 1939 Un journaliste, digne de ce nom - prend la responsabilitĂ© de tous ses Ă©crits, mĂȘme anonymes ; - tient la calomnie, les accusations sans preuves, l'altĂ©ration des documents, la dĂ©formation des faits, le mensonge pour les plus graves fautes professionnelles ; - ne reconnaĂźt que la juridiction de ses pairs, souveraine en matiĂšre d'honneur professionnel ; - n'accepte que des missions compatibles avec la dignitĂ© professionnelle ; - s'interdit d'invoquer un titre ou une qualitĂ© imaginaires, d'user de moyens dĂ©loyaux pour obtenir une information ou surprendre la bonne foi de quiconque ; - ne touche pas d'argent dans un service public ou une entreprise privĂ©e oĂč sa qualitĂ© de journaliste, ses influences, ses relations seraient susceptibles d'ĂȘtre exploitĂ©es ; - ne signe pas de son nom des articles de rĂ©clame commerciale ou financiĂšre ; - ne commet aucun plagiat, cite les confrĂšres dont il reproduit un texte quelconque ; - ne sollicite pas la place d'un confrĂšre, ni ne provoque son renvoi en offrant de travailler Ă  des conditions infĂ©rieures ; - garde le secret professionnel ; - n'use pas de la libertĂ© de la presse dans une intention intĂ©ressĂ©e ; - revendique la libertĂ© de publier honnĂȘtement ses informations ; - tient le scrupule et le souci de la justice pour des rĂšgles premiĂšres ; - ne confond pas son rĂŽle avec celui du policier. Plan proposĂ© - ProblĂ©matique le journaliste entretient avec la vĂ©ritĂ© des rapports difficiles et ambigus. Quelles en sont les raisons ? - Plan choisi l'inventaire de ces raisons nous conduit vers un plan thĂ©matique. I/ Dans le domaine professionnel - Il existe bien des chartes plus ou moins rĂ©centes qui insistent sur le respect nĂ©cessaire de la vĂ©ritĂ© et de la justice. - Mais cette dĂ©ontologie reste flottante voire inexistante seul le respect de la vĂ©ritĂ© semble faire l'unanimitĂ© tous les documents emploient le mot. - Pourtant ce rapport de la profession avec la vĂ©ritĂ© reste complexe car son maniement risque de menacer la vie privĂ©e doc. 4 et 5. - Les intĂ©rĂȘts financiers viennent compliquer encore le problĂšme la rivalitĂ© des journalistes dans la course au scoop menace le code d'honneur de la profession et notamment le respect de l'intĂ©gritĂ© financiĂšre et 4. - Enfin les rĂ©dactions jouent parfois un rĂŽle nĂ©gatif en ordonnant au journaliste de commenter l'information voire de la mettre en scĂšne II/ Dans le domaine politique - Le rapport avec le pouvoir menace aussi les rĂšgles morales la presse peut ĂȘtre tentĂ©e d'ĂȘtre rĂ©vĂ©rencieuse Ă  l'Ă©gard des gouvernements et parfois elle sert leur politique - La rĂ©tention de l'information croit servir les gouvernants en dissimulant certains faits, mais elle est condamnable - Le journalisme d'investigation empiĂšte sur les prĂ©rogatives de la justice les chartes rappellent que le rĂŽle du journaliste ne saurait ĂȘtre celui du policier Pourtant ce type de journalisme semble s'imposer et 5, surtout pour des raisons mercantiles - Le journaliste s'est mis Ă  mener de vĂ©ritables enquĂȘtes 2 et 5, passant des grands reportages aux rubriques "people" doc. 5 vidĂ©o, et ces procĂ©dures semblent outrepasser ses droits et ses pouvoirs 4 et 5. III/ Dans le domaine socioculturel - Les exigences du lecteur achĂšvent de compromettre la dĂ©ontologie journalistique le lecteur a besoin de comprendre et le journaliste se voit sommĂ© de commenter les faits et 4 ou d'Ă©carter ceux qui, trop lointains, ne contiennent qu'une vĂ©ritĂ© abstraite - L'image du journaliste s'est amĂ©liorĂ©e dans l'esprit du public, mais au prix d'un statut ambigu - On demande au journaliste une vĂ©ritĂ© ample et dĂ©multipliĂ©e qui lui est peu accessible ou qui ne peut que rester abstraite pour l'opinion publique - Le lecteur est aussi avide de sensations il pousse le journaliste Ă  ĂȘtre un voyeur et 5 et un truqueur l'empĂȘchant de trier selon sa conscience entre ce qui lui paraĂźt vrai ou mensonger RĂ©daction du dĂ©veloppement Jean Lacouture a beau dĂ©plorer qu'aucune instance juridique ne rĂ©glemente le rĂŽle du journaliste, il existe bel et bien des chartes qui rappellent la profession Ă  ses devoirs. Mais, dans ce domaine, l'Ă©tendue des responsabilitĂ©s et les impĂ©ratifs financiers jouent un rĂŽle nĂ©gatif. Ces chartes insistent tout d'abord sur le respect nĂ©cessaire de la vĂ©ritĂ©. Un journaliste, stipulent-elles, ne doit pas user de moyens dĂ©loyaux mensonge, dĂ©formation de faits ou de documents, accusations sans preuves. Mais si tous les documents s'accordent pour faire de la vĂ©ritĂ© un impĂ©ratif essentiel, certains notent l'imprĂ©cision de ses contours. Guillebaud affirme que le rapport du journaliste avec la vĂ©ritĂ© n'est pas chose simple, notamment en raison du temps qui lui est imparti pour rendre compte des faits. Ceux-ci, d'ailleurs, affirme J. Dutourd, pour peu qu'ils soient variĂ©s et Ă©loignĂ©s du public, ne contiennent qu'une vĂ©ritĂ© abstraite et impalpable. J. Lacouture rappelle, pour sa part, que l'on demande au journaliste une vĂ©ritĂ© qui pourrait bien ne jamais ĂȘtre Ă  sa portĂ©e celle d'un tĂ©moin omniscient capable de rendre compte objectivement d'un rĂ©el multiforme. Si la conquĂȘte de la vĂ©ritĂ© est difficile, voire impossible, son maniement risque, d'autre part, Ă  tout moment de violer les vies privĂ©es. C'est le respect de cette part d'intimitĂ© qui doit, selon A. RĂ©mond, limiter le droit Ă  l'information. J. Lacouture confirme cette loi claire mais implicite le journaliste doit se refuser Ă  publier des nouvelles indignes qui portent atteinte aux personnes privĂ©es. Le reporter d'Hitchcock illustre, par l'attention mĂ©ticuleuse dont son regard tĂ©moigne derriĂšre ses jumelles, ce danger d'une intrusion du chercheur d'informations dans la vie des gens. Les intĂ©rĂȘts financiers viennent compliquer encore le problĂšme. Le journal est une entreprise, et si les chartes rappellent son devoir d'intĂ©gritĂ© financiĂšre, il ne se refuse pas toujours Ă  des pratiques commerciales. J. Dutourd dĂ©nonce la compĂ©tition pour le "scoop" et A. RĂ©mond lui fait Ă©cho en s' en prenant aux "marchands de soupe" prĂȘts Ă  tout pour vendre leur marchandise. Cette recherche de l'Ă©vĂ©nement sensationnel installe en outre entre confrĂšres une rivalitĂ© prĂ©judiciable au code d'honneur de la profession que rappellent les chartes le journaliste doit observer Ă  l'Ă©gard de ses pairs courtoisie et fair-play. Enfin l'univers professionnel du journaliste est celui de sa rĂ©daction. Les chartes lui recommandent d'obĂ©ir Ă  cette juridiction. Mais ces comitĂ©s rĂ©dactionnels jouent parfois un rĂŽle nĂ©gatif sur le plan de l'Ă©thique en ordonnant au journaliste de commenter l'information. C'est ce que dĂ©plore Guillebaud qui note la pression idĂ©ologique subie par le journaliste le voici sommĂ© de donner une interprĂ©tation intelligible d'une histoire qui n'est pas jouĂ©e, ou mĂȘme de la truquer, pour reprendre l'expression d'A. RĂ©mond. Si la dĂ©ontologie du journalisme trouve ses limites dans le domaine professionnel, que dire de celles qu'il rencontre sur le terrain politique? Un journal se dĂ©finit souvent, en effet, par ses rapports avec le pouvoir. J. Dutourd voit mĂȘme dans le service qu'elle rend aux gouvernements le but de l'information. Cette infĂ©odation du journaliste aux pouvoirs en place et son empiĂštement sur les prĂ©rogatives de la justice constituent de nouvelles entraves Ă  la dĂ©ontologie. Jean Dutourd conclut, en effet, son article sur le rĂŽle purement servile du journalisme. Il dĂ©plore l'intention plus ou moins avouĂ©e de modeler l'opinion publique. J. Lacouture avoue avoir, lui aussi, contribuĂ© Ă  ce but en pratiquant ce qu'il appelle une rĂ©tention de l'information au nom de l'intĂ©rĂȘt supĂ©rieur de l'État. Mais lui la condamne fermement en y voyant l'atteinte la plus grave Ă  la conscience du journaliste. Guilllebaud date de ces derniĂšre annĂ©es une conception Ă©galement plus libre du journalisme, ayant renoncĂ© Ă  servir le pouvoir pour manifester au contraire son irrespect. Les deux documents se rĂ©fĂšrent d'ailleurs au rĂŽle du Washington Post dans l'affaire du Watergate. Mais c'est dans ses rapports avec la justice que le journaliste risque le plus de faire des accrocs Ă  l'Ă©thique. Les chartes rappellent que son rĂŽle ne saurait ĂȘtre celui celui du policier et qu'il doit tenir le scrupule et le souci de la justice comme rĂšgles premiĂšres. Pourtant le journalisme d'investigation semble s'imposer, comme le remarque Guillebaud, qui y voit une surestimation du rĂŽle du journaliste. A. RĂ©mond et J. Lacouture sont plus sĂ©vĂšres encore le premier y dĂ©cĂšle une intention purement mercantile; l'autre le condamne fermement au nom d'une morale qu'il consent nĂ©anmoins Ă  prĂ©senter comme candide et vieillotte. En effet l'article de Guillebaud considĂšre comme un signe des temps cette conception du journaliste la dĂ©route idĂ©ologique et la toute puissance de l'audio-visuel ont fait de lui une sorte de hĂ©ros, "Robin des bois de la machine Ă  Ă©crire", comme le dĂ©finit plaisamment A. RĂ©mond, popularisĂ© par le cinĂ©ma amĂ©ricain. A ce propos, l'affiche du film FenĂȘtre sur cour prĂ©sente en effet le journaliste comme un policier Ă  l'affĂ»t ciblant dans ses jumelles une danseuse en petite tenue. A n'en pas douter, le mĂȘme procĂšs est intentĂ© par le rĂ©alisateur Ă  ce reporter voyeur, quoi que son enquĂȘte privĂ©e lui permette de dĂ©couvrir. C'est enfin sur un plan socioculturel que la dĂ©ontologie journalistique subit des atteintes le lecteur a sa part de responsabilitĂ© dans le fait que le journaliste outrepasse ses droits et ses pouvoirs. Les chartes rappellent qu'il existe un secret professionnel, mais nos documents montrent qu'il est d'autant plus difficile aux journalistes de le respecter que le lecteur a besoin de comprendre. Le journaliste devient ainsi celui qui interprĂšte, qui ordonne et met en scĂšne un vĂ©ritable "théùtre de papier", selon le mot d'A. RĂ©mond, oĂč la vĂ©ritĂ©, fatalement, se perd. Pour satisfaire les goĂ»ts du public, le journaliste est aussi en quĂȘte de "scoop" et de sensations fortes, comme le regrettent J. Lacouture et A. RĂ©mond. Ce dernier fait du journaliste un voyeur on pense Ă  l'importance du regard dans le film d'Hitchcock dont la finalitĂ© n'est que d'imposer sa loi. J. Dutourd ne croit pas non plus Ă  la volontĂ© de satisfaire le droit que le public a de savoir. Il ne s'agit que d'alimenter une machine qui a sa propre logique de profit. Ce que veut le lecteur, selon A. RĂ©mond, c'est le plaisir de lire. Celui-ci passe par celui de voir clair dans la forĂȘt des Ă©vĂ©nements et de pouvoir goĂ»ter leur sel. C'est pour rĂ©pondre Ă  ce besoin que le journaliste est devenu ce fureteur qu'Ă©voquent J. Dutourd et A. RĂ©mond, occupĂ© Ă  courir aprĂšs l'information ou le dĂ©tail vĂ©cu dont le lecteur est si friand. C'est dans ce dĂ©dale de futilitĂ©s qu'il faut bien rendre signifiantes que la conscience du journaliste pourrait exercer son rĂŽle. Elle est, pour J. Lacouture, le seul filtre capable de trier ce que le journaliste a vu et compris de ce qu'il dispense Ă  ses lecteurs. En dehors de cela, les exigences que le public fait peser sur lui sont trop lourdes il lui faudrait une vĂ©ritĂ© totale et donc hors de portĂ©e d'une simple subjectivitĂ©, ou bien, comme le note J. Dutourd, un modĂšle d'opinion sur lequel se conformer. Le journaliste est ainsi contraint de trier, mais cette opĂ©ration est assimilĂ©e par A. RĂ©mond Ă  un truquage, une mise en scĂšne indispensable oubliant, sans doute, la morale, mais dispensant le plaisir. On comprend que Guillebaud conclue, lui, en constatant que le journalisme est toujours en quĂȘte d'un statut plus clair. Son article Ă©tablit sans doute que le journaliste a reconquis l'estime du public, qui boudait jusqu'Ă  ces derniĂšres annĂ©es son image corrompue. Mais c'est au profit d'une reprĂ©sentation idĂ©ale qui ne rĂšgle en rien le rapport du journaliste avec la vĂ©ritĂ©. J. Dutourd et A. RĂ©mond prolongent enfin ce rĂŽle social du journaliste en l'intĂ©grant l'un et l'autre au contexte plus gĂ©nĂ©ral dans lequel il s'inscrit. Si une morale doit ĂȘtre tirĂ©e, c'est plutĂŽt, selon J. Dutourd, du cĂŽtĂ© de la mĂ©taphysique qu'il faudrait aller le capharnaĂŒm des Ă©vĂ©nements donne, Ă  ses yeux, une image assez juste de l'homme perdu dans un monde absurde. A. RĂ©mond, pour sa part, y voit un autre symbole avalĂ© et recomposĂ© par la presse, notre monde est un "théùtre de papier" dont nous sommes les acteurs ignorants.
pgdBttC.
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